quand Hadopi cafouille !

«J’étais furieux quand j’ai reçu ce courrier » : Robert Tollot, 54 ans, professeur de sciences économiques et sociales au lycée François-Mauriac de Forez (Loire), vient d’être convoqué par la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), pour récidive de téléchargement illégal.
Il lui est reproché d’avoir successivement téléchargé des morceaux de musique de « David Guetta, puis Rihanna », explique-t-il. Des faits qu’il conteste toutefois avec vigueur.
« Quand j’ai reçu la première lettre, en novembre 2010, j’ai cru qu’ils faisaient du zèle, et j’ai répondu par écrit en expliquant qu’il y avait erreur », soulignant même que cette musique n’était « pas sa tasse de thé ». Idem au second avertissement. Il contacte alors l’Hadopi, qui lui conseille de vérifier que sa connexion est bien sécurisée. Ce qu’il a fait, avec un verdict positif. Est-il piraté? « Forcément! » répond l’intéressé, qui ne dit maîtriser Internet que « petitement ». Il reçoit finalement un troisième courrier hier matin. « On m’accuse d’avoir téléchargé le film Iron Man 2, alors que je ne sais même pas comment on fait! »
L’Hadopi a été mise en place le 31 décembre 2009 dans le but de dissuader et de punir les téléchargements illégaux sur Internet. Une organisation qui prévoit une riposte en trois temps : un premier avertissement par courriel est d’abord envoyé au fraudeur; le second est assorti d’une lettre recommandée s’il récidive. Au troisième courrier, la faute est sanctionnée d’une amende de 1500 € et d’une suspension de l’abonnement Internet.
Ce qui ressemblait au début à une blague s’est transformé en véritable cauchemar pour ce professeur. « J’ai l’impression d’être rentré dans un engrenage infernal », raconte-t-il, excédé de devoir se rendre à Paris « à ses frais ». Convoqué en septembre devant la Haute Autorité, que nous n’avons pas réussi à joindre hier, il a la possibilité de repousser la date, mais ne peut éviter le déplacement. « J’habite à plus de 500 km de Paris, c’est énorme, surtout pour une telle erreur! »
Lundi dernier, la Haute Autorité contre le téléchargement a rendu publics les premiers résultats chiffrés de son action. Plus de 18 millions d’infractions ont été constatées à ce jour. Par manque de moyens, seulement un million ont donné lieu à des demandes d’identification des adresses IP; 470000 premiers avertissements ont été adressés par courriel. La seconde étape, la lettre recommandée, n’a concerné que 20000 internautes, parmi lesquels une dizaine ont été désignés passibles de poursuites.