Le vote électronique s'invite à l'université

Lundi 28 septembre, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi autorisant la mise en place d'un vote électronique pour les élections aux conseils centraux des universités - conseil d'administration, conseil scientifique, conseil des études et de la vie universitaire -, ces trois instances qui dirigent les établissements.

Avec sa proposition de loi, le député UMP Arnaud Robinet souhaite améliorer le taux de participation aux élections, car seulement 15,7 % des étudiants se mobilisent chaque année. Un taux jugé trop faible, qui risque s'il se perpétue d'"affaiblir la légitimité des conseils". Egalement concernés par la loi, les universitaires participent pourtant de trois à cinq fois plus.

Pour le Snesup (FSU), le syndicat majoritaire des enseignants-chercheurs, c'est une "entrave à la démocratie". Pour l'UNEF, Valérie Pécresse risque d'être "l'Ali Bongo de la démocratie universitaire". Pour le Parti socialiste, ce n'est tout simplement pas une "priorité"... Le vote électronique dans les universités irrite donc tout le monde. "A priori, ce texte va cependant dans le sens de l'histoire, relève Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d'université. Les étudiants accueillis aujourd'hui dans les universités sont tous des "natifs du numérique"."

Selon un sondage Opinion Way publié en juillet par le ministère de l'enseignement supérieur, 79 % d'entre eux seraient d'ailleurs favorables à la mise en place d'un vote électronique.

Facultatif

Selon Valérie Pécresse, la ministre de l'enseignement supérieur, venue défendre le texte devant les députés, ce système multiplie les avantages : il coûterait 15 % de moins que le vote classique, serait plus écologique, plus transparent, et surtout, il resterait facultatif. "Chaque université est libre de choisir le mode d'élection qu'elle retient : elle a le choix entre le vote papier traditionnel ou le vote électronique. La proposition de loi n'oblige personne", a déclaré la ministre.

Cependant, pour le Snesup, "le vote électronique ne garantit ni contre les fraudes ni contre les pressions. Il pose aussi le problème de la sûreté et de la confidentialité des votes, sans parler du risque de bug électronique." Pis, pour l'UNEF, la disparition des bureaux de vote classiques risque à terme de transformer les campus en déserts démocratiques...

Ce nouveau mode de scrutin, que le Sénat doit encore valider, devra sans doute s'accompagner d'une nouvelle façon de militer. Electroniquement.
Philippe Jacqué

Anna a écrit:éDémocratiquement"?
Encore une fois, c'est la démocratie au rabais, à savoir des gens qui ne connaissent ni les enjeux ni le sujet des élections étudiantes mais qui vont voter quand même, alors que celle du CEVU par exemple est quand même très importante pour les étudiants...Et évidemment, le but caché est le scrutin sur les blocages.