L'Afrique se désindustrialise depuis 50 ans, déplore Alpha Oumar Konaré

Le temps est venu de diversifier l'économie africaine pour inverser les facteurs de son déclin industriel amorcé depuis cinquante ans, a plaidé jeudi à Addis-Abeba, le Malien Alpha Oumar Konaré, président sortant de la Commission de l'Union africaine.

« La diverifiation de l'économie conditionne la reconquête des marchés africains », a affirmé M. Konaré qui se réjouit que les conflits aient cédé la place aux questions de développement avec la tenue de ce dixième sommet de l'UA consacré au thème de l'industrialisation de l'Afrique, avec la participation d'une trentaine de chefs d'Etat.


« Les matières premières, pour abondantes qu'elles soient, ne sont pas transformées en Afrique mais exportées en produits semi-finis vers d'autres pays mieux outillés et plus équipés pour en tirer l'essentiel de la croissance de leurs économies, a encore dit le président Konaré.

Il s'étonne que deux périodes durant, 1981-1990 et 1991-2000, aient été consacrées à des décennies de l'industrialisation de l'Afrique « sans résultats probants », regrettant que le «20 novembre de chaque année, célébré Journée de l'industrie de l'Afrique » soit une « journée désormais quelconque ».

Le thème de cette présente Conférence des chefs d'Etat a été un prétexte pour l'Union africaine pour convier aux travaux la direction de l'Organisation des Nations unies pour le Développement industriel (ONUDI) qui est présentie pour livrer des recommandations éprouvées.

La part globale de l'Afrique ne représente que 1% dans l'industrie mondiale, ce que déplore le président Kufuor en dépit des efforts consentis par nombre de pays pour asseoir les bases d'une industrialisation.

Le président Kufuor soutient par ailleurs que l'objectif d'industrialisation de l'Afrique est inscrit dans l'Acte constitutif de l'UA que tentent de traduire dans les fait le Nouveau partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) et le Plan d'action stratégique de l'Union africaine.

MM Konaré et Kufuor, dégageant des vues similaires, soulignent les paradoxes d'un continent bien doté en ressources naturelles et où la pauvreté est presque endémique.

Les deux hommes en appellent a une « attention sérieuse de la question de l'industrialisation du continent africain » et considèrent le projet Inga au Congo avec un potentiel de 40.000 mégawatts comme illustratif de ces paradoxes en Afrique où l'énergie fait défaut, privant deux tiers de la population d'électricité.

Evoquant la conjoncture internationale, le président Konaré a estimé à 10% la part de l'Afrique dans les réserves mondiales de pétrole et de gaz, avisant que sans une « politique hardie de vigilance », le baril à 100 dollars aujourd'hui pourrait coûter le double alors que les ressources africaines seraient épuisées.

Il a exploré les voies du nucléaire civil, de l'énergie atomique ou solaire pour appeler les chefs d'Etat à encourager la création d'Agences dans ces domaines en mettant à contribution les compétences africaines et de la diaspora pour relever les défis de l'indépendance de l'Afrique.