Chéquiers volés : le facteur était complice

LES AFFAIRES de chèques volés sont monnaie courante dans les tribunaux. Mais qu’un vaste réseau soit démantelé, voilà qui est plus rare. Lundi, au tribunal correctionnel de Melun, dix-sept personnes comparaissaient pour avoir participé à un important réseau d’escroquerie aux chèques volés sévissant sur la Seine-et-Marne et l’Essonne.

Le montant du préjudice s’élève à près de 268 000 €.

Le substitut du procureur, Jacques Bresson, a requis à leur encontre des peines allant de six mois de prison avec sursis et 1 500 € d’amende, à deux ans de prison dont six mois avec sursis et 15 000 € d’amende. L’affaire a été mise en délibéré au 6 octobre.

Le réseau était bien organisé. A sa tête, un homme de 36 ans, habitant Grigny (Essonne), et surnommé Panthère ou Panthéro. Ce dernier a prétendu être un intermédiaire, mais son hypothétique chef n’a jamais pu être identifié. En 2004, il a « recruté un facteur » travaillant dans un bureau de poste de l’Essonne. Ce dernier était chargé de dérober des chéquiers. Le facteur, poursuivi dans un dossier similaire à Evry, a reconnu avoir volé cinq chéquiers, quand le procureur lui en impute vingt-six. Panthère était également en relation avec un faussaire, non identifié, qui lui fournissait de fausses cartes d’identité et de faux permis, allant de pair avec les chéquiers.

Pas question pour Panthère de venir faire lui-même ses achats frauduleux dans les magasins. Pour cela, il faisait appel à des acheteurs de préférence blancs et présentant bien. Certains ont même affirmé que Panthère leur avait fourni un costume. Ce sont eux qui, munis des chéquiers volés et de faux papiers, allaient acheter, sur commande, des appareils photo, caméscopes, téléviseurs, meubles… dans de grandes enseignes de l’Essonne et de la Seine-et-Marne.

Le tout repartait dans une voiture confiée à un « chauffeur ». Chacun se servait au passage, soit en percevant une commission, soit en gardant quelques « bricoles ». Une partie de la marchandise était ensuite revendue. Chez un des receleurs, les enquêteurs ont découvert 86 000 € en coupures de 200 et 500 €, le tout avec des traces de cocaïne.

Ce sont des faux papiers, grossiers, qui ont fini par être confondus par le personnel du Planète Saturn de Villiers-en-Bière. Mais ce petit trafic a tout de même perduré de janvier 2004 à septembre 2005.