Règlement de compte à ps corral

Dans une vidéo diffusée sur le blog d'un ex-dirigeant de SOS-Racisme (celui de son ami Nasser Ferradj, conseiller municipal de Noisy-le-Sec), Julien Dray s'en prend à plusieurs personnalités du PS, qu'il accuse de l'avoir "lâché" lors de ses démêlés avec la justice. "Cette affaire m'a permis de me séparer peut-être d'une génération d'enfants gâtés" qui "se sont accrochés à moi et qui ensuite se sont tirés", déclare le député PS de l'Essonne dans cette scène tournée récemment dans son bureau au conseil régional d'Ile-de-France.



Objet d'une enquête pour des mouvements de fonds suspects, Julien Dray n'a finalement eu qu'un rappel à la loi et a été réintégré dans la campagne des régionales comme tête de liste PS dans l'Essonne, après en avoir été écarté. Saluant l'attitude de Vincent Peillon et Manuel Valls, "des dirigeants de valeur" qui "ont été courageux dans cette affaire", il s'en prend en revanche violemment à Arnaud Montebourg qui, dit-il, "s'est comporté de manière honteuse à mon égard". "Un jour ou l'autre on se retrouvera, parce que celui qui crache en l'air finit toujours par avoir le crachat qui lui retombe dessus", prévient-il.

Harlem Désir, "porte-flingue de Bertrand Delanoë"

Jean-Christophe Cambadélis en prend aussi pour son grade : "Il ne s'est pas bien comporté dans cette affaire (...) Il a un problème avec sa conscience" et "un jour ou l'autre il sera rattrapé par tout cela". Quant à l'ancien dirigeant de SOS racisme Harlem Désir, devenu le "porte-flingue de Bertrand Delanoë", il relate : "Quand je l'ai connu, il était déjà un peu rigide (...) on l'avait fait évoluer avec des copains c'était un très bon porte-parole de SOS racisme (...) et là, en fin de vie, il est revenu à ses origines ... rigides". Le député de l'Essonne rend hommage aussi à l'ancien patron du PCF Robert Hue, "un homme qui dans l'épreuve a été remarquable, d'une humanité extrême" et dont "aujourd'hui je suis plus proche que de la direction du Parti socialiste".

Selon Julien Dray, "la question de créer une nouvelle force de toute la gauche est posée désormais". "Soit la direction du Parti socialiste sera capable de porter cela (...) soit elle n'est pas capable. A ce moment-là, elle devient un obstacle" et cet obstacle "il faudra le surmonter", affirme-t-il. "Je ne vais pas fonder mon parti à côté mais je vais dire ce que je pense de l'état de la gauche" qui est dans un état de "délabrement", annonce-t-il.

Prendre de la hauteur face à l'attaque, telle semble être la ligne de défense des socialistes visés par Julien Dray . Dans une vidéo mise en ligne sur le blog de son ami Nasser Ferradj lundi , le député PS de l'Essonne attaque nommément et violemment quatre de ses anciens camarades : Harlem Désir ? Il est "rigide". Laurence Rossignol ? Une simple "apparatchik" inaudible. Arnaud Montebourg ? "Qui crache en l'air finit toujours par avoir le crachat qui lui retombe dessus." Jean-Christophe Cambadélis ? "Il ne s'est pas bien comporté"...




Mardi matin, Le Parisien-Aujourd'hui en France relate que Harlem Désir tente de contenir sa colère, et suggère simplement à celui avec qui il fonda SOS Racisme en 1984 de redevenir le "grand militant qu'il a été". Jean-Christophe Cambadélis préfère rire que pleurer et publie une note sur son blog intitulée : "Juju joue les tontons flingueurs !" Il poétise : "Si avec Julien, l'histoire a plusieurs visages, si l'amertume avec lui n'a pas de rivage, il est hors de question de rentrer dans un combat de chiffonnier". Dans sa vidéo coup-de-poing, Julien Dray affirme par ailleurs avoir soutenu Jean-Christophe Cambadélis lors de l'affaire de la Mnef (il fut condamné à six mois de prison avec sursis en 2006). La version du député de Paris diffère légèrement et il tient à rétablir sa vérité : "Quant à son soutien lors de l'affaire de la Mnef, cela m'avait échappé !! Amusant : Face à l'adversité il n'est jamais trop tard pour s'amender."

"Heureusement, j'ai d'autres images de lui à surimprimer à cette vidéo" (Laurence Rossignol)

Pendant que Jean-Christophe Cambadélis s'amuse, Arnaud Montebourg feint l'ignorance. Au micro de France Info , le député de Saône-et-Loire assure mercredi matin que l'attaque dont il est la cible "n'a aucune importance" et qu'il reste "de marbre", prévenant : "Ce qui compte aujourd'hui, c'est l'unité des socialistes, il faut faire attention de ne pas fragiliser la porcelaine bien abîmée. Nous n'avons pas besoin de ses règlements de comptes qui n'intéressent personne, qui n'intéressent que les intéressés eux-mêmes".

Enfin, Laurence Rossignol, qui participa à la fondation de SOS Racisme avec Julien Dray en 1984, confie au point.fr mercredi trouver "pathétique" cette vidéo de Julien Dray. Et se console : "Heureusement, j'ai d'autres images de lui à surimprimer à cette vidéo." Elle qui est aujourd'hui à la direction du parti nous renvoie par ailleurs à une note sur son blog publiée le 20 juillet dernier et intitulée : "Julien, qu'as-tu donc fait de ton talent ?" Elle y écrivait : "Cher Julien, te voilà donc maintenant, procureur d'un Parti contre lequel tu requiers comme si tu n'en avais pas été un des principaux dirigeants (...). Quand nos partenaires auront fini de plumer avec jubilation la volaille socialiste, il risque d'être trop tard pour offrir aux électeurs mieux que des rabibochages de façade." Nul doute que cet avertissement semble aux victimes de Dray d'une cruelle actualité à deux mois des régionales.