Delanoë cherche sa place dans le PS d'Aubry

Bertrand Delanoë n'a pas disparu. Pas complètement. Absent de la scène socialiste depuis le congrès de Reims et son échec à conquérir le parti, le maire de Paris ne nie pas une certaine forme de retrait des affaires du PS. «À partir du moment où je n'étais plus en situation de leadership, je me suis recentré sur Paris. Il faut laisser la direction du parti occuper l'espace, y compris Martine», explique-t-il. Après Reims, Bertrand Delanoë a donc quitté le bureau national du parti où il siégeait depuis onze ans. «Je ne suis plus actif de la même manière. Je suis plus discret, certes, mais cela ne m'empêche pas de rester tout à fait engagé», assure-t-il.

D'autant que ses proches sont nombreux à appartenir à la direction de Martine Aubry. À l'instar d'Harlem Désir, l'un des nouveaux hommes forts du parti. «Avec Harlem, ils ont des échanges réguliers, comme avec Martine Aubry, d'ailleurs. La ligne est loin d'être coupée», assure un proche de Delanoë. Il continue à entretenir des contacts réguliers avec Lionel Jospin, mais aussi avec beaucoup de figures du PS. «Je vois tout le monde», résume-t-il.

Un sage actif ? «Sa fonction de maire de Paris ne fait pas de lui un préretraité de la politique», rétorque Harlem Désir. Bertrand Delanoë s'est au contraire beaucoup impliqué dans la composition des listes du PS pour les élections européennes. Arrivé en deuxième position lors du vote des motions, derrière Ségolène Royal, mais devant Martine Aubry, il a pesé de tout son poids pour que ses proches soient représentés à la hauteur des résultats de sa motion. Jusqu'à provoquer la colère de ses alliés et l'explosion de son courant. Les amis de François Hollande et de Pierre Moscovici sont partis en accusant les delanoïstes de ne pas les avoir suffisamment défendus.

«Silence médiatique»

Mais peu importe. Bertrand Delanoë veut s'impliquer dans la campagne des européennes. Il est sollicité pour prendre la présidence du comité de soutien de la liste conduite par Harlem Désir en Ile-de-France. Le 13 mai, il sera l'un des principaux orateurs, avec Martine Aubry, du meeting du PS au Cirque d'Hiver. Il envisage aussi d'aller soutenir Kader Arif dans le Sud-Ouest et Vincent Peillon dans le Sud-Est.

Bref, Bertrand Delanoë n'est pas inquiet. Plutôt serein, même. Dans les sondages, il figure toujours parmi les personnalités politiques préférées des Français. Le dernier palmarès Ipsos des leaders politiques que publie mardi Le Point le place en deuxième position derrière Rama Yade. «Et pourtant, j'observe un relatif silence médiatique, fait-il remarquer. Vous voyez bien que je n'ai pas besoin de m'agiter.» Tout juste envisage-t-il une prochaine intervention médiatique, mais sans en avoir encore choisi le thème. Peut-être l'Otan. Ou alors l'Europe. À moins que ce ne soit la crise financière. De toute façon, Bertrand Delanoë a maintenant le temps de réfléchir. Et de voyager. Il s'est récemment rendu dans quatre pays du Golfe pour y rencontrer ses homologues internationaux et s'apprête à partir pour Istanbul, où il assistera à la réunion de l'association internationale des élus locaux. Pour polir sa stature internationale en vue de 2012 ? «Je ne me situe pas dans une perspective personnelle. La question de la personne n'a aucun intérêt aujourd'hui», assure-t-il. C'est aussi ce qu'il disait avant sa candidature pour le congrès de Reims.