Caen , son CHU

Joël Martinez, ancien directeur général du Centre hospitalier universitaire de Caen, a été convoqué par la police judiciaire de Caen et placé ce matin en garde en vue dans le cadre d'une enquête préliminaire portant sur les importants travaux réalisés dans son logement de fonction et ceux de différents directeurs de l'hôpital caennais. Révélée par Le Livre noir des hôpitaux* en mars, l'affaire avait provoqué sa démission puis sa suspension par le ministère de la Santé ainsi qu'une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Par ailleurs une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet pour "infraction sur la législation des marchés publics". Elle pourrait déboucher sur un délit de "favoritisme" passible d'une peine de deux ans de prison. Ce sont au total deux millions d'euros qui ont été dépensés pour rénover et décorer les différents logements de fonction - dont 970.000 pour celui du seul directeur général -, somme financée par un emprunt annuel de 158.000 euros payé par le CHU qui, en raison de sa situation économique désastreuse (28 millions d'euros de déficit prévisionnel pour l'année 2009), vient d'être placé sous "tutelle resserrée" de l'État. Au total une quinzaine de personnes ont déjà été entendues dans le cadre de cette affaire dont l'un des directeurs adjoints et l'architecte d'intérieur ayant réalisé la plupart des travaux. L'actuel directeur général par intérim, Daniel Moinard, a par ailleurs été mandaté par le conseil d'administration de l'hôpital pour éventuellement porter plainte afin d'éclaircir "le décalage entre les sommes engagées et les travaux effectivement réalisés". Joël Martinez habite toujours son logement de fonction mais un loyer de 1.800 euros lui a été demandé par le CHU.

Croulant sous des problèmes financiers, le CHU de Caen sera placé sous tutelle de l’Etat.
Le budget 2009 prévoyait 28 millions d’euros de déficit et 208 suppressions d’emplois, il a été rejeté très majoritairement par le conseil d’administration. C’est donc l’Agence régionale de l’hospitalisation, qui appliquera le budget 2009, en collaboration avec la direction de l’hôpital.
Les finances de cet établissement sont plombées par les problèmes d’amiante, présente dans ce bâtiment depuis 1975, mais aussi par des frais de rénovation, notamment sur la maison de fonction de l’ancien directeur du CHU.
Tous les travaux effectués dans ce bâtiment de 23 étages coûtent 30 % plus cher que la moyenne à cause de l’amiante.

Face à cela, les dépenses de personnel sont réduites. Le CHU de Caen qui emploie environ 6 000 personnes a une des masses salariales les plus faibles de France.

Le conseil d’administration attend un feu vert du ministère pour la construction d’un nouvel hôpital, un investissement de 500 à 700 millions d’euros selon la direction, et les fonds nécessaires pour fonctionner d’ici à l’ouverture de ce nouveau bâtiment, dans 8 à 10 ans.