Esclavage en Mauritanie.

L’esclavage persiste en Mauritanie en dépit de la loi
par Monisha Bansal
le 6 mars 2008

Quatre mois après être entré en fonction,le gouvernement mauritanien,nouvellement élu,a criminalisé l’esclavage en août 2007.Les défenseurs des droits de l’homme,cependant,sont inquiets du manque de progrès de la situation au niveau des sanctions.
L’esclavage est illégal en Mauritanie depuis 1981,mais la loi n’a jamais été appliquée.La dictature militaire qui a dirigé le pays pendant plus de vingt ans a toujours nié l’existence de l’esclavage en Mauritanie.Le pays figure sur la Tier Two Watch List du Département d’Etat américain pour son inaction à éradiquer l’esclavage.

En août,le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi ,démocratiquement élu, a introduit la législation punissant de peines de prison ferme l’esclavage.

Selon Romana Cacchioli,la responsable du programme Afrique de Anti-Slavery International, "l’esclavage est profondément enraciné dans la société mauritanienne et existe partout à travers le pays,dans les zones rurales et urbaines." Elle a remarqué que près de 40 pour cent de la population du pays étaient des esclaves.

"Virtuellement tous les cas d’esclavage recensés en Mauritanie concernent des individus dont les ancêtres ont été asservis plusieurs générations auparavant," a-t-elle déclaré pendant une présentation sponsorisée par la Woodrow Wilson International Center for Scholars et le George Soros' Open Society Institute, à Washington, D.C.,mardi dernier.

"Sous la société mauritanienne,basée sur les castes,les esclaves se trouvent à l’échelon inférieur de la hiérarchie sociale," a-t-elle affirmé. "Les esclaves n’ont aucun droit ni aucun choix dans la vie."

Boubacar Messaoud, président de SOS Slaves, la première organisation anti-eclavage qualifie la situation d’ "héréditaire."

"Les esclaves sont soumis. Ils sont sous la domination de leurs maîtres.Ils ne connaisent rien d’autre que leurs maîtres.En fait,ils ne connaissent que ce système,"dit-il.

Ibrahima Dia, ambassadeur de Mauritanie aux Etats-Unis,déclare pourtant: "Un grand nombre d’esclaves de Mauritanie sont libres.Ils sont libres,mais aiment encore leur statut d’esclaves,en particulier dans les zones urbaines."

M. Messaoud réplique, "Ils sont libres de se déplacer,mais ils sont intrinsèquement liés à la famille de leurs maîtres."

"On dit aux esclaves que sous l’islam,leur paradis est lié à leur maître,alors s’ils font ce que leur maître leur dit,ils iront au paradis," explique Mme Cacchioli.

"Si,malgre tout,ils désobéissent ou s’enfuient,on leur dit qu’ils seront délaissés par Dieu qu’ils vivront en dehors de l’islam.Dans un pays islamique,c’est un moyen de contrôle efficace.Les esclaves sont victimes de l’obscurantisme,et leur point de vue est fataliste,beaucoup d’entre eux vivant dans la croyance que la volonté d’Allah est qu’ils soient esclaves," ajoute-t-elle.

"En réalité, pourtant,l’islam stipule qu’un musulman ne peut asservir un co-religionnaire,"affirme-t-elle.




Messaoud affirme que cela a conduit à des violations des droits civiques,politiques et du travail,de même qu’un taux élevé d’analphabétisme,du à un accès limité à l’éducation,l’apprentissage et à une mortalité infantile élevée.

Il a ajouté qu’ ils étaient marginalisés et discriminés même s’ils étaient libres et que leur propriétaire pouvait s’approprier leurs biens à tout moment.

Dia déclare que de nombreux anciens esclaves sont devenus influents en politique,dans l’armée et dans les affaires,mais il reconnait qu’ "il y a une persistance de l’esclavage en Mauritanie."

"C’est comme les pays occidentaux qui essaient encore de se débarrasser de la discrimination raciale," ajoute-t-il.


"Il s’agit d’une pratique profondément enracinée en Mauritanie et cela va prendre du temps pour l’eradiquer",fait remarquer Messaoud.Mais il affirme ne pas être inquiet du manque de rapidité de l’évolution de la situation. "Il n’y a pas eu d’affaires portées devant les tribunaux,mais cela aurait dû être le cas."

Il a également fait remarquer que la justice et la police étaient complices de cette pratique.

Messaoud a ajouté que les associations de droits de l’homme faisaient pression en faveur de mesures de discrimination positives et de lois anti-discrimination . "Nous faisons campagne pour que la loi soit durcie en particulier pour permettre aux ONGs et aux particuliers d’avoir accès à l’information et de s’occuper des victimes de l’esclavage."

"Malheureusement,la Mauritanie n’a pas les moyens de faire totalement respecter la loi," [ah bon ?alors qui les a ?]conclue Dia. Il ajoute que le président Abdellahi s’ "est impliqué pendant la durée de son mandat [pour] faire tout ce qu’il peut pour s’assurer que notre pays a franchi des pas importants sur le chemin de l’ abolition de [la culture de] l’esclavage."


http://www.cnsnews.com/news/viewstory.asp?Page=/ForeignBureaus/archive/200803/FOR20080306a.html