Assurance santé: les Américains sont mal lotis

Selon une étude du Commonwealth Funds, un adulte américain sur trois, qu'il soit ou non assuré, renonce chaque année à se faire soigner car les soins coûtent trop chers.

Parmi les habitants des grands pays industrialisés, les Américains sont ceux qui bénéficient du plus mauvais système d'assurance santé. C'est le constat dressé par une enquête menée par l'institut Harris Interactive , et publiée cette semaine par le Commonwealth Funds, une fondation qui milite pour une réforme du système de santé allant au delà de celle mise en place par le gouvernement de Barack Obama.

Basée sur les réponses de 19.700 ressortissants australiens, canadiens, français, allemands, néerlandais,néo-zélandais, norvégiens, suédois, suisses, britanniques et américains, l'étude explique que «les Américains ont plus de chances de ne pas aller voir un médecin parce que c'est trop cher, d'avoir du mal à payer leurs factures de soins, de se disputer avec leur assureur et de découvrir que l'assurance ne va pas rembourser ce qu'ils attendaient».

«En fait, les Etats-Unis sont le seul pays dans cette étude où même une assurance santé ne vous garantit pas que vous pourrez vous faire soigner», affirme cathy Shoen, vice présidente du Commonwealth Funds.
Un tiers (33%) des Américains, assurés ou non, ont ainsi dû renoncer au cours de l'année à se faire soigner, soit en évitant d'aller chez le médecin, soit en n'achetant pas les médicaments prescrits, car trop onéreux. La proportion tombe à 5% et 6% aux Pays-Bas et au Royaume Uni. Aux Etats-Unis, une personne sur cinq (20%) a aussi eu des difficultés à payer ses factures médicales contre seulement 9% en France, pays pourtant considéré comme proposant les soins de santé les plus chers après les Etats-Unis ! Au Royaume Uni, seuls 2% des habitants ont eu du mal à régler la note, contre 3% en Allemagne et 4% aux Pays-Bas. «Nous dépensons beaucoup plus pour les soins dans ce pays que dans tout autre et pourtant les disparités de remboursements des soins sont extrêmes», note Cathy Shoen qui dénonce un système de santé à plusieurs vitesses.

Qualité contestée des soins
Un sentiment d'injustice d'autant plus fort que les soins prodigués ne sont pas toujours jugés comme étant de bonne qualité. Une petite majorité d'Américains (58%) disent être confiants dans leur capacité à obtenir les soins dont ils ont besoin dans leur pays, le taux le plus bas des onze pays étudiés. 84% à 92% des adultes en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande, en Suisse et au Royaume Uni estiment quant à eux qu'ils recevront des soins de qualité dans leur pays. Quand ils sont malades, les Suisses, les Néo-Zélandais, les Néerlandais et les Britanniques ont toutes les chances de pouvoir consulter un médecin le jour même ou le lendemain, note l'étude. C'est plus difficile aux Etats-Unis mais aussi en Suède, au Canada et en Norvège.

Le système d'assurance maladie américain se singularise aussi par «sa complexité». Quelque 31% des assurés américains affirment passer beaucoup de temps à remplir et échanger des papiers avec leur assureur, ou s'être vus refuser un remboursement. Cela arrive pour 13% des adultes en Suisses, 20% aux Pays-Bas et 23% en Allemagne.