Bertrand veut faire tourner l'UMP à plein régime

Au pied de la Marseillaise, le monument honorant les morts pour la France, un attroupement se forme autour d'une camionnette bariolée. Une soixantaine de badauds, Sablais ou vacanciers, jouent aux devinettes. «Vous ne le reconnaissez pas ? C'est Xavier Darcos», se souffle-t-on à l'oreille. «C'est Jean-Louis Bertrand», assure un autre. Au micro, en costume sombre sous le soleil écrasant, l'ancien ministre du Travail, aujourd'hui secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand. L'homme profite d'une étape de la caravane d'été du parti pour se prêter à un exercice qu'il affectionne. «Je pourrais vous faire un long discours et m'enfuir, explique-t-il. Mais je préfère vous écouter et répondre à vos questions.»

Large consultation

Parfois, le jeu de questions- réponses tourne en vase clos, entre le patron du parti et ses militants. D'autres fois, la mayonnaise prend, comme aux Sables-d'Olonne jeudi matin, quand le débat s'étend aux chalands. Les questions deviennent alors épineuses. Immigration, grand emprunt, incendies, désertification médicale… «Vous avez l'air de détenir la vérité», complimente une Sablaise. Bertrand rosit et dénie dans un même élan. La tâche est plus ardue avec ce Vendéen qui s'inquiète de la taxe carbone. Bertrand plaide : «Les décisions ne sont pas encore prises», «Ce n'est pas pour prendre de l'argent dans la poche des Français», «La taxe peut changer les comportements»… «Je ne vais pas réussir à vous convaincre aujourd'hui, mais je sais ce qu'il reste à faire», conclut-il de guerre lasse avant que l'homme s'éloigne en maugréant : «On va la payer quand même !»

Au déjeuner, Bertrand défend sa méthode et son projet. «Il faut entendre le regard des Français sur la politique», explique-t-il à des élus locaux. Six mois déjà qu'il est à la tête du parti et la patte du député de l'Aisne se fait de plus en plus sentir. Cet automne, il inaugurera le nouveau site Internet du parti qui «va révolutionner l'approche politique». «Obama l'a fait pendant sa campagne. On doit le faire hors période électorale», insiste-t-il. Pour les universités d'été, début septembre à Seignosse, il a lancé une large consultation auprès des Jeunes Populaires. Puis tous les militants voteront sur le projet maison de réforme des collectivités locales. «Nos propositions seront soit dans le projet de loi, soit objet d'amendements», assure-t-il. «Si avant 2012 on n'a pas de réformes pensées et portées par le parti, je serai passé à côté de quelque chose», confie-t-il.

Dans cette perspective, une «dizaine» de nouvelles nominations est en préparation. Le député de Seine-Saint-Denis Éric Raoult sera en charge des DOM-TOM, le conseiller de l'Élysée Pierre Charon s'occupera, au grand jour, de Paris. Sylvie Joissains, Jean-Paul Alduy, Isabelle Debré, Roger Karoutchi, Yves Jégo ont également été sollicités. Attentif aux ministres sortants, il a convaincu Christine Boutin et Rachida Dati de venir à Seignosse. «Et Jean-François Copé pourra même intervenir en plénière», glisse-t-il à propos de son principal rival dans la majorité .

En vacances officiellement ce soir, il a programmé séminaire régional, réunion publique et rencontre avec les militants pendant son séjour en Corse. «Je n'ai pas quitté le gouvernement après cinq années pour faire ici les choses à moitié», martèle-t-il.

Certains restent incrédules

Les premières satisfactions toutes personnelles sont mêmes déjà au rendez-vous. Lui qui a banni le sigle UMP pour lui substituer son cher «Mouvement populaire» voit ses efforts payer petit à petit. «Vous l'aurez remarqué, les élus locaux l'emploient de plus en plus», se félicite-t-il. Sur la caravane, le logo UMP a quasiment disparu et sur les tee-shirts il est réduit à la taille d'un timbre-poste.

Dans la foule, cependant, certains restent incrédules devant la camionnette «Mouvement populaire». «Le MoDem populaire, c'est le parti de Bayrou, non ?», s'interroge un passant. Le sourire aux lèvres, une retraitée s'éloigne avec un stylo UMP qui chante La Marseillaise. Puis la fierté laisse place à l'agacement. «Comment ça s'arrête ce bidule-là ?», demande-t-elle. Ce «bidule», Madame, ne semble pas près de s'arrêter.