et encore une université !

Sarkozy impose l'unité au menu de l'UMP

Judith Waintraub
04/09/2008 | Mise à jour : 21:00 | Commentaires 5 .

Le «campus» du parti présidentiel commence vendredi soir à Royan.

On est mieux ici qu'en face : voilà la banderole que l'UMP pourrait afficher à l'entrée de son «campus», qui s'installe vendredi soir à Royan. Nicolas Sarkozy, le grand ordonnateur de cette université d'été qui ne dit pas son nom, a demandé à ses lieutenants de marquer leur différence avec le cimetière des éléphants socialistes, dont les Français ont pu voir les images à La Rochelle, le week-end dernier. Le chef de l'État a expliqué à l'état-major de son parti, réuni à l'Élysée lundi, ce qu'il convenait de démontrer : «L'UMP a un leader, elle a un projet, elle parle de la France. Le PS n'a pas de leader, pas de projet, et il ne parle que du PS.»

D'où les consignes de l'Élysée. La première d'entre toutes : pas de querelles de personnes. Quand on a la chance d'avoir un chef incontesté, comme l'est Nicolas Sarkozy à l'UMP, on ne se disperse pas dans des batailles subalternes. Le président ne veut pas entendre parler ce week-end des rivalités entre le secrétaire général Patrick Devedjian et ses adjoints, des bisbilles entre Devedjian et Jean-Pierre Raffarin, vice-président du conseil national de l'UMP, du duel entre Raffarin et Gérard Larcher, candidat, comme l'ex-premier ministre, à la présidence du Sénat, le 1er octobre. D'ailleurs, de retour de Syrie où il accompagnait le chef de l'État, Patrick Devedjian s'est empressé de faire savoir : «Il n'y aura pas de remaniement de la direction de l'UMP dans les temps prochains, parce que, d'abord, nous avons d'autres préoccupations.»

Sarkozy refuse, aussi, que la préparation des régionales gâche l'ambiance. Roger Karoutchi, Valérie Pécresse et Yves Jégo, les trois ministres qui briguent la tête de liste UMP en Ile-de-France, se sont inscrits à des «chats» thématiques à Royan. Le président va les recevoir ce matin à l'Élysée pour qu'ils circonscrivent leur compétition aux limites autorisées par la solidarité gouvernementale.


À la rescousse de Martin Hirsch

Nicolas Sarkozy a aussi de­mandé à ses ministres les plus en vue de défendre mordicus la nouvelle taxe qui doit financer le RSA (revenu de solidarité active). Rama Yade, qui avait déjà été sollicitée par l'Élysée la semaine dernière, Brice Hortefeux et Xavier Bertrand, entre autres, vont donc venir demain à la rescousse de Martin Hirsch.

Clairement, l'université d'été socialiste de La Rochelle a joué pour l'UMP le rôle de repoussoir. Ce week-end, tout a été fait à Royan pour mettre en avant à la fois "l'unité" et le caractère festif du "campus" de la droite. Les Jeunes Populaires, venus en force, ont rivalisé d'imagination dans les drapeaux, les chants et les tee-shirts bariolés aux couleurs de leurs champions : orange vif pour les supporters du maire de Nice Christian Estrosi, inscription "Morano, what else ?" inspirée du célèbre slogan d'une marque de café à la gloire de la secrétaire d'Etat à la Famille, etc.

Dans cette ambiance de kermesse, les ministres présents à Royan se sont faits proches des participants, posant pour des photographies ou accueillant à leur table des jeunes militants. Et pendant que les têtes d'affiche martelaient à tout-va la consigne d'unité, les Jeunes Populaires ont voulu faire preuve d'imagination pour attirer les nouveaux adhérents - comme leur nouveau président, Benjamin Lancar, étudiant à HEC, qui a annoncé devant Patrick Devedjian l'intention du mouvement de lancer "une UMP lycées, une UMP campus".

Le "Campus", "c'est plus dynamique, c'est vrai que ça booste"

Un regret pour les jeunes participants : l'absence de Nicolas Sarkozy. Mais son fils Jean a fait une apparition remarquée, volant même la vedette aux ténors de la majorité. En jouant la surprise : "J'essaie de venir simplement, vous m'accueillez d'une manière un peu surprenante, je n'en demande pas tant, j'essaie de rester à ma place", a-t-il déclaré aux journalistes. Pour le deuxième fils du président de la République, il s'agissait simplement de partager "un moment sympa", qui marquait aussi "l'occasion de donner la parole à des gens qui ne l'ont pas nécessairement tout le temps, les jeunes du parti".

Pour le jeune président du groupe UMP-NC au conseil général des Hauts-de-Seine, qui a fêté ses 22 ans lundi, le "Campus" 2008, "c'est plus dynamique, c'est vrai que ça booste un petit peu et que c'est de nature à remobiliser. J'ai jamais été franchement attaché aux formats genre politburo, où on a une série de discours avec ceux qui parlent et ceux qui écoutent. Là ce qui est marrant c'est que les militants sont davantage impliqués. C'est cela qui compte, c'est pour ça que je suis là".

D'après agence