Les régionales approchent , Sarkozy se souvient qu'il a été élu par la droite !

Quand Nicolas Sarkozy a analysé les résultats des élections allemandes devant ses troupes, il n'a pas manqué de souligner que, malgré sa victoire, la chancelière allemande avait perdu des suffrages : «Angela Merkel a perdu sa base.» Un danger qui le menacerait aujourd'hui, à entendre les récriminations d'une partie de sa majorité, déboussolée par les récents projets gouvernementaux et perturbée par les polémiques lancées par Marine Le Pen à l'encontre de Frédéric Mitterrand et par le PS contre Jean Sarkozy. Des attaques qui fragilisent Nicolas Sarkozy et l'obligent à s'adresser à son électorat pour le rassurer, et à redresser le cap.

L'ouverture à gauche devait protéger le Président des critiques sur la mainmise d'un clan sur l'Etat. Et voilà justement les socialistes qui se saisissent de l'élection de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (Epad) pour dénoncer le «népotisme» à la tête de l'Etat. Nicolas Sarkozy avait construit sa campagne contre l'esprit de Mai 68. Or, l'affaire Frédéric Mitterrand et, avant, la défense de Roman Polanski par le ministre de la Culture, ont précisément des relents de Mai 68 lorsque ses acteurs prônaient la libération sexuelle.

FRÉDÉRIC MITTERRAND

face à sa «mauvaise vie»

Le jour où Nicolas Sarkozy lui annonce sa nomination Rue de Valois, Frédéric Mitterrand prend la précaution de lui rappeler l'existence de son livre, paru en 2005, La Mauvaise Vie, dans lequel celui qui n'était pas encore ministre de la Culture raconte, notamment, un épisode de tourisme sexuel avec « un garçon » en Thaïlande. Le Président n'a voulu retenir de cet ouvrage que l'aspect courageux de la confession.

Mais les dégâts au sein de la droite ne sont pas minces après la polémique lancée par Marine Le Pen sur l'«apologie du tourisme sexuel». Au-delà de la récitation des éléments de langage sur la dénonciation du «PS qui court derrière le FN», il ne faut pas pousser beaucoup les ministres pour qu'ils reconnaissent leur «malaise» ou admettent être «choqués» par ce qui s'apparente à de l'«exploitation de la détresse humaine». Comme le résume cruellement un membre de la majorité, peu convaincu par la politique d'ouverture du Président, «cette affaire révèle que Nicolas Sarkozy n'aime pas ses électeurs».

Au PS, un responsable va plus loin : «Quand la droite Fouquet's se lie avec la gauche Saint-Germain-des-Prés, il n'y a plus de limite à l'impunité des puissants» !

JEAN SARKOZY

une élection contestée

Mardi matin, lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Pierre Cardo prend la parole. Député des Yvelines, il s'élève contre la «nomination-élection» de Jean Sarkozy à la tête de l'Epad (2 500 entreprises, budget de 115 millions d'euros). Dans les travées de la salle Colbert, les applaudissements fusent. Jean-François Copé, le président du groupe, sent le danger de la fronde et décide de clore les débats. Trop tard, l'incident est révélateur du climat d'agacement des députés. Au PS, on veut croire que cette nouvelle affaire va provoquer un «tsunami politique» contre Nicolas Sarkozy. Surtout si une partie de ses troupes affiche son trouble. A l'UMP, Xavier Bertrand a bien senti le danger. «Si on donne l'impression qu'il n'y a pas une solidarité à 100 %, l'opposition s'engouffre dans la brèche», prévient le secrétaire général de l'UMP.

D'autant que l'on reconnaît, à l'Elysée, être dans une période charnière compliquée. A mi-mandat, les réformes engagées n'ont pas encore porté leurs fruits tout en ayant bousculé les conservatismes. Et, comme le regrette un élu, «les ministres ont tardé à sortir les réformes. Ce qui explique le faux plat de septembre». Car, malgré l'ampleur de la crise économique, plutôt que de faire une pause, Nicolas Sarkozy a décidé de poursuivre les réformes en concentrant les efforts sur des mesures sociétales. «Ça peut parfois dérouter les plus libéraux de notre camp», admet-on à l'Elysée. Surtout quand les mesures vont à l'encontre de ce que pensent réellement les élus.

MARTIN HIRSCH,

l'homme qui valait 3 milliards

Revenu de solidarité active (RSA) pour les jeunes travailleurs, cagnotte pour les lycéens qui assistent à leurs cours ! Les élus sont plus que dubitatifs sur toutes les mesures prônées par le haut-commissaire à la Solidarité et la Jeunesse. S'appuyant uniquement sur l'Elysée, Martin Hirsch ne peut en outre compter sur la solidarité ministérielle. «Il s'est coupé de tout le monde», assure un ministre. Bercy a pesé de tout son poids pour éviter que le RSA concerne tous les jeunes dès 18 ans. «Il part du principe que les pauvres, les lycéens et les étudiants sont incapables de s'en sortir tout seuls. Alors, il leur donne de l'argent», regrette un ministre. «C'est une vision hyper-bobo de la pauvreté.» Mises bout à bout, les mesures de Martin Hirsch ne sont pas loin de coûter 3 milliards d'euros à l'Etat. Une addition douloureuse pour tous ceux à qui l'Elysée explique qu'ils doivent se serrer la ceinture.

JEAN-LOUIS BORLOO

fait râler les électeurs

Même si la taxe carbone figure dans le pacte que Nicolas Hulot a fait signer aux candidats à la présidentielle de 2007, son application dès l'année prochaine a du mal à passer auprès des Français touchés de plein fouet par la crise. La conversion écologique du Président, notamment au lendemain des européennes, quand le score des Verts a flirté avec celui du PS, n'est pas partagée par tout le monde à droite.

ÉRIC BESSON

heurte les parlementaires

Transfuge du PS, Eric Besson a maladroitement heurté les élus UMP à deux reprises. D'abord en expliquant qu'il n'appliquerait pas une loi votée par le Parlement sur les tests ADN. Puis, lors d'une réunion du groupe houleuse où, pour sa défense, le ministre de l'Immigration a cru bon de dire qu'il se croyait au PS ! La goutte d'eau de trop pour des députés mis à rude épreuve depuis quelques mois, notamment avec la réforme de la taxe professionnelle, la plupart d'entre eux étant également des élus locaux inquiets par une éventuelle perte de recettes fiscales non compensées. Habilement, Eric Besson a dans la foulée fermé la « jungle » de Calais où se réfugiaient les migrants avant de tenter d'accéder en Angleterre. Une mesure de gauche compensée par une mesure de droite. Un équilibre qui rappelle une méthode chère à Nicolas Sarkozy.

INSÉCURITÉ, IMMIGRATION, IMPÔTS

l'offensive des trois « i »

D'ailleurs, pour compenser la distorsion de ces derniers mois à gauche, le Président va redonner un coup de barre à droite dans les prochains jours. La campagne des régionales devrait s'ouvrir par un retour aux fondamentaux : la sécurité, l'immigration et la baisse des impôts. Trois thèmes qui seront au cœur de l'actualité. «Trois marqueurs historiques du sarkozysme», selon Edouard Courtial, député de l'Oise. Lundi matin, Nicolas Sarkozy a réuni quelques ministres, parmi lesquels Luc Chatel, Christine Lagarde, Eric Woerth, Eric Besson, pour leur demander de s'exprimer davantage dans les médias. Luc Chatel et Brice Hortefeux vont commencer un tour de France dans les prochains jours pour expliquer sur le terrain la politique du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur a l'intention de se rendre à chaque endroit où il y aura des incidents, comme cette semaine à Poitiers.

Xavier Bertrand multiplie les rendez-vous avec les élus. Mardi, le secrétaire général de l'UMP était devant le groupe UMP du Sénat, avant de recevoir à déjeuner les récents vainqueurs des partielles. «Il faut reprendre la main sur les parlementaires», explique un responsable de la majorité conscient de la nécessité d'une « câlinothérapie » envers le Parlement.

Le chef de l'Etat va tenter de rassurer son électorat de 2007, et notamment l'électorat populaire qui lui a permis de gagner. Son prochain discours sur la ruralité est présenté par l'Elysée comme une occasion de s'adresser à cet électorat, qui habite majoritairement à la périphérie des grandes villes. Pour s'assurer une rentrée sociale moins agitée, Nicolas Sarkozy a pris le risque de déstabiliser sa majorité. «Le jeu en valait la chandelle, assure un conseiller du Président. On n'a pas tellement laissé de plumes.»

saco a écrit:J'espère quand même que les socialistes ne sacrifie pas trop de place aux verts. Car si les sondages sont bons, on va vers des cohortes de verts dans les régions. On va passé d'alliance PS-PCF-vert à PS-vert-modem-listes régionales sur une charte européenne et régionaliste.

patriote reformiste a écrit:Effectivement....Au premier janvier, le prix des carburants augmentera en moyenne de 10 centimes au motif de l'application de la taxe carbonne hérité du programme des verts repris par la droite en raison de resultats électoraux significatifs de ces derniers.

Dans la mesure où les regions disposeront de marges de manoeuvres plus importantes en matière de fixation des prix de carburant, il convient que nous fassions passer le message suivant...Laisser les verts accèder aux responsabilités regionales se traduirait inevitablement par une augmentation des prix des carburants....Si vous voter pour ces listes, ne vous plaignez pas ensuite du niveau des prix des carburants.

La veritable écologie existe bien au delà de ces formations qui font de cette problèmatique serieuse, un enjeu électoraliste....Que chacun prenne conscience de la réalité et la de la duplicité dont ces partis font preuve afin d'éviter d'être une fois de plus les victimes d'un piège politicien.

@franline, en réalité les autres pays européens dispose de taux de prélèvements obligatoires très inférieurs à celui des français, par conséquent, vouloir encore aggraver la pression fiscale me paraît contraiçre aux valeurs et aux attentes legitimes exprimées par les français qui ont choisi une majorité de droite pour rompre avec le recours au fiscalisme systèmatique pour résoudre les difficultés.