Bye bye Arlette, hello Nathalie

ÇA BOUGE même au sommet de Lutte ouvrière. Hier matin, à l’issue de son traditionnel congrès annuel à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Arlette Laguiller a présenté celle qui, durant la prochaine campagne des élections européennes en juin, aura la lourde tâche de lui succéder au poste de porte-parole nationale.


Une transmission de témoin qui ne dit pas son nom pour l’éternelle Arlette, âgée de 68 ans : sextuple candidate à l’élection présidentielle (un record), Laguiller, touchée par l’usure, a raté sa dernière sortie en 2007 avec un tout petit 1,33 %.

Il était donc urgent de préparer l’avenir. Hier, la première femme candidate à une élection présidentielle (1974) a annoncé la désignation de Nathalie Arthaud, 38 ans, comme porte-parole nationale pour la prochaine campagne. Une « Arlette bis » : même cheveux courts et une étrange ressemblance avec la Laguiller des années Crédit lyonnais, il y a maintenant plus de trente ans.

« Il ne s’agit pas d’une mise en retraite »

Pur produit de l’organisation marxiste-léniniste tendance Révolution d’Octobre où elle est entrée à l’âge de 18 ans, cette enseignante en économie-gestion à Rilleux-la-Pape (Rhône) a déjà épaulé Laguiller lors de la dernière présidentielle. Dotée d’un certain franc-parler, « elle animera les meetings et répondra aux médias », selon Michel Rodinson, l’un des membres de la direction de Lutte ouvrière.

Un tour de piste qui prend l’allure d’un premier test grandeur nature sur la route de l’échéance suprême, la présidentielle 2012. En effet, Arlette l’a déjà répété maintes fois : il ne faudra pas compter sur elle une septième fois. « On a envie de renouveler », s’est contentée de dire hier l’ex-députée européenne dont la candidature en Ile-de-France en juin reste en suspens. Sur le terrain du renouvellement, les frères ennemis de l’ex-LCR (aujourd’hui Nouveau Parti anticapitaliste) ont aujourd’hui pris une longueur d’avance avec le facteur Olivier Besancenot. Sans changer, LO prend le risque d’être définitivement « ringardisée » et marginalisée. Si hier Laguiller a déjà transmis le flambeau, Arlette, toujours populaire dans l’électorat, reste membre de la direction du parti. « Il ne s’agit pas d’une mise en retraite de la vie politique », prévient Rodinson. D’ailleurs, lors de sa conférence de presse, l’égérie trotskiste gardait sa verve pour attaquer « les tares du capitalisme sénile de l’époque impérialiste » ou encore la classe capitaliste « entièrement parasitaire, nuisible pour l’économie et pour la société ». Mais les beaux jours de son tube « Travailleurs, travailleuses… » semblent bel et bien comptés.