Pour Aubry, Lang n'est pas un traître

Au parti socialiste, Jack Lang n'est pas Eric Besson. Et qu'il accepte une mission d'émissaire spécial de Nicolas Sarkozy à Cuba ne pose apparemment pas de problème à la nouvelle première secrétaire du parti Martine Aubry. Pour elle, Lang ne peut en rien être accusé de traîtrise.

Jack Lang fait «partie des talents de la France» a ainsi déclaré la nouvelle patronne du PS lors d'une visite au salon de l'agriculture.
«Il m'en a parlé hier (mardi), je crois qu'il apporte dans le cadre d'une visite personnelle un message personnel du président à Cuba. On utilise les talents, les contacts de Jack Lang pour que la France soit présente au moment où les Etats-Unis veulent sans doute reprendre contact à Cuba. Cela fait partie des talents de la France, Jack Lang. Tout le monde a envie de les utiliser».

Et à la question d'une éventuelle traîtrise de l'ancien ministre de François Mitterrand, Mme Aubry s'est voulue catégorique : «pas du tout !».

Jack Lang se trouve actuellement à La Havane en tant qu'«émissaire spécial» du chef de l'Etat pour tenter de relancer le dialogue politique et la coopération entre la France et Cuba, a-t-on appris mercredi auprès de l'Elysée.

«Je suis en pleine harmonie avec moi-même, avec mon parti, ses grandes traditions, et avec la politique internationale du président de la République française.» L'ancien ministre socialiste Jack Lang, actuellement à La Havane en tant qu'«émissaire spécial» de Nicolas Sarkozy, dit assumer «pleinement et avec sérénité» cette mission pour tenter de relancer le dialogue politique et la coopération entre la France et Cuba.

Joint par téléphone par l'AFP, Jack Lang a d'ailleurs tenu à souligner l'«élégance morale» et l'«intelligence politique» de la première secrétaire du PS. Martine Aubry l'a présenté mercredi matin comme «un des talents de la France» et a rejeté toute idée de traîtrise.

Jack Lang doit rencontrer mercredi le président cubain Raul Castro, selon un haut responsable français. «Il voit Castro aujourd'hui» et sa mission «est un dialogue exploratoire pour faire bouger des lignes», a dit ce responsable sous couvert d'anonymat, en indiquant que le parlementaire socialiste était «porteur d'une lettre» du chef de l'Etat. «Il y a un début de transition à Cuba et c'est un bon moment pour relancer la relation franco-cubaine alors que l'Union européenne vient de reprendre une coopération avec les Cubains et que les Etats-Unis réfléchissent à leur positionnement» par rapport à l'île, a-t-il ajouté.

L'ancien ministre de l'Education, régulièrement cité comme l'une des «cibles» probables de la politique d'ouverture de Nicolas Sarkozy, avait évoqué en décembre dernier comme l'un de ses «projets» une mission exploratoire à Cuba, précisant qu'il n'avait «aucune raison» de la refuser si le président la lui proposait. Mercredi, il a une nouvelle fois réfuté une quelconque volonté d'entrer au gouvernement : «Absolument pas, en aucune manière !», a-t-il répété à l'AFP, se disant simplement «heureux de remplir cette mission en conformité avec mon idéal, avec mes convictions» et «avec le souci de l'intérêt supérieur du pays».

Jack Lang a également assuré qu'il n'était «pas prêt à renoncer à (se) battre sur les questions d'éducation et sur la politique sociale» du gouvernement.