Obamania sur le web

Entre prince charmant, Hercule et une figure du divin, un nécessaire héros

"Adroit, ouvert, ferré, éveillé, strict, convenable, pertinent, sensé, fidèle, serein, magnanime, hâlé, brun, cuivré, doré..." ( Fox ) : la liste des qualificatifs élogieux est longue. On note la gradation finale qui résout le débat sur la couleur de la peau, évacué dans des connotations strictement positives ( fran parle de "caramel"). Le physique d'Obama séduit : "J'ai été émue et lorsque je l'ai vu sourire, parler, marcher...", ( fran ), "beau gosse" selon prudente , "Je me laisse gagner par le charme : il est grand, il est beau, il sourit", ( jean) , son caractère plaît ( claudine le dit "doté d'une force morale et mentale hors du commun"). "Quelle fraîcheur ; c'est télégénique, ça fait du bien, c'est irrationnel et je me prends à rêver" ( du beton ). Il est l'avatar de figures très populaires de combattants historiques, dont le plus cité est Martin Luther King, et réincarne l'idée que "tous les hommes naissent libres et égaux en droits" ( willibord oomen ).

Et comme on s'accorde sur la nécessité du rêve, car "avant d'entrer dans la réalité, les grands moments de progrès sont tous passés par l'utopie" ( bapou ), ou parce que "qui n'a pas de rêve, n'a pas d'ailes", ( MelomanV de Madagascar dit citer Cassius Clay), il apparaît comme la "réalisation" du rêve de Martin Luther King ( s1234bea , stelinka ...). L'espoir renaît "comme le phénix de ses cendres" ( comlany ), Obama "donne la force" ( mildred ) (maître Yoda ?), l'énergie, l'air : "une ruade salutaire pour lui et pour le monde. Une bouffée d'air pour une planète déprimée", ( Shaman ).

"M. Obama représente beaucoup plus qu'un président", ( fanfan ), on le comprend : son avènement est "plus grand que le petit pas sur la Lune, car il changera beaucoup plus de choses", ( alboran , rejoint par anja ), et Théo Héikay, pour définir "la nouvelle esthétique de l'espoir", propose le mot " earthrise (lever de Terre)".

On attribue ainsi parfois au nouveau président une mission universelle (très difficile, "Hercule en son temps aurait pris la fuite devant la tâche"), c'est-à-dire que chacun prie pour la réalisation de son propre rêve : "Qu'il inspire le monde entier", ( Habidine ) se décline en "J'espère que la Palestine sera un État indépendant et libre" ou "Il nous fera, nous Africains, gagner la Coupe du monde de football". Et "Que Krishna le protège !", demande Madana Mohini devi dasi .

Un Américain, juste un Américain

Pour autant, voilà la perception dominante dans ce forum : "Faut pas rêver, Obama est avant tout américain", ( jvernet ). "Il ne sera pas le messie pour la planète comme beaucoup voudraient l'espérer", ( Hendrick ). "Il ne faut pas oublier qu'Obama n'est ni un Afro-Américain, ni un métis, mais un Américain. Il va mener une politique américaine et privilégiera avant tout son pays et les intérêts de celui-ci", ( Abner de Sabatier ).

Alors, vous invitez à ramener Obama à la juste mesure d'un homme politique, auquel vous reconnaissez des qualités utiles politiquement : "Il est un homme politique. Il semble être un bon politicien et un idéologue intelligent. C'est cela qui doit compter", ( fred ), "un tribun pragmatique", ( jag86 ), "jeune, intelligent et dynamique", ( Homo sapiens ), "un homme intelligent, tenace, courageux et mesuré", ( Alpha78 ) ; "Je crois en sa capacité de discernement", ( deepsound ). "Il est apaisant B. Obama, très intelligent avec une verbalisation compréhensible par tous et proche des gens", ( jean ). La perception de l'individu se fait ici plus globale, entre "un mec qui a l'air sympa" (gefo) et "celui-là a une sacrée classe" ( pautreb ).


Phil ajoute à cet homme politique issu de l'immigration noire une qualité : Obama est "sans complexe", tout "dans le geste et le verbe", il est "posé, calme" ; c'est que Barack Obama "ne nourrit pas le complexe intériorisé d'autres brillants politiques venant de la communauté noire" et n'a pas leur "crispation" ni leur "arrogance".



Pronostics réservés

Premier type de réaction, vous opposez un silence contestataire : "Je n'en pense absolument rien, ni dans un sens, ni dans l'autre. Reposez votre question dans quatre ans s'il vous plaît", ( françois ) ; "Que pensez-vous d'Obama ? Que pensez-vous de l'inconnu ?", ( point de vue ) ; "Posez-moi de nouveau cette question dans 4 ans", ( Robbon ). Soit en termes imagés : "Attendons, c'est au pied du mur que l'on voit le maçon", ( coco ).

Deuxième type de réaction, vous en appelez à la prudence, car pour l'instant, l'image du nouveau président américain est purement médiatique : "Il n'y a que l'avenir qui nous dira si Barack Obama est un vrai homme d'État avec une vision claire pour le futur de son pays ou s'il n'est qu'un beau parleur, un superbe outil de communication", ( siaramed ). Et si tout de même, quelques actes sont déjà observables, ils ne sont pas toujours enthousiasmants : "M. Obama n'a même pas changé le style des campagnes à l'américaine, où l'on parle de tout sauf du programme. Pour un début de changement, c'est déjà raté. La seule chose qui risque véritablement de changer, c'est qu'on ne pourra plus jamais dire qu'on n'aura pas essayé", ( No Future ).


Troisième type de réaction : une désolidarisation de l'euphorie ambiante, voire du pessimisme. L'élection est passée, fini le temps du faste des symboles et du marketing de la communication de campagne. L'action politique commencera, dans les mois prochains, avec "quelques mesures sociales pour remercier les communautés de leur soutien", mais les marges de manoeuvre sont bien minces pour "résorber les poches de pauvreté qui sont à l'échelle de ce vaste et prodigieux pays" et de "l'ampleur sans précédent du séisme financier" qui l'accable. "Le réveil sera rude." Et ce sera "First America". "Et ensuite ?" ( OK ).

"Je n'en pense absolument rien, ni dans un sens, ni dans l'autre. Reposez votre question dans quatre ans s'il vous plaît", ( françois ) ; "Que pensez-vous d'Obama ? Que pensez-vous de l'inconnu ?", ( point de vue ) ; "Posez-moi de nouveau cette question dans 4 ans", ( Robbon ). Soit en termes imagés : "Attendons, c'est au pied du mur que l'on voit le maçon", ( coco ).