Le vert se démode

De l’élection présidentielle de 2007 aux élections régionales de 2010, le Vert n’a cessé de faire la mode en politique. Souvenez-vous du ballet des candidats à l’Elysée se marchant sur les pieds pour aller signer le pacte écologique de Nicolas Hulot ; de l’extraordinaire mise en scène du Grenelle de l’environnement ; de l’annonce d’une taxe carbone dont le président de la République assurait qu’elle serait aussi importante que l’abolition de la peine de mort ou la décolonisation !

Souvenez-vous aussi des prophéties apocalyptiques sur le réchauffement de la planète, la disparition des terres sous les océans, la fonte des pôles. On vit, dans cette période, apparaître une nouvelle race de militants politiques, les Khmers verts, qui ressemblaient un peu par leurs certitudes à des Khmers rouges, heureusement sans les violences et le génocide.

Tout le monde, à gauche comme à droite, semblait hypnotisé, tétanisé, hormis quelques réfractaires comme Claude Allègre et, dans l’affaire de la taxe carbone, Ségolène Royal.

Les électeurs suivaient le mouvement en plaçant aux élections européennes de 2009 les Verts à égalité avec les socialistes et en leur donnant encore un très bon score au premier tour des régionales. Dans les deux cas, ils furent aidés par l’incroyable talent de Daniel Cohn-Bendit. Et pourtant, la magie verte a, me semble-t-il, commencé à craquer sous les excès de ses propagandistes, les erreurs des experts et les dures réalités d’un monde en crise qui n’entend pas sacrifier la croissance aux dogmes de l’écologiquement correct. Les signes annonciateurs d’un déclin vert sont apparus avec l’échec du sommet de Copenhague et la mise au placard de la taxe carbone par Nicolas Sarkozy. Cela a provoqué l’indignation de Michel Rocard et les souffrances de la nouvelle Jeanne d’Arc de l’écologie, Chantal Jouanno, mais c’est le révélateur d’un changement de mode.