Une entrevue intéressante d'Attali.
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Une entrevue intéressante d'Attali.
Jacques Attali : "Pour l'économie, la crise est un tsunami qui approche"
Il y a un an, éclatait la plus grave crise financière depuis 1929. Depuis, elle affecte inexorablement l'économie mondiale. Auteur d'un rapport destiné à "libérer la croissance française", remis à Nicolas Sarkozy en janvier, et ancien président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Jacques Attali juge que cette crise démontre l'impossibilité de laisser la finance se réguler seule.
Un an après le déclenchement de la crise, quels enseignements en tirer ?
Cette crise a démontré qu'on ne pouvait pas laisser la finance se réguler elle-même. Le système financier a été un instrument génial pour organiser la globalisation, le transfert depuis les pays qui ont de l'épargne vers les pays où investir.
La titrisation (une innovation financière qui a permis aux banques de transférer les risques de crédit aux marchés) en a été l'un des outils. Mais à partir du moment où il n'a plus été au service de l'économie de marché mais au service de lui-même, pour réaliser des profits, le système a dérapé et il n'y avait personne pour l'en empêcher.
Aurait-on pu l'éviter ?
Si l'on avait écouté ceux qui disaient depuis deux ans que c'était de la folie de laisser se développer sans contrôle des produits tels que les CDS (Credit Default Swap), les ABS (Asset Backed Securities) et tous les instruments des subprimes, on aurait empêché les banques de se refinancer à coût nul et de transférer leur risque sur le marché. Mais, dans la mesure où les régulateurs étaient les banques elles-mêmes, il était difficile de leur demander de se tirer une balle dans le pied.
La crise va-t-elle mettre un terme à cette finance folle ?
Le plus vraisemblable est que le système financier s'en tirera en reportant sur d'autres le solde de ses erreurs.
Nous sommes au moment où l'on commence à faire payer le contribuable par des nationalisations directes ou indirectes comme au Royaume-Uni à travers la nationalisation de Northern Rock, ou comme on s'apprête à le faire aux Etats-Unis, avec la nationalisation de Freddie Mac et Fannie Mae, deux géants du crédit immobilier dont les dettes sont égales à 50 % de la valeur du total des dettes américaines.
Les épargnants pourraient payer la facture via l'inflation, qui dévalorisera leurs créances et donc leur patrimoine.
Que faut-il faire pour éviter la répétition d'une telle crise ?
Il est urgent de mettre de l'ordre dans la finance. Aujourd'hui, certains pays, comme les Etats-Unis - en accordant plus de pouvoir à la Réserve fédérale (Fed) - commencent à le faire. Il s'agit de mettre en place des régulateurs nationaux publics qui ne soient pas en conflits d'intérêt avec ceux qu'ils contrôlent.
On ne peut s'arrêter là, d'autant que la réglementation américaine, qui a parfois imposé ces règles au monde entier, notamment pour les normes comptables "mark to market" qui obligent à évaluer les actifs financiers à leur valeur de marché, a fait partie de la catastrophe.
Nous sommes dans une économie globalisée et il faudra, à un moment ou un autre, trouver des accords internationaux pour passer à une réglementation mondiale et éviter la folie précédente.
Qui pourrait assurer ce rôle de régulateur mondial ?
Le Fonds monétaire international (FMI) devrait être ce régulateur. Aujourd'hui, il a perdu son rôle, car les pays endettés du Sud ou d'ailleurs, qui ont justifié sa création, ne le sont plus. Le FMI doit retrouver une fonction. C'est un sujet sur lequel une conférence internationale devrait réfléchir d'urgence.
L'action des banques centrales a-t-elle été adéquate ?
Le rôle des banques centrales, en particulier ceux de la Banque centrale européenne et de la Réserve fédérale américaine, a été remarquable en injectant des liquidités dans le système financier.
Est-ce que cela suffira ? Il y a encore devant nous une série de restructurations bancaires à mener et les banques centrales pourraient se trouver à court de munitions. On risque alors de passer du régulateur bancaire au régulateur fiscal. Et là encore, le contribuable devra payer.
Doit-on craindre une contagion de l'économie réelle ?
C'est un tsunami qui approche. Certains espèrent qu'il passera au large sans affecter l'économie réelle, mais on voit déjà, aux Etats-Unis et en Europe, que nous aurons une croissance zéro en 2009. En espérant que cela ne soit pas pire.
Toutefois, le potentiel en Occident demeure considérable grâce à la croissance démographique, au progrès technique et aux réserves de productivité. Je suis convaincu que 2010 devrait être une année de fort retour à la croissance pour ceux qui auront gardé leur sang-froid.
Faut-il craindre les fonds souverains d'Asie ou du Moyen-Orient venus au secours des banques occidentales ?
Il y a deux types d'acteurs très différents. Ceux qui profitent d'une rente pétrolière et ceux qui disposent de richesses nouvelles liées à leurs capacités exportatrices, comme la Chine. Aujourd'hui, tout l'argent du monde se trouve entre les mains de ces fonds souverains. Ils sont devenus des investisseurs sophistiqués. Pour la plupart, ils sont des acteurs utiles et pratiquent un capitalisme patient. Nous sommes les cigales ; ils sont les fourmis. Même si l'on ne peut exclure que certains d'entre eux aient des ambitions politiques plus ou moins acceptables.
Sont-ils le symbole d'un rééquilibrage du Nord vers le Sud ?
Cela fait longtemps que l'on sait que le pouvoir économique est en train de basculer à l'Ouest, vers le Pacifique, en passant par le Moyen-Orient. Dans les années 1980, on pensait déjà que le Japon deviendrait une superpuissance économique. Et puis les Etats-Unis ont su se relever.
Les cartes ne sont pas définitivement distribuées : le progrès technique reste encore très largement entre les mains de la puissance américaine où se concentrent la plupart des chercheurs, de l'innovation et la puissance militaire. La bascule du pouvoir prendra encore du temps.
Propos recueillis par Alain Faujas et Claire Gatinois
Le Monde.fr
Après avoir mis les taxis dans la rue, il veut mettre DSK grand régulateur mondial Pas mal sinon.
Invité- Invité
Re: Une entrevue intéressante d'Attali.
Il ne faut pas être expert pour deduire que ce sont les contribuables qui paieront !!
Sinon , oui , son papier est plutôt bon , normal , on sait qu'Attali est doué pour la finance , et qu'il est plutôt finaud sur ce sujet .
Sinon , oui , son papier est plutôt bon , normal , on sait qu'Attali est doué pour la finance , et qu'il est plutôt finaud sur ce sujet .
Re: Une entrevue intéressante d'Attali.
Il y a beaucoup de point avec lesquels je ne suis pas d'accord et Attali reste floue sur les proposition en matière de régulation financière. Pourtant cette régulation est nécessaire... Je ne met pas l'action de la FED et la BCE sur le même plan... La politique de la FED a permis d'évacuer une partie de la crise sur l'europe via la BCE. Ceci est illustré aujourd'hui par la baisse prévisible de l'euro avec statu quo de la BCE sur les taux d'intérèt. On a payé par une baisse de croissance, une fiscalité, et une baisse des exportations la crise américaine.
Bref, je ne vois pas comment on peut réguler sans outil et comme toute la classe politique semble oublier l'importance de la régulation et bien on est pas dans la merde.
Pas de régulation sans:
action contre les paradis fiscaux
Taxation des IDE
Définition des risques et des produits
Mise en place d'une police financière du micro au macro
Coopération juridique
action contre les PF
Réforme de la BCE
saco
Bref, je ne vois pas comment on peut réguler sans outil et comme toute la classe politique semble oublier l'importance de la régulation et bien on est pas dans la merde.
Pas de régulation sans:
action contre les paradis fiscaux
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Invité- Invité
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