Les prix du lait au plus bas

Les cours payés aux éleveurs laitiers ont baissé de 30% en un an. Du jamais vu de mémoire d'agriculteurs.

Depuis hier, les éleveurs ont reçu des laiteries, les règlements pour leurs livraisons de lait du mois d'avril. Ils font apparaître en moyenne une baisse de 30% par rapport au même mois de l'année précédente, soit 210 euros environ les 1000 litres de lait. «Il s'agit d'un niveau qui n'a jamais atteint été par le passé, estime-t-on à la FNPL (Fédération national des produits laitiers). C'est largement en dessous des coûts de production pour l'exploitant qui atteignent en moyenne, selon les calculs de l'organisation professionnelle, 260 euros les 1000 litres».

De quoi remonter la colère des agriculteurs qui ont déjà débuté les actions sur le terrain avant même une journée de mobilisation nationale devant les préfectures mardi prochain. Des producteurs de lait ont mené des actions «coups de poing» dans la nuit de mercredi à jeudi contre trois laiteries de l'Orne, à Alençon, Domfront et Saint-Hilaire-de-Briouze. «Pour moi, cela correspond à un manque à gagner de 1700 euros par rapport au mois dernier sur ma paye de lait, déplore Raphaël Gilmas, éleveur à Deux Evailles, en Mayenne, qui livre son lait chez Bel. Notre laiterie était prête à payer en avril plus que 214 euros les mille litres. Mais Sodial et Bongrain ont tiré les prix vers le bas, d'après elle».

Des prix planchers que les entreprises de transformation du lait jusitifent par des cours très bas au niveau international de la poudre de lait et du beurre, compte tenu de la crise économique mondiale. Et si le marché ne se retourne pas, les prix du lait pourraient descendre encore plus bas car le prix de revient des laiteries approchent en moyenne 174 euros les milles litres.

En attendant comme chez Bel, ces entreprises essayent de faire patienter les agriculteurs en promettant des jours meilleurs et en envoyant des spécialistes comme Vincent Chatellier, économiste à l'INRA de Nantes, présenter des prévisions internationales encourageantes. Reste qu'entre la théorie et la réalité, il y a souvent un fossé.

Les producteurs français de lait vont organiser une "journée d'action" lundi prochain en bloquant les laiteries, a annoncé Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, principal syndicat agricole, jeudi sur RTL. "On va bloquer les laiteries lundi" pour protester contre l'effondrement des cours des prix du lait payés aux producteurs par les industriels, a affirmé M. Lemétayer. Selon les agriculteurs, le prix du lait payé actuellement par les industriels privés et coopératifs aux producteurs est de 30 % inférieur à celui d'avril 2008. Ils réclament un prix de 305 euros pour mille litres, alors qu'il tourne actuellement autour de 210 euros.

Le président de la FNSEA, en organisant cette "nouvelle journée d'action, entend dénoncer la "baisse des prix qu'on ne retrouve pas dans les linéaires" des magasins. M. Lemétayer, lui-même producteur laitier, a reconnu : "Le salut viendra d'une négociation nationale (entre producteurs et industriels). (...) Cette négociation devrait fixer un cadre, pas un prix (pratique désormais interdite par Bruxelles et l'administration française)." Le président de la FNSEA a dénoncé l'attitude des industriels privés qui se font "plus de soucis" pour verser "des dividendes aux actionnaires" que de payer un prix rémunérateur aux producteurs.

L'ancien président de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) s'en est également pris à Michel-Édouard Leclerc, président des centres Leclerc, qui "se moque du monde en faisant de très belles marges" alors qu'il se vante de pratiquer les prix les plus bas. Les producteurs de lait avaient maintenu la pression mercredi, principalement en Bretagne, Pays de Loire, Alsace et à Paris, bloquant les collectes ou menant des opérations dans les hypermarchés, accusés de dégager des marges substantielles. La collecte de lait avait été totalement arrêtée dans plusieurs départements bretons et des Pays de Loire, a résumé, mercredi soir, Laurent Bousses, animateur de la section lait de la FRSEA de l'Ouest.

Cela dit, force est de constater aussi, ce que refuse de faire Michel Barnier, que le libre échange et la négociation par Bruxelles des quotas laitiers ainsi que l'importation de lait en provenance de pays agricoles à bas coûts ne peut qu'entraîner à la ruine les producteurs de lait.

PAr conséquent, il est nécessaire aussi de faire jouer, dans ce secteur la clause de sauvegarde qui serait abolie si le Traité de Lisbonne s'appliquait.

Georges a écrit:Je soutiens évidemment les agriculteurs éleveurs que je connais bien pour vivre parmis eux), mais je m'étonne d'entendre des responsables de droite et d'extrême droite soutenir avec vigueur les agriculteurs éleveurs dans leurs justes revendications, alors que les fermetures d'usine et les délocalisations les laissent de marbre.

Que ce soit Sarko ou DSK ou n'importe qui , les mêmes rappels auraient eu lieu , on est dans l'UE , espace à mon avis digne de l'ex URSS , et l'on n'est plus maitre de nos décisions .

Effectivement, les causes de la regression économique et sociale sont identiques et resident dans l'absence de protections et d'ouverture de ces activités à une concurrence déloyale mondialisée sauvage.

saco a écrit:

Effectivement, les causes de la regression économique et sociale sont identiques et resident dans l'absence de protections et d'ouverture de ces activités à une concurrence déloyale mondialisée sauvage.

Il y a des gens qui disent ici que la désindustrialisation dans notre pays c'est du flan et que le bilan des délocalisations est positives.

patriote reformiste a écrit:.

Une telle politique avait d'ailleurs été promise par Sarkozy durant la campagne présidentielle alors que rien n'a été fait en ce sens lorsqu'il fut Président de l'Europe.