La Rochelle , c'est parti !!!

Il est presque midi, à l'espace Encan. Dans deux heures, c'est le lever de rideau à La Rochelle. On s'active à l'extérieur. On branche des fils, on installe des tentes devant la salle des conférences. Comme chaque année, en habitué, Remi Lefevbre a installé sa librairie avec ses classiques du parfait petit militant socialiste. Il vend aussi des cartes postales à l'effigie des personnalités du PS. Elles font tous les ans un carton. Une militante en saisit une : la scène est d'anthologie. Autour d'une table sont assises Aubry, Guigou et Royal. La photo sent le sépia. Elle est des années 1980. Quand les trois énarques démarraient en politique dans les cabinets ministériels ou à l'Elysée.Et travaillaient main dans la main. "Si tu arrives à leur faire signer aux trois, à avoir leur autographe sur le même papier, je t'offre l'apéro", se marre Lefevbre, auteur entre parenthèses d'un ouvrage intitulé "Le socialisme pour les nuls." C'est dire si l'unité socialiste est un vieux souvenir... Rendez-vous cet après-midi pour prendre la température de cette université d'été. Royal et Aubry ouvrent les festivités. Elles seront côte à côte sur la photo. C'est déjà un début.

« Une rénovation en profondeur du PS » sans tabou. Voilà ce qu'a annoncé Martine Aubry, vendredi, à l'université d'été du Parti socialiste, à la Rochelle . «La refondation des idées du PS est indissociable de la refondation du parti alors cette rénovation, on va y aller, de A à Z, de C comme cumul des mandats jusqu'à P comme primaires», a lancé la première secrétaire sous un déluge d'applaudissements.
La maire de Lille, qui n'a rompu que très récemment son silence sur les primaires, a dévoilé un calendrier et le mode d'emploi de cette révolution de l'organisation du PS. Une consultation des militants socialistes sera organisée le 1er octobre pour «fixer le cap du changement». Ensuite, le parti tiendra une convention nationale extraordinaire de modification de ses statuts «avant l'été 2010».
Lors de cette consultation du 1er octobre, les militants se prononceront sur la question des primaires ouvertes pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle de 2012, a souligné la première secrétaire, qui a répété être favorable à ce principe. «Dans notre intérêt général, ces primaires doivent être une opportunité pour nous afin de conduire un grand mouvement populaire et non pas un problème entre nous», a rappelé l'édile de Lille, qui espère pouvoir décider des modalités de ces primaires ouvertes «sûrement au premier semestre 2011». Nous déciderons des modalités tous ensemble», a-t-elle insisté, ajoutant qu'il fallait discuter avec «toutes les forces de gauche» et «non pas en décidant nous-mêmes à la place des autres».
Les militants livreront également le 1er octobre leur opinion sur le non-cumul des mandats.

Après un été sous tension, les socialistes se retrouvent comme chaque année à La Rochelle pour leur université d'été, avant de changer de lieu l'année prochaine peut-être. Un rendez-vous qui donnera la tonalité de la rentrée et de la marche vers 2012.


• Martine Aubry : s'imposer
Après des débuts difficiles, Martine Aubry doit affirmer son autorité. Elle avait prévu de s'appuyer sur La Rochelle pour montrer qu'avec elle, le PS s'était remis au travail et avait renoué le contact avec la société civile. La pression d'Arnaud Montebourg sur les primaires et de Vincent Peillon sur les alliances a changé la donne. Martine Aubry a déjà pris position sur les primaires. Elle est toujours attendue sur le rapprochement avec le MoDem. Projet du parti, stratégie d'alliance, primaires… Elle doit baliser la route du PS jusqu'en 2012. Et réussir à l'imposer au parti.

• Ségolène Royal : passer

Ségolène Royal (ici à Nantes en mai dernier)a prévu de ne pas s'attarder à la Rochelle. Crédits photo : Le Figaro

La présidente de Poitou-Charentes ne veut surtout pas donner l'impression qu'elle s'implique dans les affaires internes du PS. Pour Ségolène Royal, la vérité est ailleurs qu'à La Rochelle. Tout juste a-t-elle prévu une rencontre avec les adhérents de Désirs d'avenir vendredi soir. Pour le reste, elle ne s'attardera pas et a prévu de ne participer à aucun atelier, malgré les propositions. Elle laisse Martine Aubry gérer la rentrée, comme elle l'avait laissée gérer la campagne des élections européennes : à distance. Le discours d'accueil qu'elle prononce aujourd'hui en tant que puissante invitante lui permet toutefois de garder le contact avec le PS.

• Les «éléphants» : exister
Mis à part Dominique Strauss-Kahn, ils seront tous là : Laurent Fabius, Bertrand Delanoë et François Hollande. Après la charge des quadras sur les primaires, ils ont dû prendre position. Le ralliement de l'ancien premier ministre et du maire de Paris a certes pesé dans la décision de Martine Aubry d'accepter le principe de primaires ouvertes mais pour le coup, ils ont donné l'impression de suivre le mouvement plus que de l'impulser. Quant à l'ancien chef du PS, son opposition au principe de primaires ouvertes n'a que peu perturbé le parti. Face à la violence des quadras, le poids de leur parole s'est émoussé. Ils doivent montrer qu'ils peuvent encore influer sur les décisions du parti. Ils ont tous prévu de réunir leurs amis durant le week-end, quitte à relancer le jeu des courants.

• Les quadras : faire pression
Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon n'ont pas grand-chose en commun, sauf d'avoir la quarantaine et de vouloir faire bouger le PS. Valls, député maire d'Évry, devenu la bête noire de Martine Aubry, se voit candidat. Pour Peillon, député européen, il s'agit de prolonger le coup réalisé le week-end dernier à Marseille. C'est lui qui a remis au centre des discussions la question de l'alliance avec le MoDem. À voir s'il peut imposer le débat à La Rochelle. Pour Montebourg, député et président du conseil général de Saône-et-Loire, l'objectif est de passer à l'étape suivante dans la préparation des primaires, puisque la première secrétaire a donné son feu vert. Pour Hamon, porte-parole du parti, il faut plutôt éviter un glissement vers le centre du PS.

• Les invités : négocier
Aucun centriste n'a été invité à La Rochelle, pas plus que le NPA d'Olivier Besancenot et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a refusé de faire le déplacement. Mais Verts, communistes, radicaux de gauche et amis de Jean-Pierre Chevènement entendent ré-ouvrir les discussions avec le PS sur les alliances. Ce sont les Verts qui se montrent les plus exigeants. Cécile Duflot, vexée de ne pas être reçue en tête à tête par Martine Aubry, a ainsi décidé de ne pas participer au déjeuner organisé par la première secrétaire samedi, avec tous les représentants de la gauche. Les commu nistes rediront aux socialistes leur hostilité à une alliance avec le centre.

• Les militants : travailler
Ils sont environ 3 500 inscrits et sans doute un peu plus qui passeront à l'espace Encan, où se déroule l'université d'été. Les militants socialistes sont venus travailler sur le projet. «Il y a une attente. C'est maintenant ou jamais», explique une responsable du Mouvement des jeunes socialistes. Les séances les plus courues sans doute, samedi, porteront sur «La crise et après» et «penser l'avenir».

Paris-plage ? La comparaison est avancée par certains journalistes présents aux universités d'été du Parti socialiste à La Rochelle, tant l'ambiance de ce samedi est calme. Oubliés, du moins en apparence, les tensions de cette annus horribilis 2009. Vendredi, la première secrétaire a réussi un coup tactique : en annonçant d'emblée, dans son discours d'ouverture, qu'elle organiserait une consultation des militants sur la question des primaires, mais aussi qu'elle comptait ouvrir les chantiers du cumul des mandats ou de la parité, elle a coupé l'herbe sous le pied et le souffle - des contestataires.

On attendait une rentrée socialiste musclée, menée tambour battant par une jeune garde du PS impatiente d'en découdre avec les éléphants. Au final, personne n'ose prendre le risque de critiquer le consensus autour de la volonté de réforme affichée par la première secrétaire et plébiscitée par les militants. Pierre Moscovici, arrivé vendredi soir, est reparti samedi midi après avoir fait dédicacer son livre, sans grand bruit. Arnaud Montebourg, loin de son habituel style flamboyant, fuit parfois littéralement les caméras. Manuel Valls est venu faire un simple tour avant de repartir. Vincent Peillon est là il a même dû organiser en plein air la réunion de sa tendance faute de salle disponible -, mais reste loin des journalistes.


«Un air nouveau souffle sur le parti »

La direction, en revanche, ne se gêne pas pour se faire entendre. Jean-Christophe Cambadélis passe ainsi une bonne heure sur le parvis devant l'entrée de l'Encan, la salle où se déroulent les universités d'été, à répondre aux interviews, dans un style totalement contraire à son habituelle verve. Loin des petites phrases assassines qu'il est d'habitude prompt à lancer sur ses adversaires, le député de Paris se félicite du discours «apprécié» de Martine Aubry et de «l'air nouveau» qui souffle sur le parti. La veille, Jean-Christophe Cambadélis s'est payé le luxe, sur son blog, d'appeler les «rebelles» Valls et Peillon à rejoindre la direction du PS.



Cécile Duflot et Martine Aubry, samedi après-midi à La Rochelle. (Bob Edme / AP) Crédits photo : AP

L'ambiance est studieuse. Les 4.000 participants à ces universités d'été sont au travail dans les différents ateliers thématiques. Dans l'après-midi, Martine Aubry crée l'événement en quittant une assemblée en compagnie de Cécile Duflot, première secrétaire des Verts. Entourées d'une nuée journalistes, les deux femmes refusent de parler alliances ou primaires et se contentent d'afficher leur amitié. Cécile Duflot en profite pour lancer un petit tacle à Ségolène Royal, qui a critiqué la veille la taxe carbone qui sera mise en place à l'issue du Grenelle de l'environnement.

Les voix discordantes se font rares. François Rebsamen, interrogé par lefigaro.fr, se distancie du consensus ambiant en rappelant qu'Aubry n'a fait que «prendre le train en marche» sur les primaires. Arrivé samedi matin, François Hollande a également fait entendre timidement - sa différence, en expliquant : «Il ne s'agit pas simplement de dire : primaires, primaires, primaires ! Il s'agit de choisir rapidement une modalité qui permette à la gauche de se rassembler et de gagner». Ce qui, pour l'ancien premier secrétaire, passe par une recette simple : «Elire un socialiste».


Paix armée

Au prix des primaires et d'une réforme du parti, Martine Aubry a acheté la paix, au moins pour la rentrée. La maire de Lille a promis «d'y aller à fond» dans la transformation de la vieille maison socialiste. En aura-t-elle le courage et les moyens ? Apparemment, les règles de non-cumul de mandats ne seront pas appliquées pour les régionales. La question d'une éventelle alliance avec le Modem reste également en suspens, la première secrétaire ayant renvoyé la balle dans le camp de François Bayrou.

C'est donc une paix armée que s'est offert la première secrétaire. A la première occasion, au premier désaccord - et ils sont fréquents au PS -, la tension risque de remonter. Mais la maire de Lille a montré qu'elle était de taille à l'affronter. En donnant pour la première fois une vraie feuille de route aux militants, Martine Aubry a enfin endossé le rôle de première secrétaire que certains désespéraient de lui voir porter.

Incroyable ! Le PS avait un chef, et personne ne le savait. Mieux encore, ce chef, en l’occurrence, une sacrée cheftaine, est heureuse de diriger les socialistes, ravie de les conduire aux régionales, radieuse de les mener sur le chemin escarpé de la « rénovation de A à Z ». Bref, Martine Aubry prend du plaisir à la tâche. Tel est, en gros, le message de l’opération de communication montée par la première secrétaire du PS depuis le début de l’université d’été de la Rochelle. Evénement : Martine a souri ! La rénovation est en marche…



Depuis neuf mois, on doutait que la maire de Lille ait jamais eu envie de se retrouver à la tête du bateau ivre de Solférino. Elle n’avait été candidate, à l’issue du calamiteux congrès de Reims, que poussée voire contrainte par ses amis avec pour seule mission de faire barrage à Ségolène l’hérétique. Elle n’avait été élue que d’une poignée de voix dans des conditions douteuses et contestées. Et depuis, Martine Aubry avait récolté une raclée aux européennes du 7 juin et s’était appliquée à maintenir le PS dans un coma profond : rien, pas une décision d’envergure pour sortir les socialistes de la nasse, pas l’ombre d’un travail programmatique pour secouer une pensée social-démocrate moribonde, pas même l’esquisse d’une réflexion collective par rapport aux conséquences de la grande crise. L’encéphalogramme désespérément plat du parti avait conduit le turbulent Arnaud Montebourg à juger que le PS ressemblait « de plus en plus à la RDA ». Et puis voilà qu’à la Rochelle, Martine Honecker se prend pour Gorbatchev… Elle se rallie d’abord aux primaires dites « ouvertes », procédure que les socialistes ont fâcheusement tendance à prendre pour une solution alors qu’il ne s’agit que d’un outil. Aubry promet ensuite d’en finir avec le cumul des mandats, pour le plus grand malheur des « cumulards » professionnels qui l’entourent à la direction (Claude Bartolone, François Lamy, etc). Mieux encore, elle discute de façon apaisée avec les journalistes qu’elle a reçu vendredi soir pour un «cocktail dinatoire » en plein air dans une ambiance détendue… digne d’une fête de la Fraternité de Ségolène !


Jusqu’à ce que l’on ose aborder la question du Modem… Etonnant comme celle qui gère la mairie de Lille main dans la main avec les centristes se crispe dès qu’on évoque l’éventualité d’un rapprochement entre le PS et le Modem. Martine Aubry croit bon démentir une nouvelle fois qu’elle avait voté Bayrou au premier tour de la présidentielle de 2007 et fustige le double langage et les manœuvres du patron du Modem. Fascinante rigidité quand on songe au milieu et à la formation intellectuelle dans laquelle a baigné Martine Aubry, pétrie de références chrétiennes-démocrates et fille d’un Jacques Delors qui n’a jamais craint, lui, de songer tout haut à ce big bang là qui verrait un centre émancipé de la droite participer à la constitution d’une nouvelle majorité progressiste…

Comme si elle avait encore et toujours des gages à donner pour conforter sa légitimité à la tête du parti, Martine Aubry ne veut pas en entendre parler. Et préfère s’en prendre de nouveau…aux journalistes coupables, forcément coupables, de ne prêter attention qu’aux questions de personnes et aux petites phrases assassines. Mais au fait, n’est-ce pas Martine Aubry elle-même qui avait jugé bon envoyer au journal Le Parisien la lettre comminatoire de mise en demeure qu’elle avait adressé au trublion Manuel Valls début juillet ? A La Rochelle, la presse est priée d’assister à l’éclosion de l’aubrysme visage humain. Si l’effort est louable, la métamorphose n’est pas encore accomplie. Et rien ne garantit qu’au final, la jovialité soit le stade suprême du socialisme…

franline a écrit:Dejà entre Valls et Hamon il y a un grand écart idéologique naturel..... comment peut-on voir deux genres si opposés dans le même parti ?

pwalagratter a écrit:Vous arrivez à lire ces articles ? Franchement on s'en tape complètement de leur vie depuis 2002.
Quelle position peut on avoir face à ces situations pathétiques. Ils ont totalement décrédibiliser l'idée qu'un autre monde était possible. On les attend sur le q uotidien des gens, ils se font la guerre entre eux. Et les journalistes contents de nous relayer ça.

livaste a écrit:Personne n'a dit qu'il n'y avait pas de guerre dans les autres partis , cela va de soi dans tout parti démocratique , et j'en conclus que tu peux dormir tranquille sur tes 2 oreilles , c'est pas quelque chose qui arrivera au NPA !

livaste a écrit:oui , des discussions comme au bon temps du pc stalinien , vous " discutez " et vous votez à mains levée ce que veux le grand penseur !!et si certains ne votent pas, c'est l'exclusion !!( pour le moment , si vous aviez le pouvoir ce serait la goulag) !!