Attention à la pénurie de pièces automobiles

Des pièces en rupture de stock, d’autres qui tardent à venir dans les garages et les concessions. Les garages autant que les clients commencent à trinquer. Et ce n’est sans doute pas fini… « Le 10 février, le rétroviseur gauche de mon Citroën Berlingo a été cassé sur un parking. Le lendemain, j’ai appelé le garage pour qu’on puisse me le changer.

On est début mars et l’échange n’a toujours pas eu lieu. Mon concessionnaire m’indique qu’il n’y en a pas en stock. Qu’il ne sait pas quand il sera livré. Il est déclaré indisponible. C’est quand même incroyable… » Alain est en colère. Ce fidèle de Citroën, qui a acheté sa nouvelle voiture à l’automne, est presque dans l’illégalité. « On n’a pas le droit de conduire sans rétros. Le garage l’a bien rafistolé, mais je dois me pencher pour voir. C’est quand même fou que sur une voiture à 18 000 €, il faille bientôt plus d’un mois pour un rétroviseur, alors qu’il doit s’en casser des centaines chaque mois…»

Un sujet presque tabou

Chez les professionnels de l’automobile, le sujet est presque tabou. Mais presque tous reconnaissent, à demi-mots, que les approvisionnements en pièces détachées peuvent devenir « tendus, difficiles ou impossibles ». « Le plus pénible, c’est qu’on ne peut pas donner de délais aux clients. »
Stéphane, magasinier dans une concession Renault en Saône-et-Loire, est catégorique : « Depuis le début de l’année, ça devient impossible. Il y a des pièces qui n’arrivent plus. J’attends un capot de voiture utilitaire depuis le mois de décembre. Le client est furieux. Et puis, depuis la dernière semaine de février, j’ai commandé six batteries. Elles ne sont pas en stock et personne ne peut dire quand elles vont arriver. Et c’est aussi vrai pour plein d’autres pièces. » Le problème est donc bien réel.
Patron de la concession Citroën d’Autun (Saône-et-Loire), Jean-Pierre Lemaitre tempère : « Il y a toujours eu des pièces qui étaient en attente. C’est peut-être un peu plus fort aujourd’hui et c’est vrai que c’est agaçant. Car si les pièces ne sont pas là, ça fait du travail en moins à l’atelier. » Un effet domino qui affecte toute la filière de l’automobile. Les garages, mais aussi les transporteurs. « Ce qui est inquiétant, c’est qu’avec toutes les mesures de chômage partiel chez les équipementiers et les constructeurs, ce n’est peut-être pas demain que la situation va s’améliorer. La filière est grippée et durablement », juge un magasinier d’Opel en Bourgogne.