ils ne gagnent jamais assez

Les milliers d’automobilistes qui prendront aujourd’hui la route des retours de vacances trouveront parfois un peu salée la note au péage d’autoroute, par exemple sur le tronçon Lyon-Chambéry de l’autoroute A 43, l’un des plus chers de France (11,1 centimes d’euros au kilomètre). Pourtant, les discussions en cours entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes pour fixer les tarifs pour la période 2009-2013 sont tendues.

Trois des dix-sept sociétés concessionnaires de réseaux à péages, dont le contrat expire fin 2008, font le forcing pour obtenir de nouvelles hausses. Leurs arguments.

Le coût des appels d’urgence. On en trouve tous les 2 km : les 8 426 bornes d’urgence que compte le réseau français génèrent 350 000 appels/an, dont une faible proportion correspond à des accidents. Au bout du fil, la gendarmerie, qui a demandé à être délestée de cette mission. Ce sera fait à la fin 2008. Cofiroute, par exemple, a déjà sa propre plate-forme téléphonique pour prendre les appels des automobilistes en panne ou en détresse. Le coût de ce transfert serait de 1 à 5 millions d’euros pour les sociétés d’autoroutes, que certaines entendent répercuter sur les prix des péages. Le ministère des Transports évoque, lui, « des coûts qui correspondent à l’évolution classique des missions des sociétés concessionnaires et qui ne remettent nullement en cause leur équilibre financier ».

Des investissements massifs. Autre argument des sociétés pour augmenter les prix : l’amélioration et l’entretien du réseau. « Entre 2009 et 2013, nous allons investir quelques centaines de millions d’euros pour compléter et améliorer le réseau avec des élargissements, de nouveaux échangeurs et des travaux de mise aux normes environnementales. Les tarifs de péages devront en tenir compte », se défend Jean-Michel Gambard, directeur de la stratégie de APRR, filiale d’Eiffage. « Le temps n’est plus où les sociétés d’autoroutes devaient réaliser des investissements importants justifiant des hausses de tarifs », explique-t-on au cabinet du secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau. Certes, des tronçons vont être élargis, mais « c’est plus de trafic et donc plus de recettes ». L’Etat plaide pour des « hausses limitées ».

Un « gel des péages ? » Dans ce contexte, le député UMP de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignant, parle de « dérive » et crie au « scandale ». S’appuyant sur le réquisitoire de la Cour des comptes publié en février, il réclame le gel des péages et une enquête parlementaire. « Les sociétés contournent l’autorisation de hausse moyenne des tarifs de péage en les augmentant sur les tronçons les plus fréquentés et en ne le faisant pas sur les tronçons quasi déserts, s’emporte le député. Voilà pourquoi leur chiffre d’affaires a continué à progresser au 1 e r semestre 2008 alors que le trafic a stagné. » Le député va même plus loin et parle de « collusion entre les sociétés et Bercy » qui « défendent leurs actionnaires ».