Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
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Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Alexandre Cèdre, à Moscou
26/08/2008 | Mise à jour : 22:04 | Commentaires 96 .
26/08/2008 | Mise à jour : 22:04 | Commentaires 96 .
Le président russe a signé le décret reconnaissant l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, faisant fi des promesses sur le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie.
Il a finalement osé et signé. Dmitri Medvedev, le président russe, a paraphé mardi «les décrets sur la reconnaissance par la Fédération de Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'indépendance de l'Abkhazie». Grave et solennel lors de son allocution télévisée, le chef du Kremlin avait le visage et la voix fermes d'un chef d'État sûr de lui mais conscient de franchir le Rubicon : en acceptant ces deux nouveaux États, il a fait fi des garanties internationales sur l'intégrité territoriale de la Géorgie dont ces deux régions séparatistes prorusses font partie.
Cette décision met Dmitri Medvedev frontalement en opposition avec l'Ouest. «Nous n'avons peur de rien, y compris d'une guerre froide. Bien sûr nous ne la voulons pas», a-t-il confié à Russia Today, la chaîne d'information russe. «Si les Occidentaux veulent conserver de bonnes relations avec la Russie, ils comprendront les raisons de notre décision.»
En revenant sur l'histoire du conflit, Dmitri Medevdev a expliqué la logique derrière son choix. «La Russie a en permanence fait preuve de calme et de patience. À plusieurs reprises nous avons appelé au retour à la table de négociation», a-t-il assuré tout en expliquant que la Russie aurait déjà par le passé pu reconnaître l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.
«Notre pays a agi en médiateur et en force de maintien de la paix (…) Les dirigeants géorgiens ont choisi une autre voie. (…) Ils ont méthodiquement préparé la guerre», a affirmé le chef du Kremlin. Il a de nouveau accusé le président géorgien Mikhaïl Saakachvili d'avoir violé la charte des Nations Unies et, en tentant le 8 août de prendre militairement le contrôle de l'Ossétie du Sud, «choisi le génocide pour atteindre des objectifs politiques».
Bref, aux yeux de Moscou, cette reconnaissance était devenue «inévitable», comme l'a expliqué Sergeï Lavrov, le ministre des Affaire étrangères désormais en charge d'initier les relations diplomatiques avec l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. «Nous n'avons pas peur de nous retrouver isolés», a-t-il lancé. Et il a rejeté tous les paradoxes de cette décision. Notamment au sujet de la Tchétchénie (contre laquelle la Russie a mené une guerre lorsqu'elle était devenue indépendante) et du Kosovo (dont Moscou a refusé de reconnaître l'indépendance).
«Menace d'un cataclysme mondial»
Tout en assurant que le Kremlin n'a aucun projet d'an-nexer les deux nouveaux États, Sergeï Lavrov a prévenu que des forces militaires supplémentaires y seront envoyées dans le cadre de l'opération de maintien de la paix. Possible premier pas vers des bases militaires, comme l'ont d'ailleurs déjà demandé certains dans les capitales des deux provinces. Le ministre a enfin répété son attachement à l'accord de paix négocié à Moscou par le président français Nicolas Sarkozy. Mais, alors que ce texte prévoit des négociations internationales sur le futur statut de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie, Moscou a pris les devants en reconnaissant leur indépendance.
L'annonce choc de Dmitri Medvedev confirme ainsi la victoire de la ligne dure au Kremlin. Est d'ailleurs omniprésent dans les médias l'ambassadeur de la Russie à l'Otan, le nationaliste Dmitri Rogozine, qui a comparé la situation actuelle aux tensions précédant la Première Guerre mondiale.
Certains s'interrogent cependant sur les méfaits à long terme. Mikhaïl Gorbatchev, l'ex-leader soviétique, a mis en garde contre une «nouvelle scission» et «la menace d'un cataclysme mondial». Vladimir Loukine, l'om-budsman des droits de l'homme, s'est inquiété de voir «brûlés les ponts pour de futures négociations». Tous deux ont soutenu la massive intervention militaire en Ossétie du Sud. Mais, voix à peine entendues, ils redoutent aujourd'hui les conséquences de ce bras de fer diplomatique.
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
26/08/2008 | Mise à jour : 22:14 |
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Le président des Etats-Unis s'est insurgé, tout comme la communauté internationale, contre la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
La reconnaissance mardi par la Russie de l'indépendance des républiques séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud s'est heurtée à un front des pays occidentaux qui, à l'instar de Tbilissi, ont condamné une violation «inacceptable» du droit international.
Le président George W. Bush a dénoncé mardi la décision russe, avertissant Moscou qu'il devait «reconsidérer cette décision irresponsable». «Les Etats-Unis condamnent la décision du président russe de reconnaître les régions géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie comme des Etats indépendants», a déclaré M. Bush dans un communiqué diffusé depuis son ranch de Crawford au Texas.
L'UE a «condamné fermement cette décision contraire aux principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale de la Géorgie». La présidence française de l'UE, qui consulte ses partenaires afin de parvenir à une position commune au sommet extraordinaire de lundi, «appelle de ses voeux une solution politique des conflits en Géorgie». L'Union européenne va prendre «prendre des mesures» a déclaré mardi le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, lors d'une audition sur l'Afghanistan à l'Assemblée nationale. «On a peur d'une guerre et on n'en veut pas» a -t-il déclaré le même jour sur France 2. Le chef de la diplomatie française a accusé les troupes russes de préparer «cette nuit» (dans la nuit de mardi à mecredi) un «nettoyage ethnique» d'Akhalgori, une ville d'Ossétie du Sud où vivent des Géorgiens, estimant que «cela n'est pas acceptable».
« L'intention évidente de la Russie de reconnaître deux zones, deux régions qui ont été en conflit, qui sont manifestement dans les limites des frontières internationales de la Géorgie reconnues par plusieurs résolutions des Nations unies, me semble regrettable », a également déclaré la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice.
Plus ferme, la chancelière allemande Angela Merkel a qualifié la décision russe d'»inacceptable» car elle «contredit le principe d'intégrité territoriale, un principe de base du droit international des peuples». A l'unisson, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a jugé la décision russe «injustifiable et inacceptable», jugeant qu'elle allait «aggraver une situation déjà tendue dans la région».
De la même manière, évoquant une «balkanisation sur une base ethnique du Caucause», le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a jugé que la décision «unilatérale» de Moscou ne s'appuyait «pas sur un cadre juridique international» et constituait «un sérieux danger pour nous tous».
»Cette décision signifie une violation claire et délibérée contre le droit international et les principes fondamentaux pour la stabilité en Europe», a renchéri son homologue suédois Carl Bildt.
Même condamnation de la part de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe qui a estimé qu'il s'agissait d'une «violation des principes de l'OSCE». Enfin, le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a «rejeté» la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, en jugeant qu'elle «viole» l'intégrité territoriale de la Géorgie.
Enfin, l'ex-numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev a tiré la sonnette d'alarme. «La situation provoquée par les événements dans le Caucase a déclenché des mécanismes politiques et militaires en Amérique, en Europe, en Russie (...) Le danger d'une nouvelle scission est apparu et la menace d'un cataclysme mondial s'accroît», prévient M. Gorbatchev dans un texte adressé à l'agence de presse russe Itar-Tass.
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Et pourquoi l'occident aurait il le droit de reconnaitre le Kososvo, et pas la Russie de reconnaitre l'Ossétie ?
shimmy- Président du Conseil Général
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Date d'inscription : 14/01/2008
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Le Kosovo, comme la Bosnie, a été livré très lâchement. Depuis, ce sont des bases du terrorisme islamiste. Il faut arrêtez la propagande anti-russe. La Géorgie est sous sphère d'influence russes depuis au moins le 18 ème... Les ossètes ont parfaitement le droit de ne pas se reconnaître dans la Géorgie. En reconnaissant l'indépendance du Kosovo, on a créé un précédent... On a livré en pâture une partie de la culture européenne.
saco
saco
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
tous les pays occidentaux et même au délà ont reconnu le kosovo , la russie , à ma connaissance n'est qu'un pays qui n'a pas raison contre le monde entier !
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
C'est bien ça. Une bande d'islamiste décide de l'atonomie d'une région et le monde occidentale s'aligne et ensuite dans un cas similaire, on ne s'aligne pas on condamne.
saco
saco
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Dans cette affaire, c'est bien les Georgiens qui ont attaqué les premiers. Les Russe en profitent, c'est logique.
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
mais la riposte était hors de proportion avec l'attaque , et elle se poursuit !
jeudi 28 août 2008
Ossétie du Sud : craintes de nettoyage ethnique
jeudi 28 août 2008
Ossétie du Sud : craintes de nettoyage ethnique
Depuis quelques jours, des Géorgiens d'Ossétie du Sud et de la zone tampon occupée par l'armée russe en Géorgie ont été chassés de chez eux.
Des groupes armés ont chassé les habitants de certains villages géorgiens de la zone tampon occupée par l'armée russe autour de l'Ossétie du Sud, où trois villageois ont été tués, d'après le Haut-Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR). Les miliciens auraient forcé 400 personnes à quitter leur domicile. Le HCR fait état de vols et violences contre ces Géorgiens qui, pour la plupart, avaient déjà déserté leurs maisons au début du conflit.
La ville géorgienne d'Akhalgori, située au sud de l'Ossétie du Sud, était calme, hier, alors que pour Bernard Kouchner, mardi, les troupes russes y prépareraient un « nettoyage ethnique ». Des miliciens sud-ossètes, armés de lance-roquettes et de blindés, y distribuaient de l'aide humanitaire aux rares Géorgiens qui n'ont pas fui, dès le 17 août, avant leur arrivée. À Ikoti, à quatre kilomètres au nord d'Akhalgori, il ne reste que 50 des 500 habitants. Les États-Unis ont demandé à la Russie de permettre une enquête sur d'éventuelles atrocités sur les civils géorgiens dans la région séparatiste.
Les équipes humanitaires européennes n'avaient toujours pas accès à l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, hier, d'après un expert de la Commission européenne. Les seuls qui auraient pu y pénétrer sont le Comité international de la Croix-Rouge et l'ONG américaine Human Rights Watch. Les autorités russes veulent que la distribution de l'aide leur soit confiée.
La flotte russe a reçu l'ordre de surveiller les mouvements des bateaux des pays de l'Otan en mer Noire, a indiqué, mercredi, le chef d'état-major adjoint des forces armées russe, Anatoli Nogovitsyne. Il a toutefois affirmé que la Russie n'a « pas l'intention d'augmenter sa propre présence » militaire dans la région. Une partie de la flotte russe a accosté, hier, sur la côte abkhaze pour « remplir des missions de contrôle des eaux territoriales et empêcher le trafic d'armes ». Un bateau des garde-côtes américains, le Dallas, chargé de matériel humanitaire, est arrivé au même moment dans le port de Batoumi, au sud-ouest de la Géorgie.
L'Ukraine envisage d'augmenter le montant du bail de la base navale de Sébastopol, mise à la disposition de la flotte russe de la mer Noire depuis un accord de 1997 et jusqu'en 2017. Pour Moscou, cela violerait l'accord, qui prévoit un bail annuel de 98 millions de dollars (67 millions d'euros).
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Ce qui m'interpelle, c'est qu'on s'intéresse seulement maintenant à ce qui se passe en Ossétie du Sud, les reproches de nettoyage ethnique n'étant pas nouveaux...
Mais puisqu'on nous dit que ménager Moscou, c'est mieux...
Mais puisqu'on nous dit que ménager Moscou, c'est mieux...
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
ne t'inquiète pas , tu sais bien que les russes sont de grands humanistes !!!
c'est sans doute avec des fleurs qu'ils virent tous ceux qui ne sont pas russes !!!!!
c'est sans doute avec des fleurs qu'ils virent tous ceux qui ne sont pas russes !!!!!
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
C'est quand Poutine a magouillé sa réélection qu'on aurait du menacer de rompre les relations.
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Tu sais, il avait déjà magouillé son élection tout court, y compris en faisant enlever un candidat. C'est quand il est arrivé premier ministre, et qu'il a fait sauter des immeubles par le FSB pour légitimer son agression contre la Tchétchénie , en 1999, qu'il aurait fallu être plus que fermes.
Depuis, il a eu le temps d'asseoir son pouvoir et les prix de l'énergie le rendent quasi intouchable.
Depuis, il a eu le temps d'asseoir son pouvoir et les prix de l'énergie le rendent quasi intouchable.
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
On pourrait se passer de son gaz avec des efforts sur quelques années, mais pas GDF ou autre, je pense que ce sont non pas des intérêts nationaux qui sont en jeu mais des intérêts de certaine entreprises. Ras le bol...
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Eh oui, ce genre d'intérêts privés prend le pas sur tout le reste. Hélas, si pour nous, son gaz n'est pas vital, il l'est pour les pays de l'Est, de l'UE ou non d'ailleurs. Et l'autre serait bien capable de faire chanter l'UE dans son ensemble.
C'est beau de chanter les vertus de la realpolitik, mais à moyen terme ça donne ça...
C'est beau de chanter les vertus de la realpolitik, mais à moyen terme ça donne ça...
Invité- Invité
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Ben, alors, reconnaissons la Tchéchénie ! ! !shimmy a écrit:Et pourquoi l'occident aurait il le droit de reconnaitre le Kososvo, et pas la Russie de reconnaitre l'Ossétie ?
Rien que pour voir la tête des russes !
Sylvain Franois- adhérent
- Nombre de messages : 65
Age : 61
Date d'inscription : 30/07/2008
Re: Crise du Caucase : Moscou brave l'Occident
Surtout pas, ne serait-ce que pour ces malheureux Tchétchènes (pour les paranos, je ne parle pas des boïeviki) ne subissent pas des massacres encore plus sauvages...
Invité- Invité
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