Auch. L'hôpital recrute en Europe de l'Est

Le docteur Patrick De Chirée témoigne des difficultés que rencontre l'hôpital d'Auch pour recruter les médecins dont il a besoin.
.Le 1er octobre, une neurologue roumaine et un anesthésiste bulgare prendront leurs fonctions à l'hôpital. Après trois mois de pratique, « un premier point » sera fait à l'issue duquel ces praticiens pourront (pourraient) prolonger d'un an. Ensuite leur titularisation deviendrait possible. « Il s'agit de deux médecins à part entière » précise Patrick de Chirée, président de la commission médicale. La greffe prendra-t-elle ? Réponse ces prochains mois.

Le centre hospitalier est confronté à la pénurie. Sur les 17 postes de médecins spécialistes qui sont libres, ou vont se libérer incessamment, six vont être pourvus. Pour les onze autres, c'est la bouteille à l'encre. « La grave pénurie médicale concerne aussi les médecins hospitaliers. A Auch, s'y ajoute le fait que l'hôpital a ouvert il y a 35 ans et que les jeunes médecins d'alors ont maintenant l'âge de la retraite » explique le docteur de Chirée qui se dit particulièrement soucieux pour la radiologie, la cardiologie, la pneumologie et la réanimation. «
On a l'argent, les postes sont budgétisés mais pas de candidats. C'est d'autant plus inquiétant qu'avec la TAA, tarification à l'activité, si cette pénurie entraîne une baisse d'activité, il se pourrait que le jour où l'on aurales candidats, les moyens financiers fassent défaut ». Avec la direction et la communauté médicale du centre hospitalier, Patrick de Chirée mène une campagne « volontariste » de recrutement. Campagne force 9 comme le nombre de « pistes ouvertes » pour faire savoir que l'hôpital recrute. Publications, site internet, contacts serrés avec les CHU de Toulouse et Bordeaux, infos destinées aux facs de médecine, aux internats, rencontres avec des médecins exerçant dans des hôpitaux qui doivent fermer : aucune piste n'est négligée…

« Nous mettons en avant la qualité de vie ici mais aussi celle du plateau technique de notre hôpital. Sa situation financière s'est pratiquement équilibrée, il ne court aucun risque de regroupement et travaille complémentarité avec la seule clinique de la ville ».

Parmi les neuf pistes, c'est celle du recours à un cabinet de recrutement spécialisé qui a permis d'intéresser la médecin roumaine et son confrère bulgare. « Ce cabinet recrute surtout en Roumanie, Bulgarie et Tchéquie » précise le docteur de Chirée qui déplore comme beaucoup de confrères que la pénurie médicale de notre pays puisse avoir pour conséquence « la fuite des élites » de tels pays émergents. Mais « l'urgence », est telle que l'hôpital d'Auch comme déjà beaucoup d'autres, se doit d'agir avec pragmatisme. Tellement qu'il n'est pas exclu que les responsables médicaux et administratifs de l'établissement prennent à l'occasion la direction de tel ou tel de ces pays pour tenter d'aller y recruter les candidats manquants. Au nombre de neuf en cette fin d'été, de onze en fin d'année, si la neurologue roumaine et le réanimateur bulgare, pour convenances personnelles ou toute autre raison, rendaient leur blouse blanche.