La bonne fortune de MAM

Ironique, partiale et souvent injuste, cette chronique du directeur délégué de la rédaction du "Point" est à consommer avec modération...

Débarquée du gouvernement, condamnée unanimement, prise en flagrant délit de mensonges, Michèle Alliot-Marie peut désormais rêver à une vie politique enfin digne d'elle. Jusqu'alors, elle n'alignait que d'ennuyeux records : c'était la ministre ayant la plus grande longévité gouvernementale, la seule à avoir occupé tous les postes régaliens (Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères), celle qui était indestructible, qui avait la faveur continue des militants RPR puis UMP, celle qui assurait sans qu'on puisse rien lui reprocher, sans qu'on puisse trop, d'ailleurs non plus, mettre grand-chose à son crédit sinon le fait d'assurer. Tout ça était admirable, mais d'un terne...

Enfin, il lui arrive quelque chose d'intéressant : une louche affaire de transport aérien, une amitié suspecte et un achat immobilier mal venu. Tous les espoirs lui sont donc permis. En fait, il lui manque encore une chose pour assurer sans discussion son avenir politique : une condamnation judiciaire en bonne et due forme aurait tout de même une autre allure pour sa stature que le simple opprobre public.

MAM est à la moitié du parcours s'il l'on se réfère à celui, exceptionnel et exemplaire, d'Alain Juppé qui triomphe aujourd'hui. Il a fallu à notre nouveau mirobolant une affaire d'appartement au profit de son fils, une gifle électorale, une condamnation pour emploi fictif, un exil canadien et enfin quelques roueries vis-à-vis de son électorat bordelais pour faire ses preuves d'homme d'État, de haute teneur morale et de haute tenue républicaine. Où l'on voit que MAM a encore des progrès à faire.