La Chine entre en crise
Page 1 sur 1
La Chine entre en crise
vendredi 19 décembre 2008
La Chine entre en crise
La Chine entre en crise
(*) Institut Ricci de Taipei.En décembre 1978, la Chine adoptait officiellement la « politique de réformes et d'ouverture ». Voulu par Deng Xiaoping, développé progressivement, ce tournant changeait radicalement le pays et lui donnait une place nouvelle dans le monde. Trente ans plus tard, tout a changé... et est arrivé le choc de la crise financière mondiale.
C'est désormais officiel : la Chine est, elle aussi, entrée en crise. Les dirigeants insistent sur les dangers sociaux que l'augmentation du chômage fait courir au pays ; la diminution de la demande mondiale menace les industries d'exportation, au coeur du développement récent du pays (40 % du produit intérieur sont créés par l'exportation). En conséquence, les paysans qui travaillaient en ville devront, pour la plupart, rentrer chez eux, alors que l'agriculture souffre déjà d'un excès de main-d'oeuvre. D'autre part, les banques ont vu la proportion de prêts à risques augmenter de façon dangereuse. Et le gouvernement espère relancer la consommation, au moment où le réflexe de chacun est de consolider son épargne...
Il serait plus juste de dire que « la crise entre en Chine »... Car le pays souffre d'abord de son imbrication dans l'économie mondiale. Les États-Unis ont souffert du recours effréné au crédit, de l'absence d'épargne, de la complexité des instruments financiers... À l'inverse, la Chine est toujours restée un pays d'épargnants (les ménages épargnent au moins 25 % de leurs revenus...) et les places boursières restent peu développées.
Cependant, la Chine a ses faiblesses : le développement économique n'a pas créé un nombre satisfaisant d'emplois stables, le marché du travail souffre d'une inadéquation entre les compétences demandées et le profil des demandeurs d'emploi. Les institutions financières souffrent de l'interventionnisme étatique, qui peut entrer en collision avec la logique économique. La très mauvaise couverture publique des soins de santé rend les consommateurs plus prudents, voire anxieux...
Deux thèses s'affrontent : les uns disent que les ressources et la taille du marché intérieur, l'importance des investissements que les autorités publiques sont à même de consentir, ou encore l'extrême flexibilité du marché de l'emploi offriraient des correctifs suffisants pour que la Chine supporte la crise.
D'autres, à l'inverse, affirment que l'immaturité du marché chinois, les disparités régionales, la nécessité impérative de maintenir un taux de croissance élevé sans lequel la stabilité sociale est menacée, vont rendre la Chine plus vulnérable. On en saura plus à la fin de janvier, juste avant le Nouvel An chinois, lorsque les entreprises apurent leurs comptes.
Jusqu'à présent, le gouvernement chinois a plutôt pris les bonnes décisions : le programme de relance maintient le cap sur le développement durable, valorisant les investissements liés à l'assainissement des eaux ou à la dépollution. Du moins en théorie. Au niveau local, la logique du « sauve-qui-peut » fait souvent préférer les mesures à court terme à celles qui préparent la mutation du modèle de développement.
C'est sans doute la fin des trente glorieuses pour la Chine, ¯ la fin de la croissance accélérée. Mais, alors que, vers 1974, l'Europe s'avéra incapable de trouver un véritable modèle alternatif à celui qui avait soutenu son essor dans l'après-guerre, la Chine est encore en mesure de se réformer en profondeur, de remplacer la croissance rapide par la croissance durable. À condition que le Parti ne sacrifie pas les indispensables réformes à la sauvegarde de son pouvoir.
Sujets similaires
» La crise attise le ressentiment social en Chine
» Crise de la dette : duel à distance entre Royal et Aubry
» Crise financière internationale : Les Marocains, premières victimes de la crise économique en Espagne.
» Crise financière - La crise dure, les salaires vont baisser
» Crise financière - DSK : comment le FMI veut contrer la crise
» Crise de la dette : duel à distance entre Royal et Aubry
» Crise financière internationale : Les Marocains, premières victimes de la crise économique en Espagne.
» Crise financière - La crise dure, les salaires vont baisser
» Crise financière - DSK : comment le FMI veut contrer la crise
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum