Ces diplômes qui enseignent la laïcité

Parmi les sujets abordés lors du débat sur la laïcité organisé cette semaine par l'UMP, figure la création d'un «diplôme sur la laïcité». La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a défendu l'idée d'un diplôme pouvant s'adresser à toutes les personnes qui sont en charge des cultes, «mais aussi aux directeurs de ressources humaines ou aux agents du service public».

Au moins quatre institutions ont devancé cette proposition.

L'Institut européen en sciences des religions a créé, à Paris, un master professionnel «Religions et laïcité dans la vie professionnelle et associative», en 2008, qui accueille une vingtaine de personnes. Les profils sont extrêmement variés. On y compte des professeurs chargés d'enseigner le «fait religieux» à l'école, des personnes qui veulent passer des concours administratifs ou travailler dans le secteur de la santé. L'institut organise aussi des formations courtes, à la demande, pour la fonction publique territoriale, les milieux hospitaliers ou encore des magistrats ou des personnels de la protection judiciaire de la jeunesse, soit au total plusieurs centaines de personnes par an qui risquent d'être confrontés à la question de la laïcité dans leur vie professionnelle. «Nous avons aussi de plus en plus de demandes de la part de responsables de ressources humaines qui doivent prendre en compte la diversité culturelle dans leur entreprise», raconte Isabelle Saint-Martin, la responsable pédagogique.

Droit des religions

L'université d'Aix-Marseille offre un diplôme essentiellement juridique, quand l'Institut catholique de Paris et l'université de Strasbourg s'intéressent spécifiquement à la formation des cadres musulmans. Ils sont cette année vingt-quatre élèves inscrits au diplôme universitaire «religions et sociétés», à la «Catho» de Paris, essentiellement des aumôniers de prisons ou d'hôpitaux, des responsables associatifs et des imams qui suivent des cours de sciences politiques ou de laïcité. Soixante-dix personnes ont été diplômées depuis la mise en place de cette formation, il y a trois ans, à la «Catho», appelée à la rescousse par les pouvoirs publics, car les universités publiques parisiennes se refusaient à assurer une telle formation.

L'université de Strasbourg a cependant décidé à son tour de franchir le pas à partir de septembre 2011. Son diplôme universitaire sera créé «pour les cadres musulmans mais on peut imaginer que des pasteurs évangéliques s'y inscrivent un jour», explique Francis Messner, directeur de recherche au CNRS.

Au programme : droit des religions ou cours sur les libertés publiques. L'université a déjà mis en place en 2009 un master en islamologie sans que cela fasse de bruit. À terme, elle entend également créer un master de finances islamiques. «C'était sans doute l'université publique la plus paisible pour créer de tels diplômes», explique le professeur Messner. On y trouve deux facultés de théologie catholique et protestante comptant 1.000 étudiants. Une exception française liée au régime concordataire d'Alsace-Moselle.