Aux guichets des banques de détail, un incessant travail d'explication

Rien ne laisse présager des retraits massifs aux guichets des banques de détail, mais les employés sont en première ligne pour répondre aux questions des clients et les rassurer.
Comme dans toute situation nouvelle il y a des comportements aberrants, de rares clients prêts à tirer parti de la situation, et beaucoup d'inquiets, d'autant que de très nombreux établissements verrouillent leur communication. Quelques situations inhabituelles aussi comme dans cette banque alsacienne où un retrait important a déclenché la mobilisation des forces de sécurité pour le transfert des fonds dans les coffres d'un autre établissement. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, un client vide ses comptes et livrets... et descend un étage plus bas pour tout mettre au coffre. Ce qui n'empêche pas le même établissement de faire état d'investisseurs audacieux pour lesquels c'est le moment d'acheter en Bourse et qui insistent pour le faire. Le type même de client « actif » que redoute ce conseiller clientèle d'une agence LCL de l'ouest parisien car ils ont tendance à rendre la banque responsable de leurs pertes. Mais les gens qu'il plaint le plus sont ceux - il y en a - qui « se précipitent pour retirer leur argent et l'investir dans la pierre. C'est le pire moment, ils vendent mal leurs valeurs pour acheter un bien dont le prix est en train de baisser. Ils seront deux fois perdants ».

En fait, ce sont avant tout les inquiets qui font le siège des banques. « On nous pose surtout des questions sur la garantie des dépôts. On répond que les Livrets A sont garantis à 100 % et les avoirs jusqu'à 70.000 euros. Cela couvre la très grande majorité de nos clients », explique-t-on à la Caisse d'Epargne d'Orléans.

Besoin d'explications
Dans la même ville, un chef d'agence Banque Populaire confirme : « Les clients nous posent des questions, bien sûr. Ils font l'amalgame entre les banques de détail aux particuliers et aux entreprises et la haute finance (...). Alors nous leur expliquons le quotidien de notre banque (...) et nous continuons à faire des crédits en fonction des capacités de remboursement. » Même analyse à Toulouse, où le responsable d'une agence de la Société Générale trouve « les clients très raisonnables. Ils s'informent sur la façon dont leur argent est placé mais ne font pas de gros retrait ». « Certains clients dispersent leurs avoirs et multiplient leur nombre de comptes pour rester dans la limite de 70.000 euros », ajoute une chargée de clientèle de Colmar. A la Banque Populaire du Nord, la direction s'est employée depuis quinze jours à rassurer les clients comme les salariés, inquiets de ne pas avoir d'éléments pour répondre, en mettant un argumentaire en place. Ce travail d'explication peut aussi être facilité par la densité du réseau, comme en Bretagne où le marché est contrôlé à plus de 80 % par les banques mutualistes dont les nombreuses agences permettent d'entretenir un contact étroit avec la clientèle et de la rassurer.

« Comme avant »
Le fait que les établissements bancaires bretons affirment qu'ils continuent de travailler « comme avant » témoigne d'une confiance certaine, même s'ils admettent une vigilance accrue dans les conditions d'octroi des prêts à l'habitat dont le volume diminue tout comme ceux destinés à l'automobile. A la Caisse d'Epargne de Bourgogne - Franche-Comté, le crédit à la consommation n'est pas affecté par la crise, en revanche les prêts immobiliers consentis chutent de 30 % et le robinet est presque fermé pour les prêts relais. Surtout, les dépôts sur le Livret A croissent de plus de 10 %. Tendance que confirme la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes, dont les clients continuent à placer leur épargne dans l'assurance-vie, des comptes à terme et même des OPCVM.