Fillon assume sa sortie contre les taxes vertes

Heureux comme un premier ministre qui visite la Villa Médicis. François Fillon n'avait pas vraiment l'air tracassé, hier, en arpentant les jardins de l'un des plus beaux joyaux de la culture française à l'étranger. Détendu, il a pris tout son temps pour écouter les explications de Frédéric Mitterrand, nouveau directeur de la Villa. La polémique sur les taxes vertes, qui agite Paris, l'a laissé de marbre. «Je vous l'ai déjà dit, il n'y aura pas de nouvelles taxes ni d'extension du bonus-malus» , a-t-il répété à deux reprises. Manière de dire que l'affaire est entendue. «La taxe pique-nique est morte. Pour Matignon, l'affaire est terminée» , martèlent ses proches.

«Ministres dépensivores»



La veille, dans l'avion qui l'emmenait en Italie, François Fillon avait lancé lui-même le sujet. «Cela vous intéresse que je vous parle des taxes vertes ?» avait-il demandé aux journalistes qui l'accompagnaient. La suite s'est résumée à une critique de la méthode Borloo. «Il y a eu un peu de précipitation dans la communication» , a-t-il asséné la mine gourmande. Avant d'enfoncer le clou : «S'il y a à l'avenir d'autres bonus-malus, ils devront être structurellement équilibrés.»

François Fillon a, en fait, vite tiré les conclusions d'une semaine dévastatrice pour la majorité après les annonces de nouvelles taxes. «Il a entendu les parlementaires qui lui ont fait remonter le sentiment sur le terrain», résume un conseiller. Le premier ministre a aussi été sensible aux propos de responsables de la majorité qui s'inquiétaient de voir cette «cascade de nouvelles taxes».«Il y a des ministres dépensivores à l'ivresse», a lâché par exemple Pierre Méhaignerie.

Les oreilles de Jean-Louis Borloo et de Nathalie Kosciusko-Morizet ont donc sifflé à Matignon. Mais il ne déplaît pas à François Fillon d'avoir, sur ce dossier, fait attendre la voix des électeurs de l'UMP plutôt opposés à cette fiscalité écologique.

Inspiré par sa visite de la Villa Médicis, François Fillon s'est souvenu que dans son propre bureau sont accrochés des tableaux de Fragonard. «J'ai lu que dans un livre qui vient de sortir, on parlait de l'enfer à Matignon. Franchement, un enfer au milieu des Fragonard, il y a pire !»