Bayrou: "Il faut un choc"
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Bayrou: "Il faut un choc"
Bayrou: "Il faut un choc"
Le président du MoDem publie 2012 Etat d'urgence, premier acte du candidat centriste à la présidentielle. L'appel à la mobilisation est justifié par deux priorités: la production nationale et l'éducation. Face à la crise financière, il milite pour la "règle d'or", qui inscrirait dans la Constitution l'interdiction des déficits.
En 2006, à dix mois de la présidentielle, un homme politique avait profité de la trêve estivale pour publier un livre. Le candidat Nicolas Sarkozy de 2007 est-il source d'inspiration pour vous?
En 2007, Nicolas Sarkozy plaidait la rupture pour, en fait, conserver la majorité sortante. Aujourd'hui, la situation est si grave, économiquement, financièrement, socialement, moralement, qu'on ne peut plus ruser: il s'agit d'aller droit aux causes des problèmes du pays, et de changer le jeu politique qui nous empêche de corriger ces dérives. C'est pour cela que l'élection présidentielle sera cruciale. Elle doit permettre de sortir du brouillard et du découragement. Il me paraissait important de publier ce livre avant la rentrée et les péripéties qui l'accompagneront.
La crise des marchés est-elle reliée à l'"état d'urgence"?
Evidemment, oui. La cause de ce tsunami est dans l'abus de dettes publiques dont j'avais fait le thème de ma campagne de 2007. On voit aujourd'hui la gravité de ce laxisme, chez nous en France, dans l'Europe du Sud, comme aux Etats-Unis. Endettés comme nous le sommes, nous ne pouvons traverser la tempête que si les taux d'intérêt restent très bas. S'ils explosent, nous explosons avec eux. Mais la vraie question aujourd'hui est bien celle-ci: pourquoi sommes-nous contraints d'emprunter toujours plus? C'est le sujet de mon livre.
En quoi la campagne présidentielle doit-elle permettre de sortir de l'"état d'urgence" ?
Elle doit permettre d'y voir enfin clair. Pour moi, il y a deux grands sujets d'urgence nationale, deux questions de vie ou de chute du pays. Le premier, c'est produire en France. Et le deuxième, c'est l'éducation en France. Si vous y réfléchissez, tous les problèmes de notre pays sont reliés à ces deux échecs. Le déficit et la dette sont cataclysmiques, le chômage l'est aussi, mais c'est parce que, dans un nombre impressionnant de secteurs, nous ne produisons plus. Les chiffres du commerce extérieur le montrent. En 2003, nous étions à l'équilibre. En huit ans, nous avons dégringolé jusqu'à un déficit annuel de l'ordre de 75 milliards: 75 000 millions d'euros de ressources qui s'en vont! Comment un pays qui subit une telle hémorragie peut-il soutenir le pouvoir d'achat des familles, ou son modèle social ou ses services publics? C'est pour retarder l'heure de vérité que nous empruntons sans fin ni trêve. Notre situation en matière d'éducation est aussi inquiétante. La France se retrouve au vingt-troisième rang des pays développés pour la compréhension de l'écrit et le calcul. C'est cela que j'appelle "état d'urgence".
En quoi auriez-vous des solutions auxquelles les autres n'auraient pas pensé?
Il n'y a qu'une seule majorité possible si on veut trouver des solutions: une majorité large du centre gauche au centre droit. En France, il faut un choc.
Production, éducation: aucune des deux majorités classiques ne peut soutenir la politique nécessaire pour répondre à ces deux impératifs absolus. Chacune d'entre elles est divisée, la gauche de la gauche et la droite de la droite mettent la pression et empêchent de voir les choses en face. Il faut donc une majorité large, une majorité de rassemblement capable de prendre les décisions qui s'imposent. La majorité de gauche est pour une large part en rupture avec l'entreprise, la majorité de droite en rupture avec l'école. L'une a trop sacrifié à l'injustice. L'autre multiplie les promesses irréalisables, création de centaines de milliers d'emplois publics, retour à la retraite à 60 ans, augmentation des allocations et des budgets. Il n'y a qu'une seule majorité possible si on veut trouver des solutions: une majorité large du centre gauche au centre droit. En France, il faut un choc.
Pour que la France produise davantage, êtes-vous favorable au concept de démondialisation?
La démondialisation est un leurre mortel, qui ruinerait notre pays. Et le fait qu'on l'invoque à la droite de la droite et à la gauche de la gauche est un signe de la division et de la fragilité des deux camps. En France, un salarié sur quatre travaille d'une manière ou d'une autre pour l'exportation. Qui prendrait le risque, en fermant les frontières, d'affaiblir nos secteurs de pointe, ceux qui sont exportateurs, la pharmacie ou l'aéronautique, la construction d'Airbus ou d'hélicoptères? En revanche, nous devons imposer la mondialisation loyale. L'utilisation par la Chine d'une monnaie sous-évaluée est un attentat contre la loyauté de la concurrence.
Que faire, alors, pour muscler la production française?
En 2004, l'Allemagne était aussi mal que nous le sommes aujourd'hui. En cinq ans seulement, ce pays, avec la même monnaie que la nôtre, avec les mêmes salaires, a relevé tous les défis. Les Allemands ont accepté la mondialisation, assoupli le marché du travail, puissamment incité à l'emploi, certes avec une période de modération salariale, mais les salaires allemands sont toujours supérieurs aux salaires français. L'Agenda 2010, le plan du chancelier social-démocrate Schröder, a été combattu par la gauche de la gauche. Il a été réalisé par Angela Merkel grâce à une majorité centrale, centre gauche-centre droit, la grande coalition CDU-SPD. Aujourd'hui, c'est un pays en excédent qui gagne sur tous les marchés, et le chômage y a disparu.
Vous parlez d'"Agenda 2020"?
Il faut viser les mêmes résultats. D'abord par le soutien à l'entreprise, aux PME, en transformant la fiscalité et la répartition des charges sociales. Ce sont les conditions de la reconquête des secteurs de production que nous avons désertés. L'Allemagne n'a abandonné aucun des secteurs de grande consommation, ni l'équipement de la maison, ni même le textile. Notre devoir est, pareillement, d'organiser la reconquête. Nous avons une chance: ces produits, dans les années qui viennent, vont exiger, notamment dans le haut de gamme qui sera notre premier enjeu, l'utilisation de technologies nouvelles. Le second impératif est de travailler sur l'image de marque de la France. Les Allemands gagnent grâce à leur image de marque. Pour vendre leurs voitures, ils en sont même à utiliser la langue allemande comme seul argument publicitaire: "Das Auto." Pour tout le monde, allemand, ça veut dire sérieux, robuste, fiable. Rien ne peut nous empêcher de donner à la France la même réputation de sérieux, en y ajoutant créativité et innovation, nos atouts.
Dans ce que vous proposez, qu'est-ce qui relèverait du pouvoir politique?
L'impulsion, l'incitation, la coordination, le soutien à l'investissement, la souplesse et la sécurité dans le droit du travail ou dans le droit fiscal. Nous avons des atouts remarquables, des chercheurs et une forte démographie. Nos grandes entreprises maîtrisent à la fois les technologies, les processus de production, les réseaux de commercialisation. Quelques-uns des réseaux de grande distribution les plus puissants au monde sont français. Cela devrait entraîner nos produits. Mais rien ne se fera tout seul. Cela dépend d'une prise de conscience nationale, d'une puissante inspiration politique.
Vous réclamez un assouplissement du marché du travail. Cela passe-t-il par une abrogation de la loi sur les trente-cinq heures?
J'ai combattu la loi sur les trente-cinq heures. Je la combattrais encore si c'était à refaire.
J'ai combattu la loi sur les trente-cinq heures. Je la combattrais encore si c'était à refaire. Elle a semé un désordre inouï et coûteux, par exemple à l'hôpital. Le comble est qu'à l'époque personne ne la demandait. Et elle a coûté des dizaines et des dizaines de milliards. Il est vrai qu'au bout de dix ans elle est entrée dans les moeurs. Les entreprises se sont adaptées, inventant leurs propres souplesses. Peut-on la remettre en cause sans déstabiliser? En tout cas, je pense qu'il faudra des souplesses nouvelles, par exemple un nouveau contrat de travail. Là sera la responsabilité des partenaires sociaux.
Votre autre priorité, c'est l'éducation. La France a-t-elle encore des marges de manoeuvre financières?
Je suis pour la sanctuarisation des moyens de l'éducation en échange d'un contrat de résultats. L'un compte autant que l'autre. Ce sera un effort exceptionnel de maintenir ces moyens dans le long terme, mais c'est indispensable. Nous ne pouvons pas accepter de dégringoler sans cesse parmi les pays développés. Et nous ne pouvons pas accepter que 20 % de nos enfants soient en perdition. Comment y parvenir? Par un immense effort de repérage des classes qui réussissent, et la transmission de leurs méthodes. Un transfert de pédagogie comme il y a des transferts de technologie. Si vous prenez les 5% d'enseignants qui réussissent le mieux, dans tous les milieux, même les plus difficiles, je vous garantis que leurs résultats valent ceux de la Suède ou du Danemark. Il faut se servir de leur réussite pour la généraliser.
L'austérité s'imposera-t-elle au président, quel qu'il soit?
Je ne sais pas s'il faut appeler cela de l'austérité, de la rigueur ou du sérieux. Ce qui est sûr, c'est que nous ne pouvons continuer de la sorte - ou la France devra bientôt frapper à la porte du FMI! Il faudra rééquilibrer: réduire les dépenses, les interventions de l'Etat, et récupérer en même temps 20 milliards d'euros sur les niches fiscales, augmenter la TVA de deux points, et en même temps la contribution des tranches les plus aisées. Et cela en donnant des perspectives de reconquête, d'avancées, en montrant l'horizon positif vers lequel nous irons.
La TVA n'est-elle pas un impôt injuste, qui touche, de la même manière, les plus fragiles et les plus aisés?
C'est un impôt imparfait, mais sûr. En Allemagne, il y a eu une hausse de trois points de la TVA. La société allemande l'a bien supportée.
Le pouvoir a-t-il conduit Nicolas Sarkozy à se rapprocher des exigences de la vérité - par exemple en matière économique?
Il semble davantage dans la réalité. Il a été contraint de renoncer à l'injuste bouclier fiscal. Il ne prétend plus que la croissance se gagne avec les dents. Mais les messages sont lénifiants: "On sort du tunnel!" En vérité, nous n'avons corrigé aucune de nos faiblesses majeures et le bout du tunnel n'est pas en vue.
Le 24 août, Nicolas Sarkozy doit prendre des "décisions définitives" pour réduire les déficits. Que feriez-vous pour que la France conserve sa note AAA?
Je commencerais par mettre le monde politique français devant ses responsabilités en réunissant le Congrès pour faire voter la "règle d'or". Je me bats depuis des années pour que les déficits de fonctionnement soient interdits par la Constitution, du moins en période de croissance. Le texte que le gouvernement a fait adopter est loin d'être aussi clair. Mais, en cette période troublée, du moins est-ce un signal.
Et pour les mesures fiscales?
J'instaurerais une tranche supplémentaire de l'impôt sur le revenu à 50 % pour les revenus élevés, et je diminuerais les avantages dits "de niches" en sauvegardant ceux qui défendent l'emploi.
Donc, pour vous, les socialistes devraient voter la "règle d'or"?
Oui. Le temps n'est plus à la tactique. Je comprends que les élus socialistes protestent quand ils se voient donner des leçons de morale budgétaire par le gouvernement qui a battu tous les records d'augmentation des déficits. C'est agaçant. Au-delà des agacements compréhensibles, nous avons à assumer une responsabilité collective : montrer que la France choisit la voie du sérieux et que toutes les grandes forces politiques participent à ce choix.
Nicolas Sarkozy est-il un meilleur président en 2011 qu'au moment où vous avez publié Abus de pouvoir, en 2009 ? Le qualifieriez-vous toujours d'"égocratique"?
Sarkozy a évolué dans son style, c'est juste de le dire. Il est moins choquant.
Il a évolué dans son style, c'est juste de le dire. Il est moins choquant. Mais dans l'exercice du pouvoir, ses fondamentaux n'ont pas changé. Il se vit toujours comme représentant d'un parti, d'un camp et il croit que toute décision doit venir de l'Elysée. Or c'est une idée anachronique. Le pouvoir doit entraîner et rassembler. Il doit tenir compte de toutes les sensibilités, assurer la loyauté des institutions, donner un cap et garantir au pays qu'on lui dit la vérité.
S'est-il montré à la hauteur de la crise?
Avec énergie, il a fait ce qu'il fallait dans la crise financière de 2008. Mais face à l'actuelle crise de l'euro, il n'a pas su imposer une solution de long terme. Il a participé aux cafouillages. Mais, bien sûr, sa mission n'était pas facile, pas plus qu'elle ne l'est face au krach boursier.
En quoi vous-même avez-vous progressé depuis 2007?
Les épreuves ont du bon. Je suis sans doute moins colérique, moins en bataille perpétuelle. J'ai pris de la distance. Je vois davantage l'essentiel. Cependant, sur mes valeurs, mes convictions, la volonté de ne pas accepter l'inacceptable, je n'ai pas changé.
L'état d'urgence implique-t-il une forme spécifique de gouvernance? N'exige-t-il pas une majorité solide et cohérente, qui a l'habitude de travailler ensemble?
L'important, c'est le choc d'opinion qui impose une majorité nouvelle. La nécessité de cette majorité nouvelle est inscrite dans la gravité de la crise que nous traversons. Je vous le dis avec certitude: les événements sont tels que, de gré ou de force, tôt ou tard, j'espère assez tôt pour redresser le pays, cette solution s'imposera !
Pouvez-vous gagner la présidentielle en étant à ce point isolé?
Poser à quelqu'un la question "Pouvez-vous gagner l'élection présidentielle ?" c'est reconnaître qu'il n'est pas isolé. En tout cas pas chez les Français. Il peut l'être, de manière transitoire, dans le monde des notables : de Gaulle lui-même avait vu tous ses députés passer du côté du pouvoir. Pourtant, c'est lui qui voyait juste. Pour ma part, j'ai eu la chance d'être toujours entouré de femmes et d'hommes de qualité, solides et expérimentés, élus locaux, nationaux et européens.
Si vous n'êtes pas au second tour, vous avez dit que vous choisiriez, alors qu'en 2007 vous ne l'avez pas fait...
Si vraiment nous sommes dans un pays en "état d'urgence", et s'il faut une majorité nouvelle, alors vous devez comprendre que c'est le premier tour qui compte.
N'est-il pas méprisant de considérer que Jean-Louis Borloo n'a pas sa place dans l'élection de 2012?
Dans une telle élection, l'enjeu est autrement plus lourd que les fâcheries internes à la majorité.
La France a-t-elle, au fond, glissé à droite?
Il y a comme dans d'autres pays européens un besoin d'ordre, de reconnaissance de l'effort. Ce sont souvent des valeurs de droite. Mais il y a un immense besoin de justice. Il faut concilier ces deux attentes. Et c'est tout le rôle d'un centre authentique.
Par Éric Mandonnet et Benjamin Sportouch, publié le 16/08/2011 à 19:10
L'Express
Plusieurs points :
-en ce qui concerne l'Education Nationale, il a été ministre à plusieurs reprises, pour moi il a sa part de responsabilité. Même si on va me dire que c'était il y a longtemps, plus de 10 ans... Mais justement, on voit aujourd'hui les résultats des réformes ou non décisions prises il y a 10 ans dans ce domaine.
-A propos de l'exemple Allemand :
Oui on aura aussi droit au salaire à 1 euro/l'heure ? Oh quelle joie...L'Agenda 2010, le plan du chancelier social-démocrate Schröder, a été combattu par la gauche de la gauche. Il a été réalisé par Angela Merkel grâce à une majorité centrale, centre gauche-centre droit, la grande coalition CDU-SPD. Aujourd'hui, c'est un pays en excédent qui gagne sur tous les marchés, et le chômage y a disparu.
Sinon, pour l'image de sérieux des produits faits en France, je trouve qu'il sous estime un peu la production de l'héxagone, mais bon c'est un détail.
-Plus de souplesse dans le droit du travail. Euh on peut avoir des détails ?
-
Sympa la tva, ça va aider les foyers qui sont déjà en difficulté...Il faudra rééquilibrer: réduire les dépenses, les interventions de l'Etat, et récupérer en même temps 20 milliards d'euros sur les niches fiscales, augmenter la TVA de deux points, et en même temps la contribution des tranches les plus aisées.
La contribution des plus aisés. Ca comprend que les riches ou aussi la classe moyenne ?
-
Vous parlez d'"Agenda 2020"?
Il faut viser les mêmes résultats. D'abord par le soutien à l'entreprise, aux PME, en transformant la fiscalité et la répartition des charges sociales.
Ah bin non, on va pas encore faire des cadeaux aux patrons alors qu'ils fraudent au moins 15 milliards
Dernière édition par plume le Jeu 18 Aoû - 14:38, édité 1 fois
plume- Admin
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Re: Bayrou: "Il faut un choc"
avec lui , c'est sûr , on va l'avoir le choc , quand nos salaires seront ramenés aux salaires allemands !!!
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
livaste a écrit:avec lui , c'est sûr , on va l'avoir le choc , quand nos salaires seront ramenés aux salaires allemands !!!
Si je peux me permettre cette remarque:
Je ne suis pas un inconditionnel de Bayrou mais je n'ai lu nulle part dans ses écrits qu'il avait l'intention d'aligner les salaires des français sur ceux des Allemands ... mais sans aucun doute ai-je mal lu !
Je ne suis pas un inconditionnel de Bayrou mais je n'ai lu nulle part dans ses écrits qu'il avait l'intention d'aligner les salaires des français sur ceux des Allemands ... mais sans aucun doute ai-je mal lu !
Jeanclaude- Député
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Re: Bayrou: "Il faut un choc"
Encore une fois, pour les emplois qualifiés, il faudrait faire un sacré effort pour aligner les salaires français sur les salaires allemands, ces derniers sont nettement plus élevés. Evidemment, c'est possible en Allemagne parce que les salaires d'emplois peu qualifiés sont indécents, alors vouloir ça chez nous, bof.
Invité- Invité
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
Jeudi 18 Août 2011 à 05:01
Dans «2012 état d'urgence», publié le 18 août, François Bayrou établit ses comptes pour redresser l'économie française. Ne pas promettre monts et merveilles comme le font la gauche et la droite : c'est le credo des propositions formulées par le candidat centriste, note L'Hérétique.
Nous vivons un thriller planétaire dont nous ne cessons de mesurer chaque jour l’ampleur. Il y pleut des cadavres.
Si la première victime a été grecque, il semble bien que le peuple hellène n’aura pas le monopole de la tragédie. Ibères, Lusitaniens, habitants de la verte Erin jusqu’à ceux du Nouveau Monde, tous tombent comme les épis qui ploient sous le poids d’une faux au temps des moissons.
De Trieste jusqu’aux confins de la botte, c’est l’Italie qui gémit à son tour sous le regard inquiet du génie français. Ah, la France ! Parlons en ! C’est elle, sans doute, la prochaine victime en dépit des mantras savants que se complaisent à réciter ses dirigeants.
Il y a état d’urgence et cette cause-là vaut bien d’y consacrer un livre. François Bayrou vient de le faire.
Nous vivons à l’heure actuelle la crise qui a été annoncée au lendemain même de celle des banques : la crise des dettes publiques. La France, avec ses records enfoncés ces dernières années y est aux premières loges.
La dette, Bayrou en a longuement parlé en 2007.
Le danger mortel qu’il annonçait s’est répandu sur les économies occidentales. Pour moi dont l’inquiétude grandit à proportion de la gangrène qui gagne notre économie, toutes les solutions viables sont bonnes à prendre. C’est donc avec le plus vif intérêt que j’ai pris connaissance des propositions du Président du MoDem.
Plus que jamais François Bayrou ne voit d’autres solutions que d’équilibrer nos budgets pour sortir de la nasse. Notre déficit primaire (hors charge de la dette) s’établit à 5,5% de notre PIB. En somme si nous ne pouvions plus emprunter, nous ne pourrions plus payer nos fonctionnaires.
Pour retrouver l’équilibre il faut que l’addition de nos économies et de nos ressources dégage 100 milliards d’euros.
Bayrou établit ses comptes de la manière suivante :
- récupération d’un quart des niches fiscales (Bayrou juge démagogique la proposition socialiste qui table sur 50 des 80 milliards des niches : elles recouvrent des réalités très (trop!) diverses ! Certes le bouclier fiscal mais aussi le crédit impôt-recherche, l’avantage fiscal pour aide à personne et tant d’autres encore). 20 milliards, donc.
- 2 points de TVA supplémentaires doivent pouvoir fournir les 20 milliards suivants. 40 milliards.
- En augmentant l’Impôt sur le Revenu (Tranches supplémentaires) et en revoyant la taxation des successions, on peut espérer 5 milliards. 45 milliards.
- Assurances-maladie, retraites et plus généralement budgets sociaux doivent être optimisés afin de dégager les 15 milliards suivants. 60 milliards.
- L’Etat doit continuer à diminuer ses interventions et baisser son train de vie. Les collectivités locales doivent être responsabilisées et gérer plus directement leur fiscalité afin de limiter les transferts avec l’Etat. 20 milliards à trouver dans tout cela, cela donne 80 milliards. Il en manque encore 20...
Bayrou estime que ce sont là les maxima que l’on puisse puiser. Promettre la lune comme on le fait à gauche (taxer les riches) ou à droite (dégraisser l’Etat) ne correspond à rien de sérieux.
Les vingt milliards manquant ne peuvent être trouvés que dans un accroissement de la richesse nationale. C’est cet accroissement-là qui est l’objet principal du livre de Bayrou (l’éducation ne vient qu’en second), ce que Bayrou appelle le « produire en France ».
Très pédagogiquement, il débarrasse ses lecteurs d’une illusion dangereuse : la démondialisation.
Plutôt que d’espérer pouvoir s’enfermer dans nos frontières, Bayrou préfère voir la France se battre pour ériger des règles justes, une mondialisation loyale.
Le protectionnisme, s’accrût-il jusqu’aux contours de l’Europe, est un leurre dangereux. Même si notre balance commerciale est mise à mal nous demeurons un pays exportateur. Le doter de barrières douanières unilatérales aurait un effet dévastateur sur notre économie car nos partenaires commerciaux ne manqueraient pas d’agir de même.
Ni l’URSS n’a gagné la guerre froide ni la Corée du Nord n’est un état riche ou puissant (témoignage édifiant à lire dans le Géo de ce mois d’août 2011 sur ce dernier pays) et pourtant, voilà des états qui ont été ou sont encore protectionnistes à l’excès. Le problème n’est pas la concurrence mais la concurrence déloyale.
Par exemple, les normes européennes ne doivent pas valoir pour les producteurs européens mais pour tous les produits vendus sur le marché européen. Voilà qui empêcherait de très grosses entreprises de contourner contraintes environnementales ou sociales en produisant dans des pays où elles n’existent pas puis en revendant après coup sur le territoire européen.
De même, un pays ne devrait pas pouvoir décréter unilatéralement la valeur relative de sa monnaie dès lors qu’il utilise les règles du commerce international pour vendre ses productions. C’est au niveau de grandes organisations internationales comme l’OMC qu’il faut lutter pour promouvoir une concurrence juste (comme le fait Marielle de Sarnez au Parlement européen, par exemple).
Depuis une dizaine d’années nos déficits commerciaux suivent le chemin de nos déficits budgétaires : ils dérapent toujours plus, privant notre pays de précieuses ressources. C’est donc sur notre sol qu’il s’agit de relancer nos productions. Il n’existe certes pas de solutions miracle mais il nous reste des leviers qu’il demeure possible d’activer.
a) L’automatisation des productions permet ainsi de contourner les écarts de coûts salariaux comme critères déterminants de rentabilité. Elle facilite donc l’implantation de la production sur le sol français.
b) C’est l’offre plutôt que la demande qu’il faut soutenir à l’heure actuelle : dans une économie ouverte comme la nôtre, et en l’état de notre appareil productif, une relance par la demande reviendrait à stimuler les productions allemande ou chinoise, tant nos importations en biens de consommation sont importantes.
Une économie administrée n’est pas la solution pour Bayrou : ce n’est ni le rôle ni la compétence d’un Etat de ses mêler des grands équilibres de la production. Il se défie du dirigisme mais croit l’Etat dans son rôle quand il incite ou facilite.
c) Sans définir une stratégie nationale, l’Etat pourrait permettre aux différents acteurs économiques d’en dresser les contours ; une sorte de Commissariat au Plan qui les réunirait et les informerait (sur certaines OPA hostiles dont le seul but est de capter le carnet de commandes d’un concurrent puis de l’éliminer une fois la prédation accomplie, par exemple). Le fonds stratégique mis en place par Sarkozy et le gouvernement Fillon va à cet égard dans le bon sens mais doit être élargi et servir à bon escient : pas à soutenir les copains ou les très grosses entreprises mais être orienté vers les PME, particulièrement les jeunes pousses.
d) Appeler les consommateurs à la rescousse. Un véritable effort implique la nation toute entière. Convenablement informés, les Français consommateurs peuvent devenir les soutiens actifs des Français producteurs. Mais pour cela, il faut créer un label «Produit en France» indiquant précisément en pourcentage la production issue de notre sol. Aux associations de consommateurs, professionnels et salariés d’en contrôler la fiabilité. Il ne s’agit pas pour autant de mener le combat contre les composants importés : ils sont une chance pour les pays qui les produisent et une opportunité de baisses de coûts pour nos entreprises. Il en va tout autrement de la délocalisation d’un produit.
e) Simplification fiscale et juridique. Les cadres juridiques qui régissent l’activité entrepreneuriale sont d’authentiques labyrhintes : Thésée y perdrait son fil d’Ariane. Niches fiscales et sociales, normes complexes et changeantes, tout contribue à favoriser les très grosses entreprises disposant de cabinets juridiques tandis que les PME sont conduites à errer dans leur dédale. Une iniquité de plus qu’il convient de corriger par une nuit du 4 août des privilèges indus et des formulaires surnuméraires.
f) Basculement des charges sociales. Il y a une injustice dans notre pays : tous les Français bénéficient de la même protection mais seuls les salariés et les entreprises la paient. Si l’avantage profite à toute la nation, c’est également à elle de le financer.
Tous les revenus sans exception doivent contribuer : salaires, entreprises, revenus du capital, assurances, retraites... Un impôt comme la CSG qui touche tout le monde et tous les revenus pourrait pourvoir à ce financement. De ce fait, les marges plus importantes, particulièrement dans l’industrie, favoriseraient l’investissement dans la recherche et le développement (Jean Peyrelevade observait dans son livre l’erreur historique de Nicolas Sarkozy que l’industrie française avait les marges les plus faibles d’Europe).
In fine toutes ces idées ne prétendent pas à la vérité universelle, et à vrai dire, ma relation est loin d’être exhaustive (il faut lire le livre de Bayrou en entier), mais elles méritent une discussion et des débats et ouvrent la voie à une politique de reconquête. En France l’on s’accorde aisément sur l’abstraction mais dès qu’il s’agit de la réalité, de la matière qui fait la vie, il n’y a plus personne.
Pourtant, l’important, c’est de vouloir...
Jeanclaude- Député
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Re: Bayrou: "Il faut un choc"
Tu as oublié de mettre en gras la partie qui dit : plus d'impôts, plus de tva, et une "optimisation" (j'aime bien le mot choisi) pour dégager de l'argent auprès de l'assurance-maladie, des retraites et autres budget sociaux.
plume- Admin
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Re: Bayrou: "Il faut un choc"
plume a écrit:Tu as oublié de mettre en gras la partie qui dit : plus d'impôts, plus de tva, et une "optimisation" (j'aime bien le mot choisi) pour dégager de l'argent auprès de l'assurance-maladie, des retraites et autres budget sociaux.
Excuse moi mais depuis quelques jours .... je n'ose plus mettre en gras, ! mais tu as rectifié toi même !
Jeanclaude- Député
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Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
Plus d'impôts et une plus forte TVA , voilà qui va relancer lac onsommtion des ménages !!
C'est un miracle !!!!
On résume , pour réduire la dette , il va nous piquer le peu de fric qui nous reste , Besancenot l'a rêvé , Bayrou ose le proposer !!!!
C'est un miracle !!!!
On résume , pour réduire la dette , il va nous piquer le peu de fric qui nous reste , Besancenot l'a rêvé , Bayrou ose le proposer !!!!
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
livaste a écrit:Plus d'impôts et une plus forte TVA , voilà qui va relancer lac onsommtion des ménages !!
C'est un miracle !!!!
On résume , pour réduire la dette , il va nous piquer le peu de fric qui nous reste , Besancenot l'a rêvé , Bayrou ose le proposer !!!!
Il faut te faire une raison que ce soit n'importe quel gouvernant de toutes manières on ne peut pas y couper ! Il y aura des hausses d'impôts ( reste à déterminer lesquels seront visés ) .
Que ce soit Besancenot, Bayrou, Villepin, Borloo, Sarkozy, Hollande ... tous seront nécessairement obligés de passer par là !
On peut critiquer tant que l'on voudra l'un ou l'autre de ces personnages ... le résultat sera toujours le même !
Jeanclaude- Député
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Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
mais tu dois être heureux , ravi , du moment que c'est Bayrouge qui réclame ces impôts , n'est ce pas !
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
livaste a écrit:mais tu dois être heureux , ravi , du moment que c'estBayrougeBayrou qui réclame ces impôts , n'est ce pas !
je ne suis surtout pas particulièrement heureux de voir dans quel état sont nos finances, notre dette, notre taux de chômage, notre taux de croissance etc ... !
Et que ce soit Bayrou ou Morin ou Borloo ou Villepin le résultat sera le même !
Jeanclaude- Député
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Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
livaste a écrit:mais tu dois être heureux , ravi , du moment que c'est Bayrouge qui réclame ces impôts , n'est ce pas !
Ceux qui vont être moins heureux c'est ceux qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois.
Enfin bon, Bayrou n'est pas encore élu non plus
plume- Admin
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Re: Bayrou: "Il faut un choc"
plume a écrit:livaste a écrit:mais tu dois être heureux , ravi , du moment que c'est Bayrouge qui réclame ces impôts , n'est ce pas !
Ceux qui vont être moins heureux c'est ceux qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois.
Enfin bon, Bayrou n'est pas encore élu non plus
Tout à fait d'accord avec toi car j'ai bien peur que malgré les grandes promesses des Pécresse , Baroin and C° qui ne font que parler de taxer les plus fortunés, traquer les niches fiscales etc ... , ce soient en fin de course les gens d'en bas qui trinquent une fois de plus !
Bayrou, Bayrou .... mais je n'ai jamais prétendu être encarté au MODEM ni à aucun autre parti d'ailleurs !
Je me situe au centre gauche voilà tout !
Jeanclaude- Député
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Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Bayrou: "Il faut un choc"
j'ai une proposition sans doute trop simple ..
Et si , au lieu d'augmenter impôts et taxes , on réduisait nos dépenses , et pour commencer celles qui ne vont pas aux résidents et salariés de notre pays ?
Quand un ménage est au bord du surendettement , est ce qu'il fait un prêt supplémentaire , à la seule fin de nourrir et vêtir toutes les familles de son quartier ??
Et on l'emprunteur serait hospitalisé en urgence .
Or qu'est ce qu'on fait avec le budget ??
La sécu est au bord de la faillite mais on continue à soigner gratos n'importe quel immigré venu pour cela ...
On a des millions de chômeurs mais on laisse entrer 200 000 immigrés par an depuis plus de 30 ans ...
Il manque de logements sociaux , mais les assocs se déènent pour que tous les peuples venus d'Afrique ou d'Europe centrale aient un logement " décent " dès qu'ils ont passé nos fontières .....
Et si , au lieu d'augmenter impôts et taxes , on réduisait nos dépenses , et pour commencer celles qui ne vont pas aux résidents et salariés de notre pays ?
Quand un ménage est au bord du surendettement , est ce qu'il fait un prêt supplémentaire , à la seule fin de nourrir et vêtir toutes les familles de son quartier ??
Et on l'emprunteur serait hospitalisé en urgence .
Or qu'est ce qu'on fait avec le budget ??
La sécu est au bord de la faillite mais on continue à soigner gratos n'importe quel immigré venu pour cela ...
On a des millions de chômeurs mais on laisse entrer 200 000 immigrés par an depuis plus de 30 ans ...
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