Premier jour de trêve à Gaza

Après trois semaines de guerre à Gaza, les armes se sont tues et Tsahal a entamé son retrait. Emboîtant le pas à Israël, les combattants palestiniens de la Bande de Gaza ont annoncé dimanche l'entrée en vigueur immédiate d'une trêve d'une semaine, alors que l'Egypte organisait un sommet international pour aider à transformer en cessez-le-feu durable ce répit fragile.

En trois semaines d'une sanglante opération militaire entamée le 27 décembre, plus de 1.250 Palestiniens sont morts, ainsi que 13 Israéliens. Et les rues de l'étroit territoire ont été transformées en champ de bataille, avec des civils pris au piège et fuyant sous les bombes sans répit possible.

Après le début, tôt dimanche matin, de la trêve déclarée unilatéralement par Israël, les militants palestiniens avaient tout de même tiré 17 roquettes sur le sud d'Israël, blessant légèrement trois personnes.

L'Etat hébreu avait insisté sur le fait que la suspension unilatérale de ses opérations était conditionnée à l'arrêt des tirs palestiniens: Tsahal a donc immédiatement riposté aux tirs de roquettes dimanche.

Annonçant ensuite officiellement, quasiment en même temps depuis Gaza et Damas, siège de la direction du Hamas en exil, leur propre trêve d'une semaine, les "factions de la résistance palestinienne" (Hamas et Djihad islamique) ont conditionné sa prolongation à un retrait total des forces israéliennes, et à la réouverture des points de passage pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire.

"Nous honorerons notre cessez-le-feu, comme nous l'avions dit la nuit dernière, et n'agirons que pour nous défendre en cas de provocation du Hamas", a répondu Mark Regev, porte-parole du gouvernement israélien. Plus tard dans la journée, les premières troupes quittaient des positions stratégiques, la télévision israélienne montrant des chars et fantassins faisant mouvement vers la frontière.

Il s'agit désormais, comme l'a expliqué le président français Nicolas Sarkozy à Charm el-Cheikh, de "consolider" un cessez-le-feu composé pour l'instant de deux déclarations unilatérales.

Profitant rapidement de l'accalmie, les Gazaouis ont commencé à retourner chez eux, pour évaluer ce qu'il reste de leurs maisons après trois semaines de bombardements aériens. Les bulldozers sont entrés en action dans la ville de Gaza, déblayant les gravats pour laisser passer les voitures. Dans ces décombres, rien que dimanche, les secouristes palestiniens ont retrouvé une centaine de cadavres.

Dans le sud d'Israël en revanche, les habitants accusaient le gouvernement d'avoir arrêté l'offensive trop tôt, dénonçant un cessez-le-feu décrété avant d'avoir abouti à un règlement à long terme sur la question de la contrebande d'armes destinée au Hamas. Responsable d'une association de parents d'élèves à Sderot, Batya Katar jugeait que "l'offensive s'est achevée sans atteindre ses objectifs" et que "les armes continueront à entrer, via les tunnels et par mer".

C'est en effet là la question cruciale pour Israël, qui entend maintenir des forces à Gaza tant qu'elle ne sera pas réglée.

Réunis dimanche sur les bords de la Mer rouge par le "raïs" égyptien Hosni Moubarak, les dirigeants de France, d'Allemagne, d'Espagne, de Grande-Bretagne, d'Italie, de République tchèque et de Turquie ont rejoint le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour soutenir les efforts de sortie de crise.

La "priorité immédiate", selon le patron de l'ONU, est l'accès de l'aide aux populations du territoire: un sommet "à vocation humanitaire" sera donc organisé d'ici "quelques jours pour que les points de passage soient rouverts", a expliqué le président français, tandis que le chef du gouvernement britannique Gordon Brown annonçait le déblocage de 29 millions de dollars supplémentaires.

Pour la suite, Israël veut empêcher tout réarmement du Hamas, comme il avait pu le faire pendant les six mois de trêve ayant précédé ces trois semaines de guerre. A cet effet, l'Etat hébreu avait obtenu vendredi des garanties de Washington.

Mais l'Egypte, qui joue un rôle essentiel dans tout règlement car c'est par son territoire que passe la contrebande, rejette catégoriquement l'idée d'un déploiement éventuel d'observateurs internationaux sur son sol, affirmant qu'elle peut assurer elle-même la surveillance de sa frontière.

Les six Européens, qui ont eux offert leur aide technique et des moyens militaires, notamment navals, pour faire cesser ce trafic, sont ensuite partis de Charm el-Cheikh pour un dîner en Israël avec le Premier ministre Ehoud Olmert, afin de tenter de convaincre l'Etat hébreu de "quitter Gaza", selon Nicolas Sarkozy. "Il n'y a pas d'autre solution pour la paix", a-t-il conclu, appelant aussi à l'organisation d'une grande conférence pour une paix régionale durable. AP

e chef du gouvernement du mouvement islamiste Hamas, Ismaïl Haniyeh, a déclaré dimanche que le peuple palestinien avait remporté "une grande victoire" contre Israël à Gaza, dans une déclaration télévisée.

"Dieu nous a accordé une grande victoire, pas pour une faction ou un parti (...) mais pour le peuple entier", a déclaré Ismaïl Haniyeh, qui s'exprimait pour la première fois depuis qu'Israël a décrété soir samedi un cessez-le-feu unilatéral.


"Nous avons arrêté l'agression (de l'armée israélienne) et l'ennemi n'est parvenu à atteindre aucun des objectifs", a-t-il ajouté.

En 22 jours, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait au moins 1300 morts palestiniens, selon les services d'urgence.

Pendant la guerre, l'un des objectifs principaux de l'armée israélienne était la destruction des tunnels de contrebande -entre 500 et 800 au total- creusés entre la frontière égyptienne et Gaza. Ces tunnels permettaient aux Gazaouis de s'approvisionner en dépit du blocus israélien et de la fermeture de la frontière avec l'Egypte. Ils permettaient également au Hamas de s'équiper en armes de toutes sortes, notamment en roquettes.

Depuis plusieurs jours, des centaines de Gazaouis remettent ces tunnels en état. Le mouvement islamiste et les autres factions armées interdisent à la presse d'en approcher. Il est donc impossible de savoir s'ils sont ou non opérationnels, notamment ceux de la contrebande d'armes.

Le gouvernement israélien a promis de recourir à nouveau à la force si le Hamas tente de reconstituer son arsenal. "S'il faut mener de nouvelles opérations militaires pour faire cesser la contrebande, ce sera fait (...) Israël se réserve le droit d'agir contre la contrebande, un point c'est tout", a martelé Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères, sur l'antenne de Radio Israël.

Selon un responsable égyptien qui a requis l'anonymat, les services de sécurité inspectent la totalité de la frontière pour y trouver l'entrée des tunnels côté égyptien.