Autoroutes : polémique sur les bornes d'urgence

D'ici à la fin de l'année, à la place des gendarmes, ce seront les employés des sociétés privées d'autoroutes qui répondront aux appels de détresse des automobilistes.
Pour répondre aux automobilistes en détresse, les sociétés d'autoroutes vont prendre la relève des gendarmes. Un service qu'elles voudraient répercutersur le prix des péages.

Les 8 426 bornes d'appel d'urgence qui émaillent le réseau autoroutier français changent de voix. D'ici à la fin de l'année, ce ne sera plus un gendarme qui répondra aux appels de détresse des automobilistes mais les employés des sociétés privées d'autoroutes. Ce transfert de charges auquel se plient les entreprises, non sans avoir tenté d'y échapper, aura peut-être des répercussions sur le prix des péages.

En effet, en échange de ces nouvelles contraintes, les concessionnaires veulent obtenir de l'État une compensation financière. Une demande qui fait actuellement l'objet de négociations entre le ministère de l'Écologie, chargé des transports, et certains concessionnaires dont les contrats de plan quinquennal arrivent à terme. C'est le cas des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) et de Cofiroute.

«On est en pleine discussion et les négociations sont serrées», affirme Bernard Léger, directeur technique et clientèle d'APRR. D'un côté, l'État demande aux concessionnaires de modérer leurs tarifs pour épargner l'automobiliste qui subit déjà la hausse du prix du carburant. De l'autre, les sociétés mettent en avant l'effort financier induit par leur nouvelle mission. Encore dans les préparatifs du transfert de compétences, APRR a calculé qu'il lui faudra débourser 5 millions d'euros et mobiliser 50 employés pour répondre aux appels des automobilistes.


«Un nouveau métier»

Cofiroute, qui a investi un million d'euros, estime que cette nouvelle tâche lui coûtera chaque année un million d'euros en frais de fonctionnement. «S'il répond à notre demande, l'État peut jouer sur le prix du péage, son levier habituel. La prolongation de la durée de la concession peut aussi être envisagée, explique Arnaud Grison, directeur d'exploitation chez Cofiroute qui espère obtenir gain de cause. On nous demande de faire un nouveau métier, réceptionner les appels des automobilistes et appeler tantôt les dépanneurs, tantôt les gendarmes. Cela nécessite beaucoup de rigueur et prend du temps.»

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'an passé, les bornes sur autoroute ont été utilisées à 320 000 reprises environ. Pour l'essentiel, des pannes ont été signalées. Mais pour 20 000 cas, les automobilistes ont demandé de l'aide à la suite d'un accident. Une charge de travail donc indiscutable mais qui sera, semble-t-il, difficile à monnayer auprès de l'État. «Cette nouvelle activité constitue une évolution normale du métier d'exploitant d'autoroute», indique-t-on ainsi au ministère de l'Écologie, en rappelant que quelques sociétés d'autoroutes de taille plus modestes ont déjà pris en charge le réseau d'appels d'urgence sans aucune compensation financière.

De leur côté, les gendarmes ne cachent pas leur satisfaction de voir le règlement de ce dossier sensible toucher à sa fin. «Plus d'une fois, il a fallu que l'État hausse le ton car les sociétés se sont fait tirer l'oreille», explique l'un d'eux. D'ailleurs, ce transfert se fait aujourd'hui en douceur. Démarré en décembre 2007, il devrait s'achever d'ici à la fin de cette année. Ainsi Cofiroute gère les appels sur borne depuis mai dernier, tandis qu'APRR n'a pas encore commencé.

«La prise en charge des appels téléphoniques par les gendarmes nous éloignait trop de nos missions régaliennes. Il était temps d'y mettre un terme afin de nous recentrer sur nos missions habituelles», se félicite le lieutenant-colonel Yann Tréhin, du bureau de la sécurité routière à la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). «Plutôt que d'avoir des gendarmes derrière un téléphone, il est plus utile qu'ils soient sur le terrain», poursuit-il. Répartis sur 160 pelotons d'autoroute, 320 gendarmes réceptionnaient jusqu'alors les appels d'urgence.

livaste a écrit:ce sont pas les urgences qui seront privatisées , c'est la plate forme téléphonique .

The Shadow a écrit:

livaste a écrit:ce sont pas les urgences qui seront privatisées , c'est la plate forme téléphonique .

Dans un hopital, les standards des urgences sont occupés par des salariés de l'hôpital qui ont reçut une formation, pas par des employés de Cofiroute...Bref...Si tu ne me verras pas aller manifester un cocktail molotov à la main contre ce changement, ne me demande pas non plus d'être enthousiaste....

Aurélie a écrit:Dans la plupart des cas, c'est effectivement pas trop compliqué à évaluer. Mais mettons qu'une personne fasse un malaise ou autre, j'aime autant que celui qui soit au bout du fil puisse décider en connaissance de cause quel type de secours on envoie...
Je cherche la petite bête, mais c'est vrai que ce genre de privatisations me rend méfiante.

Pastaga a écrit:Il y a encore des gens qui risquent leur vie à marcher 500 m sur l'autoroute plutôt que d'utiliser leur portable ? Sans dec