L'Allemagne domine l'économie de la zone euro

Alors que la crise pèse toujours sur les pays périphériques de la zone euro, l'Allemagne a affiché une santé insolente au premier trimestre, avec une croissance de 1,5% très supérieure aux attentes. Demande intérieure en hausse, effet rattrapage de la crise et exportations vigoureuses se sont combinés pour doper la locomotive européenne. Avec un chômage au plus bas depuis vingt ans, Berlin pourrait viser une croissance de 3% cette année, selon des économistes, même si le gouvernement table encore officiellement sur +2,6%.

Également soutenue par la France, l'Autriche et les Pays-Bas, la croissance globale de la zone euro s'est établie à 0,8% durant les trois premiers mois de 2011. Cela constitue une accélération par rapport au trimestre précédent (+ 0,3 %), et une performance supérieure à celle des États-Unis (+ 0,4 %). Mais la rémission reste inégale selon les pays. Ceux de la périphérie, déjà confrontés aux inquiétudes sur la dette souveraine, souffrent toujours d'une croissance beaucoup plus faible, le Portugal entrant même officiellement en récession.
Assainissement budgétaire

Cette tendance au découplage n'est pas près de s'inverser. «À l'avenir, nous continuons de prévoir une croissance à plusieurs vitesses pour l'UE», a souligné la Commission européenne ce jeudi, lors de la présentation de ses prévisions à l'horizon 2012. Après une hausse de 1,8% l'an dernier, le PIB devrait croître de 1,6 % cette année et de 1,8 % l'an prochain dans la zone euro. Au total, la reprise risque d'être plus faible que lors des précédentes phases de redressement, a averti Bruxelles.
De plus, le chômage va sans doute rester élevé (10 % cette année et 9,7 % l'an prochain). Pour affermir la croissance, le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn a plaidé hier pour «la poursuite de l'assainissement budgétaire et la mise en œuvre résolue de réformes structurelles qui favorisent la création d'emplois et améliorent la compétitivité de nos économies».

Du côté de l'inflation, la Commission a revu ses prévisions à la hausse avec une hausse de 2,6 % attendue cette année et 1,8 % l'an prochain dans la zone euro, alimentée par la hausse des prix de l'énergie. Résultat, «à moins d'une intensification de la crise dans la zone périphérique et d'effets de contagion bien plus marqués, la BCE devrait préparer le terrain à une hausse de taux lors de sa réunion monétaire de juillet», estime Ken Wattret chez BNP Paribas.

Un tel tour de vis risque d'accentuer encore le phénomène de découplage. En ce qui concerne la Grèce, Bruxelles a dégradé ses prévisions hier, avec une baisse du PIB de 3,5 % (au lieu de 3 %) et un déficit de 9,5 % (au lieu de 7,4 %) attendus cette année. Athènes n'échappera pas à un nouveau train d'austérité. «Il est encore nécessaire de prendre de nouvelles mesures de consolidation budgétaire», a prévenu Olli Rehn.