Table ronde jeunes - police : «Tolérance zéro, bavure zéro»

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, semble avoir obtenu un consensus, lundi après-midi lors de la table ronde jeunesse-forces de sécurité, entre les associations invitées et le gouvernement. Pour progresser vers «un respect mutuel», il faut «effectuer un bout de chemin l'un vers l'autre».

Sur la base d'un principe : «Tolérance zéro pour les voyous, bavure zéro» pour police et gendarmerie, a lancé le ministre. «Le dialogue est engagé», a confirmé Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

Cette rencontre avait été décidée après la mort d’un jeune motard à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) le 9 août lors d'une course-poursuite avec la police. L'objectif est de pacifier les rapports entre le monde associatif de ces quartiers, les habitants et la police.

Création d'une équipe de conciliation créée

Ce lundi, les responsables de 17 associations nationales ou de quartiers travaillant dans les milieux jeunes ou de banlieue se sont ainsi entretenus avec Xavier Darcos, ministre de tutelle de la Ville, et sa secrétaire d'Etat Fadela Amara en charge de ce secteur, Martin Hirsch, haut commissaire à la jeunesse, ainsi que des directeurs généraux de la police, de la gendarmerie.

Concrètement, le ministre a annoncé la création «avant la fin septembre, d'une équipe de conciliation composée d'une personnalité indépendante, d'un psychologue, d'un haut fonctionnaire». Elle devra intervenir ponctuellement sur le terrain «en vue de désamorcer des situations de crise, susceptibles de s'aggraver, pour éviter les fausses rumeurs, l'incompréhension, les excès», a précisé le ministre de l'Intérieur.

Dès mercredi, Brice Hortefeux profitera d'une réunion des responsables départementaux de police et de gendarmerie, pour «rappeler les règles de courtoisie, de bien vivre ensemble, la question du tutoiement».

Cinq groupes de réflexion

Par ailleurs, cinq groupes de travail appelés à faire des propositions dans les deux mois ont été mis en place : l'un s'intéressera au thème «territoire, comportements et pratiques professionnelles», un autre à «construire un nouveau respect réciproque». Un troisième groupe réfléchira sur le thème «ordre, autorité, sécurité». Un quatrième se penchera sur l'«égalité des chances et promotion de la diversité des forces de sécurité». Le dernier, enfin, s'attachera au «dialogue en situation de crise».

Ces travaux seront coordonnés par l'inspecteur général de l'administration Didier Chabrol, et sont «ouverts à toutes les associations qui (le) souhaiteront, ainsi qu'aux élus locaux qui sont demandeurs et aux syndicats de police», a souligné le ministre.

Ni putes ni soumises : «La machine est en marche»

Pour Sihem Habchi, présidente de Ni putes ni soumises, «la machine est en marche», alors que Djamel Guenaoui, président de l'association Changeons de regard, a «l'impression qu'il y a eu un petit coup de baguette magique qui a éclairé les idées et fait qu'on s'intéresse aux gens qui travaillent sur le terrain».

«Une autorité est respectée si elle est vue comme légitime, et la légitimité se fait à travers des comportements irréprochables, parfaitement républicains», a estimé Dominique Sopo de SOS Racisme.

Le collectif Banlieues respect réservé

Plus réservé sur l'issue de cette rencontre, à laquelle il «regrette» de ne pas avoir été invité, Hassan Ben M'Barek, porte-parole du collectif Banlieues respect, a toutefois annoncé qu'il ne «fermerait pas la porte à une tentative de dialogue des pouvoirs publics avec les jeunes». «On s'attendait à voir des propositions, il n'y en a pas», a-t-il déploré, mais «nous allons réfléchir à la question de savoir si nous participerons à ces commissions». Dès à présent, il souhaite qu'au sein de l'équipe de conciliation, la personnalité indépendante soit «un historique des quartiers avec une vingtaine d'années d'expérience au moins».

Leparisien.fr

« Les flammes montaient à vingt mètres, témoigne une voisine. J’ai cru qu’une maison brûlait. » Grosse frayeur, hier matin, pour les habitants du quartier Marie-Laurencin à Villepinte. Vers 6 heures, rue Robert-Schumann, l’incendie d’une voiture s’est propagé à un compteur de gaz et d’électricité.

Les pompiers sont intervenus très vite. Et pour cause, ils étaient déjà en route pour deux autres véhicules en flammes dans ce quartier pavillonnaire jusqu’à présent réputé tranquille.
Des témoins de la scène racontent une torche de gaz plus haute que les maisons accompagnée d’un crépitement d’étincelles. Hier en fin de matinée, alors que la carcasse de la voiture avait été enlevée, une boîte aux lettres fondue de l’autre côté de la rue témoignait de la chaleur intense.

La famille bloquée au fond du jardin

Rapidement, tout le quartier a été privé de gaz et d’électricité. Les pompiers ont mis en place un périmètre de sécurité et évacué les six pavillons les plus proches. Mais impossible de faire sortir les habitants de la maison devant laquelle brûle la voiture et le gaz. Bloqués, les parents et leurs enfants, de 3 à 12 ans, doivent se réfugier au fond du jardin pendant plus d’une heure. Un pompier leur parle pour les rassurer. « On a eu très peur, soupire la mère. Nous ne sommes pas branchés sur le gaz, mais il y a une conduite qui passe sous la maison. » « Quant à la voiture, elle avait un an à peine », souligne le père, exaspéré. Hier matin, les riverains, toujours privés d’électricité, venaient se rendre compte par eux-mêmes des dégâts et dénonçaient une montée de l’insécurité. « Depuis deux mois, 21 voitures ont brûlé entre les quartiers Mousseaux et Marie-Laurencin », avance Fabrice Scagni, de l’association de quartier Mousseaux initiative. Une habitante fixe la carcasse calcinée de sa voiture sans savoir comment elle ira travailler ce lundi. « Il y a de plus en plus de trafics, de courses sauvages de motos et de dégradations dans le quartier, constate une riveraine. Ils doivent se sentir tranquilles, personne ne vient les ennuyer. » Saisie du problème, la maire (DVG) Nelly Roland avait obtenu il y a un mois des brigades de nuit supplémentaires de la police nationale. « Mais depuis le 15 août la surveillance s’est relâchée », regrette l’élue. La maire doit rencontrer aujourd’hui les habitants du quartier et souhaite organiser une table ronde avec la sous-préfecture et le commissariat. Elle annonce que le citystade, attendu depuis longtemps par les jeunes du quartier, sera livré en septembre. A deux pas des véhicules incendiés, hier matin, traîne au sol la douille d’un pistolet d’alarme. « C’est rien ça, observe faussement naïf un jeune sur un scooter. C’est juste une balle à blanc. » « Oui, mais c’est à côté de mon jardin », s’ inquiète une riveraine.