Fraude : en France, c'est le fisc qu'on vole le plus

Le ministre du Budget, François Baroin, a donné ce mercredi le détail des fraudes repérées par l'administration l'année dernière. La fraude fiscale est de loin le poste le plus important.

Le gouvernement intensifie la lutte contre la fraude. C'est le message qu'a souhaité faire passer le ministre du Budget, François Baroin, ce mercredi en rendant publics les chiffres des abus détectés en 2010. Au total, les services de l'Etat ont déploré la perte de 3,4 milliards d'euros, toutes fraudes aux finances publiques confondues.

Dans le détail, c'est la fraude fiscale qui représente, avec 2,4 milliard d'euros détectés, l'essentiel des pertes déplorées en 2010. La fraude à la Sécurité sociale en représente quant à elle une bien plus petite partie (environ 15%), de l'ordre de 458 millions d'euros. Un chiffre que le ministre du Travail Xavier Bertrand avait déjà communiqué, au début du mois, devant les députés de la mission d'évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale.

Des progrès restent à accomplir
«Des résultats importants», obtenus grâce à une amélioration de la qualité des contrôles, s'estfélicité François Baroin. La mobilisation des agents chargés de cette lutte, une meilleure coordination des acteurs et surtout le fait de pouvoir croiser les fichiers entre les différents services (les Caisses primaire d'assurance maladie, Pôle emploi, les caisses d'allocations familiales), ont permis, selon le ministre, de détecter toujours plus d'abus.

C'est d'ailleurs sur ce dernier point que François Baroin souhaite concentrer les efforts de l'administration. «C'est évidemment sur le terrain du croisement des fichiers que nous souhaitons progresser. [Nous nous dirigeons vers] une centralisation des incidents de paiement ou de signalisation des fraudes», a-t-il fait savoir. L'objectif étant notamment que les fraudeurs signalés une fois soient plus régulièrement contrôlés.

Le ministre du travail, Xavier Bertrand, avait déjà de son côté amorcé au mois d'avril dernier un durcissement des sanctions imposées aux fraudeurs qui abusent de la sécurité sociale. «Il faut appliquer et alourdir les pénalités existantes», avait-il jugé, pour mettre fin au «vol des Français».

Des progrès restent cependant à accomplir. Les députés de la mission d'évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale en donnent un aperçu dans le rapport qu'ils viennent de rendre public. D'après leurs estimations, la fraude sociale représenterait en réalité à elle seule dix à vingt milliards d'euros, dont les trois quarts proviendraient du travail au noir. Un chiffre qui laisse rêveur, si on le compare au déficit de la sécurité sociale en 2011, évalué par le gouvernement à 21 milliards d'euros.