Staline , 1878- 1953
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Staline , 1878- 1953
Staline (1878 - 1953) Le «petit père des peuples»
Staline a été plus qu'aucun autre homme d'État de l'époque moderne l'objet de passions extrêmes. Dans le monde entier, des millions d'hommes l'ont adoré ou vilipendé, souvent à en mourir.
<A id=surnom>Le successeur de Lénine à la tête de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) s'honorait du titre de «Vojd», mot russe qui signifie guide, équivalent de l'allemand Führer, de l'italien Duce ou de l'espagnol Caudillo. Mais la propagande communiste le surnommait aussi le «petit père des peuples».
Aujourd'hui encore, son évocation suscite la polémique et le qualificatif de «stalinien» est brandi tantôt comme une insulte, tantôt (mais de plus en plus rarement) comme un motif de fierté.Un révolutionnaire hors du commun
Joseph Djougatchvili (plus tard appelé Staline, l'homme d'acier en russe) est né à Gori, une petite ville au coeur de la Géorgie, le 6 décembre 1878 selon le calendrier julien (*).
Son père est un savetier misérable et illettré, à peine libéré du servage, remarié sur le tard à une jeune cousine. Alcoolique et violent, il bat fréquemment sa femme et ses enfants, y compris le petit Joseph. Il meurt en 1890 au cours d'une rixe entre ivrognes (sa femme vivra quant à elle jusqu'en 1936).
Joseph entre au séminaire de Tbilissi (ou Tiflis) car c'est le seul moyen d'ascension sociale qui lui soit accessible. Il s'y initie en secret aux idées révolutionnaires et au marxisme. Son indiscipline lui vaut d'être chassé de l'établissement sans diplôme en 1899.
Le 25 décembre 1905, sa première rencontre avec Lénine quelque part en Finlande, à l'occasion d'un congrès panrusse, fait de lui un professionnel de la révolution.
Lénine lui confie le soin de mener des opérations de grand banditisme dans la région du Caucase. L'objectif est de remplir les caisses du parti bolchevique.
En 1912, il accède au Comité central du parti et l'année suivante, adopte le nom deStaline. Il est arrêté et exilé en Sibérie jusqu'à la Révolution de Février, en 1917.
Libéré, il prend la direction de la Pravda, le journal du parti bolchevique. Après la Révolution d'Octobre, qui consacre le pouvoir sans partage des bolcheviques, il devient commissaire du peuple (ou ministre) aux nationalités. C'est à 39 ans le début d'une deuxième vie.Vers la Grande Terreur
Pendant la guerre civile, en août 1918, Staline épure sans pitié la ville de Tsaritsyne, qui portera plus tard son nom : Stalingrad !
Homme de terrain n'ayant aucun goût pour la théorie, Staline devient en 1922 le secrétaire général du Comité central. En apparence, il ne s'agit que d'une fonction administrative. A l'usage, elle va se révéler d'une importance décisive par le pouvoir qu'elle donne à son titulaire de nommer et de déplacer les cadres du parti.
Après la mort de Lénine, Staline se place habilement entre la gauche du parti, menée par Trotski, qui veut poursuivre l'industrialisation du pays à marches forcées et préparer la révolution mondiale, et la droite, menée par Boukharine, qui souhaite lâcher du lest pour rallier la paysannerie et les artisans au régime. Ceux-là souhaitent poursuivre la NEP (Nouvelle Politique économique) lancée par Lénine.
Staline, réaliste, prend le contre-pied du doctrinaire Trotski et prône «le socialisme dans un seul pays». Allié dans un premier temps à Boukharine, il oblige Trotski à quitter ses fonctions de commissaire du peuple à la guerre.
A peine la gauche trotskiste est-elle éliminée que Staline enfourche ses thèses. Fin politique, il comprend en effet que la libéralisation économique, si elle perdure, risque de ruiner l'autorité du parti unique, le Parti communiste.
Il lance en 1928 un premier plan quinquennal et décide de collectiviser l'agriculture. Il s'ensuit une grande famine et environ six millions de morts.
Bouhkharine et ses partisans, obligés de s'expliquer devant les représentants du parti réunis en congrès, sont contraints de s'effacer.
Staline fait arrêter Zinoviev, Kamenev et beaucoup d'autres vieux communistes qui sont jugés puis exécutés de 1936 à 1939, au cours des grands procès de Moscou. Les citoyens ordinaires doivent se contenter de condamnations en catimini. Ils sont plusieurs millions à être envoyés dans des camps de concentration. Peu en reviennent.
Staline ne se prive pas par ailleurs de faire déporter des populations entières d'un endroit à l'autre du pays dans l'espoir d'en finir avec les particularismes nationaux. Ces déportations vont prendre un tour systématique pendant la Seconde Guerre mondiale.Le choc des titans
En politique étrangère, peu désireux de faire les frais de l'expansionnisme allemand, le dictateur se laisse entraîner dans un pacte de non-agression avec Hitler.
Hitler ayant unilatéralement rompu le pacte en envahissant l'URSS le 22 juin 1941, Staline réveille le nationalisme grand-russe. Le sacrifice au combat de plus de 13 millions de Soviétiques et la victoire de Stalingrad vaudront au dictateur le respect des dirigeants occidentaux en dépit de ses crimes innombrables.
Après la capitulation allemande, le vieux dictateur soviétique place sous sa coupe les territoires d'Europe centrale libérés de l'oppression nazie.
Re: Staline , 1878- 1953
La période de la fin des années trente en URSS est appelée Grande Terreur.
Ces années de violence et de purges se déroulent dans un contexte où Staline cherche à définitivement contrôler le parti dans une situation internationale grosse de périls.
La grande purge va toucher en profondeur l'encadrement du parti, les cadres de l'industrie, le corps des officiers, les élites culturelles...
Kirov
Premier incident lors du congrès du parti en 1934. Les discours prononcés à la tribune couvrent d'éloges Staline. Il semble pourtant qu'un courant plus modéré souhaite son départ et peut-être son remplacement par Kirov, chef du parti à Léningrad et dont le discours est davantage applaudi. Il semble aussi que lors du vote pour l'élection du nouveau Comité Central, Kirov obtient plus de voix que Staline. Le 1er décembre 1934, Kirov est assassiné : Staline est-il l'instigateur de ce crime ? Rien n'est certain même si le NKVD paraît impliqué.
La responsabilité du meurtre est imputée à Zinoviev et Kamenev. Les deux dirigeants sont condamnés à mort en 1936 ; d'autres suivront pour les mêmes raisons.
Purifier le parti
Le renouvellement du parti a pour conséquence la difficulté de ses dirigeants à le contrôler. La grande purge du parti en 1936 a donc pour but de contrôler le recrutement en son sein. À la fin de 1936, avant même que les grandes purges ne commencent, le Parti ne compte plus que 1 450 000 membres, soit une diminution de 750 000 en quatre ans. En 1937, première année de purge en profondeur, 500 000 autres membres disparaissent des registres, le plus souvent fusillés ou envoyés dans des camps. 1937 marque l'accentuation de la politique entreprise.
Accélération de la répression
En août 1936, Staline fait juger Kamenev et Zinoviev et 14 autres personnes, accusés d'avoir constitué un "centre terroriste trotsko-zinoviéviste", déjà responsable de l'assassinat de Kirov, et qui complotait d'assassiner Staline et la plupart des membres du Politburo, pour restaurer le capitalisme avec l'aide de fascistes allemands et japonais. Les preuves sont visiblement truquées ; en particulier celles attestant une rencontre entre les fils de Trotski et les accusés.
En septembre, Staline fait remplacer Iagoda par Ejov à la tête du NKVD pour renforcer la répression.
L'étape suivant date de la session du Comité Central de février-mars 1937 où, après des débats houleux, Staline, Molotov, Ejov finissent par l'emporter sur les partisans d'une ligne modérée. Ils obtiennent la tête de Boukharine et Rykov, aussitôt arrêtés (leur ancien collègue Tomski s'était suicidé). En mars 1938, Boukharine, Rykov, Iagoda passent à leur tour en procès. Par la suite Toukhatchevski et six autres maréchaux sont également jugés sommairement et exécutés. L'armée est décimée.
Ejov poursuit la basse besogne durant toute l'année 38.
Lettre de Boukharine à Staline, le 14 octobre 1930
« Je considère que tes accusations sont une calomnie monstreuse, insensée, sauvage et, en fin de compte, imbécile.
La vérité est que, malgré tout ce que l'on m'a fait endurer je reste à vos côtés, aux côtés de nous tous, même si chaque jour que Dieu fait vous me repoussez. La vérité est que je supporte des humiliations inimaginables.
La vérité est que je ne réponds pas, mais je ne me laisse pas briser quand on me calomnie... C'est parce que je ne te lèche pas le cul et que je ne t'écris pas des articles à la Piatakov que je suis un "terroriste" ? Eh bien, dis-le ouvertement ! Mon Dieu, dans quel monde infernal de fous vivons-nous ! Et toi, au lieu de t'expliquer tu suintes de méchanceté envers moi, moi qui ne vis que pour une idée :
aider à tirer la télègue [charrette] dans laquelle nous sommes tous embarqués, mais sans me transformer en lèche-cul, car des lèche-cul il y en a beaucoup et ce sont eux qui nous causent tant de mal !»
Les camps ou goulags
Les déportations des koulaks dans les années trente et l'arrestation des opposants remplissent les goulags. Les prisonniers sont utilisés pour l'exploitation des ressources (bois, diamant, or) des régions inhospitalières du Nord et de la Sibérie, où le régime juge trop coûteux d'employer une main d'oeuvre salariée. Les zeks sont aussi utilisés dans les grands travaux du type des canaux Volga-mer Blanche ou Volga-Moscou.
Bilan chiffré
Conquest estime la population des camps à 8 millions en 1938 : prenant ensuite ce chiffre comme moyenne annuelle pour les années 1936-1950, et un taux moyen des décès annuels de 10 %, il conclut qu'il y a eu quelque 12 millions de morts dans les camps durant cette période. A quoi il faut ajouter environ un million de personnes fusillées entre 1937 et 1939. Au bout du compte, si nous ajoutons à ces chiffres l'estimation la plus basse des victimes de la collectivisation, 6 millions, nous obtenons un total général approchant les 20 millions de morts pour raisons politiques sous le règne de Staline. L'économiste Alec Nove, qui multiplie les précautions, aboutit à une estimation comparable. Ce chiffre de 20 millions de victimes du stalinisme est le plus couramment admis en Russie.
D'après Martin Malia, La Tragédie soviétique, Seuil
Re: Staline , 1878- 1953
Un fait non négligeable toujours peu mentionné: les Alliés ont longtemps minimisé l'idéologie hitlèrienne pour faire tampon contre la Russie de Staline, et quelques années plus tard, ont appuyé/laissé faire Staline pour faire pression sur le Front Est (au passage, bien vu pour le pacte germano soviétique n'est-il pas).
Encore une fois, la Realpolitik sait parfois s'accorder de menus détails humains.
(et avant que ça finisse en pugilat, je ne fais de leçon à personne, mais quitte à mentionner les contextes historiques, certains articles pourraient y aller jusqu'au bout )
Par ailleurs, sémantiquement, beaucoup de gens ont tendance à utiliser "trotskiste" en lieu et place de "stalinien" (comme insulte j'entends). Ca ne fait pas vraiment sens.
Encore une fois, la Realpolitik sait parfois s'accorder de menus détails humains.
(et avant que ça finisse en pugilat, je ne fais de leçon à personne, mais quitte à mentionner les contextes historiques, certains articles pourraient y aller jusqu'au bout )
Par ailleurs, sémantiquement, beaucoup de gens ont tendance à utiliser "trotskiste" en lieu et place de "stalinien" (comme insulte j'entends). Ca ne fait pas vraiment sens.
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