la Marseillaise sifflée laisse des traces

Cet employé municipal de Savigny-le-Temple a eu une énorme frayeur. Jeudi dernier, un homme a tenté à plusieurs reprises de l’écraser, vraisemblablement du fait de ses origines arabes. Le chauffard, un habitant de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), a été interpellé et condamné hier à dix-huit mois de prison dont neuf avec sursis pour ces violences avec arme (son véhicule) en récidive et en raison d’une appartenance ethnique.



A sa sortie de prison, l’individu devra être suivi psychologiquement et effectuer un stage de citoyenneté, afin « d’apprendre les vertus de la tolérance dans notre société », a souligné le président du tribunal correctionnel de Melun.

Toute l’affaire est partie du fameux match de football France-Tunisie, mardi dernier, avant lequel « la Marseillaise » a été sifflée. Le prévenu l’a vécu « comme une déclaration de guerre » et a « pleuré devant sa télé ». Deux jours après, le chauffeur-livreur stoppe sa camionnette à hauteur d’un employé municipal de Savigny-le-Temple qui tond la pelouse. D’emblée, il lui demande s’il est arabe.

« J’ai cru qu’il allait me tuer »

« J’avais du temps à perdre et envie de discuter du match France-Tunisie avec quelqu’un. Je lui ai demandé s’il avait sifflé la Marseillaise . Là, il s’est énervé et je me suis senti menacé. Moi j’avais toujours été correct avec lui », raconte le prévenu. « Il m’a dit qu’il fallait que les Arabes se regroupent et qu’il allait s’occuper de nous, qu’il était légionnaire, déclare la victime, très choquée. Puis, il est remonté dans son camion et a foncé sur moi à plusieurs reprises. J’ai couru. J’ai cru qu’il allait me tuer. »

Une version confirmée par un témoin qui a relevé la plaque du chauffard. La victime a réussi à se réfugier derrière des plots empêchant le passage d’un véhicule. « Je n’ai jamais souhaité lui faire de mal, c’est lui qui est passé devant mon camion », répond le prévenu d’une voix calme, son visage n’exprimant aucune émotion.

Selon l’expert psychiatre, il ne présente aucun trouble. « J’ai rarement vu un dossier comme celui-là, insiste la substitute du procureur. Il y a une démarche raciste chez ce monsieur, qui estime que le comportement honteux de quelques-uns engage toute la communauté maghrébine de France. » Elle avait requis une peine de trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis, avec mandat de dépôt.