Au Pinder Socialiste, on n'a pas peur du ridicule

En 2010, le Parti socialiste parie sur un rebond
Nicolas Barotte
Après une année 2009 marquée par un sévère échec aux européennes, le PS table sur un succès aux régionales avant de lancer la course vers la présidentielle de 2012.

Et si le Parti socialiste réglait ses problèmes en 2010 ? En tout cas, le principal parti d'opposition termine l'année 2009 dans un meilleur état qu'il ne l'avait commencé. Fin 2008, le parti pansait ses plaies après un congrès de Reims meurtrier. Un an plus tard, le climat est plus apaisé. De là à croire que le PS est en voie d'aller mieux… Échaudés par les expériences passées, les socialistes eux-mêmes demeurent prudents. «Le problème est plus profond», s'inquiétait un des quadras du PS il y a quelques semaines. Revue de détail des problèmes à résoudre.


• Problème électoral



Les élections régionales s'annoncent favorablement, certes. Mais en 2004, le résultat historique de la gauche n'avait pas empêché la défaite de 2007. À la tête de 20 régions métropolitaines sur 22, le PS n'a quasiment rien à gagner dans ce scrutin. Mais la première secrétaire envisage cependant le grand chelem. «Il ne faut faire l'impasse sur aucune région», a renchéri mardi le porte-parole du PS Benoît Hamon. Quoi qu'il en soit, les leaders socialistes évitent d'instrumentaliser les élections dans leurs discours et préfèrent «régionaliser» le scrutin, comme l'a affirmé Martine Aubry. Par ailleurs, la catastrophe des élections européennes a laissé un goût amer chez les socialistes qui s'inquiètent désormais de la concurrence possible des écologistes. En Ile-de-France, le match, au sein de la gauche, entre le président sortant PS Jean-Paul Huchon et la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot aura valeur de test pour mesurer le nouveau rapport de force entre les deux sensibilités.


• Problème d'alliance



Depuis la présidentielle, la main tendue de Ségolène Royal à François Bayrou et le basculement à gauche du MoDem, le PS est confronté à un choix d'alliance douloureux. Peut-il faire un pas vers le centre sans perdre des voix sur sa gauche ? Peut-il remporter la présidentielle sans s'ouvrir aux centristes ? Entre les deux tours des régionales, nombre de présidents de région devront définir le périmètre de leurs alliances s'ils veulent mettre toutes les chances de leur côté. La grande alliance pourrait devenir une réalité. À moins qu'elle se révèle impossible à réaliser.


• Problème de projet



«2010 sera l'année du projet.» C'est l'ancien premier ministre Laurent Fabius qui a formulé ce vœu il y a quelques mois. Deux rendez-vous majeurs cette année : la convention sur le nouveau modèle de société, pilotée par Pierre Moscovici, et la convention sur la rénovation, dont est chargé Arnaud Montebourg. Le PS devra choisir entre assumer son identité sociale démocrate ou s'ancrer davantage à gauche. Par ailleurs, il reste encore beaucoup de non-dits au PS. Ainsi sur le port de la burqa : si les socialistes sont unanimes pour critiquer le voile intégral, comme signe de discrimination envers les femmes, ils sont beaucoup plus partagés sur l'opportunité d'une loi pour l'interdire. Elle serait impossible à mettre en œuvre, juge-t-on. Mardi, sur France Inter, Benoît Hamon a promis que le PS allait «débattre» de la question.


• Problème de leadership



C'est la question essentielle : entre Ségolène Royal, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande, Pierre Moscovici ou Manuel Valls, les socialistes ne savent plus où donner de la tête. Et cette liste de présidentiables n'est pas exhaustive… Une primaire devrait départager les prétendants. «La compétition ne doit pas être réservée aux personnes qu'on voit sans arrêt», a prévenu mardi sur RTL Pierre Moscovici.Le casting devrait cependant se clarifier d'ici à la fin de l'année 2010. Ou plutôt la question d'un retour éventuel de Dominique Strauss-Kahn, aujourd'hui directeur du FMI et favori des sondages, devrait avancer sérieusement. «Le débat sur les candidats à la candidature commencera à la fin de l'année. DSK devra dire ce qu'il compte faire», explique un partisan de François Hollande. Les proches de Strauss-Kahn ne sont pas, eux, sur cette ligne. Ils souhaitent que le candidat du PS soit désigné à la fin de l'année 2011, ce qui laisserait quelques mois supplémentaires à leur champion pour revenir. Alors si, en 2010, le PS décide de repousser le choix de son candidat, c'est qu'il aura déjà… un peu choisi.