Justice à l'américaine

C'est un verdict assez paradoxal qui vient de tomber à New York dans l'affaire Messier/Vivendi : l'ancien patron du groupe français et son numéro deux, Guillaume Hannezo, sont totalement blanchis de l'accusation de fraude. En revanche - et c'est tout le sel de l'histoire -, les douze jurés du tribunal ont retenu tous les griefs à l'encontre de la société Vivendi, soit 57 motifs !
"C'est tellement absurde !" commente à chaud, Me Pisani, l'avocat de Vivendi. Comment une société peut être accusée de fraude sans que ses dirigeants le soient aussi ?" Aucune explication ne peut être avancée, car la décision n'est pas motivée. En effet, selon le système américain, les jurés avaient seulement à remplir un formulaire en cochant la case "oui" ou "non" en face des 57 griefs. Pas de chance pour Colette Neuville, la représentante des petits porteurs, qui avait intenté cette action aux États-Unis précisément pour faire condamner Messier...

La décision du tribunal ouvre droit à l'indemnisation des actionnaires qui se sont associés à cette class action . Le calcul de celle-ci va prendre plusieurs mois. Et ce n'est qu'au terme de cette évaluation que Vivendi fera appel. Ce qui repousse à plus longue échéance encore le paiement éventuel des indemnités aux actionnaires lésés.

Messier au ciel, Vivendi aux enfers

La décision du jury américain a été longue à mûrir. Les douze membres siègent, en effet, depuis le 11 janvier. Tout au long de ce procès, Messier, comme Hannezo et Vivendi, dans le box des accusés, ont plaidé la bonne foi. Et, surtout, nié avoir trompé les actionnaires. Pour preuve, Messier lui-même, comme il l'a longuement expliqué, a été ruiné autant sinon plus que les petits actionnaires en achetant des actions Vivendi à tour de bras et en s'endettant gravement... Il croyait, lui aussi, sincèrement que son projet ferait grimper l'action Vivendi jusqu'au ciel. C'est en quelque sorte une décision tombée du ciel qui le sauve aujourd'hui.

Le groupe Vivendi, en revanche, est voué aux enfers. La société redoutait l'épreuve. Ne serait-ce que par la forme de ce procès où ont siégé trois mois durant douze Américains ordinaires, chargés de disséquer la communication financière d'une multinationale aussi complexe que Vivendi... Avec cette particularité : les "actifs" new-yorkais qui ne pouvaient pas consacrer trois mois au procès se sont massivement désistés. Quant aux autres, interrogés sur leur consommation des médias, leur lecture des journaux (le coeur de métier de Vivendi), leurs réponses laissaient pantois. "Quatre ou cinq jurés n'avaient pas de ressources suffisantes pour s'offrir un poste de télé", ont ainsi relevé les avocats de la défense. Autrement dit, le lumpenprolétariat américain a jugé "l'affaire Messier". Aux États-Unis, Karl Marx tient sa revanche !

franline a écrit:n'importe quoi .