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La crise , c'est aussi cela

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La crise , c'est aussi cela Empty La crise , c'est aussi cela

Message  livaste Lun 20 Oct - 8:29

crise , c'est aussi cela , pour cePrêt sur gage - Jour de crise chez "ma tante"


Reportage - Loin des clichés, le prêt sur gages du Crédit municipal de Paris est un service public humain, vital pour certains, et assailli depuis quelque mois.
93% des déposants récupèrent leurs biens, les autres sont vendus aux enchères publiques.

Olivier LEVARD - le 20/10/2008 - 09h55


"C'est où pour les bijoux ?", demande un jeune homme un peu perdu. "Ça s'appelle le prêt sur gages monsieur, c'est au fond de la cour à droite", répond du tac au tac un agent d'accueil d'une voix d'instituteur bienveillant. Bienvenue au Crédit Municipal de Paris, plus connu sous le nom de Mont-de-piété, ou tout simplement "ma tante" dans la gouaille parisienne. Le décor extérieur est cossu, un grand hôtel particulier de plusieurs milliers de mètres carrés au cœur du quartier historique du Marais. C'est jour de crise et la fête bât son plein. Depuis 9 heures 30, une cohorte de franciliens en difficulté financière vient y déposer ce qu'elle a de précieux.

Le principe est simple. Contre des objets de valeur, le "gage", chacun peut repartir avec un prêt en liquide qui permettra de faire face aux dépenses du quotidien. Avec un peu de chance, il pourra le récupérer quand viendront des jours meilleurs. Ici, on a compris que c'était "la crise" au mois d'avril lorsque les dépôts ont fait un bond de 30%, un regain d'activité qui ne se dément pas.

Marie, numéro 268

La salle de prêt sur gage ressemble à un hall d'aéroport un peu vieillot, rangées de chaise aux centre et guichets sur les côtés. "Payez vos heures de formation avec une montre", suggère une affiche au mur. L'ambiance est familiale mais curieusement calme, comme si patienter apaisait la cinquantaine de déposants. Un petit gamin blond court entre des saris colorés tandis qu'un jeune papa tout sourire éponge le biberon qu'il vient de se renverser sur les genoux. Entre ces murs, on parle toutes les langues de la planète ou presque et, comme à la sécu, chacun prend un ticket. Et son mal en patience : l'attente excède parfois les deux heures...

Marie a hérité du numéro 268. A 60 ans, c'est la deuxième fois qu'elle vient en quinze jours. La première a été un échec, la pendule familiale qu'elle avait apporté ne valait rien ou presque, en tout cas pour les experts qui estiment les objets. Marie traverse une mauvaise passe. Les 800 euros de loyer pour l'appartement qu'elle partage avec sa sœur handicapée lui enlèvent chaque mois la moitié de son salaire d'agent municipal. Deux crédits à la consommation plus tard accordés à la va-vite et une vente de bien sans cesse reportée et la voilà acculée à vendre l'argenterie familiale. "Ça fait mal au ventre, j'ai peur de me retrouver à la rue", confie-t-elle avant de se reprendre, presque honteuse: "Je fais partie des gens hyper privilégiés : j'ai un emploi ! ".

Dans le haut-parleur, les numéros qui s'enchaînent rythment l'attente. "257, guichet 6..." "949, guichet numéro 14..." "303, guichet 16..." "268, guichet 8" : c'est son tour ! Marie tire la valise à roulettes chargée de deux ménagères complètes, quelques ronds de serviettes et bibelots en métaux qu'elle espère précieux. L'accueil est chaleureux. Son interlocuteur toise une louche en argent massif et la présente même à ses collègues avant de la passer à l'expertise. La scène réjouit Marie qui repart patienter pleine d'espoir, en attendant le verdict.


Estimations à la chaîne

Derrière une cloison en bois, les trois experts "gemmologistes" récupèrent bagues, montres, et autres bracelets... Hyper concentrés, ils font de l'estimation à la chaîne sans piper mot, entre 30 secondes et quinze minutes par objet. Pour ne pas être influencés par l'éventuel bagout des clients, ils ne les voient jamais. Première étape, la recherche de poinçons qui témoigne de la pureté du métal. En cas de doute, c'est la vérification à l'acide. Le dernier jugement est esthétique, sur le travail de l'orfèvre. "Vous prenez, ça ? ", demande une main qui tend une grosse montre Seiko en métal brossé à travers une ouverture. Un regard suffira : "Non. C'est à quartz".

Marie aura un peu plus de chance, son argenterie est acceptée. Mais quand elle découvre le montant proposé, c'est la désillusion."120 euros ! Alors qu'une seule des ménagères m'en avait coûté 300...". Puis elle se ravise : "Je vais les prendre, c'est quand même 120 euros". Marie part donc avec cette somme en liquide et la ferme intention de récupérer son bien sous peu. Elle ne paiera pas cher pour le récupérer. C'est déjà ça.

Pas de retraite au Congo

Derrière elle, Cécile attend patiemment, avec l'air des habitués. Infirmière à l'assistance publique, elle vient depuis des années. Cette quarantenaire, mère de deux ados, s'en amuse : "C'est devenu une dépendance : chaque fois que je suis dans le rouge, j'apporte un bijou. Parfois, je viens même déposer un objet tout en récupérant un autre ! ". Elle aussi a essuyé des refus : "Ce bracelet que j'avais acheté à Barbes, par exemple, on m'a dit que c'était une imitation Cartier".

Le reste du temps les montants sont modestes. "On touche environ un tiers de la valeur réelle d'un produit. C'est peu mais très utile, surtout pour les immigrés. Ça me permet d'envoyer de l'argent à mes parents au Congo lorsqu'ils en ont besoin. Avec la guerre, ils ne touchent pas de retraite." Dès qu'elle touche une prime à son travail, elle vient récupérer ses effets. "Je veux absolument les garder, il y a des cadeaux auxquels je tiens et j'ai bon espoir de transmettre des bijoux à ma fille et ma future belle fille", dit-elle avec une fierté de maman qui rêve déjà de mariages. La simplicité des démarches et la sympathie du personnel lui ont fait aimer l'endroit. "Une fois je suis venue avec une écharpe du PSG et l'agent, visiblement fan, m'a décroché une estimation généreuse", s'amuse-t-elle. "Numéro 288, guichet 17". Au revoir, Cécile.

Philippe Sollers contre Jean-Jacques Debout

De l'autre côté de la cour, c'est la salle des ventes. Là où s'adjugent les 7% de biens que leurs propriétaires ne seront jamais allés récupérer. Aujourd'hui, dans cette grande pièce moderne et design, c'est vente d'or, des objets le plus souvent abîmés, qui valent surtout pour leur poids. Une assemblée clairsemée, pour la plupart composée de bijoutiers en costume cravate, est suspendue aux lèvres d'un commissaire-priseur. Des femmes en châle mettent un peu de couleur dans le tableau.


"660", "670 !","680", "10 ! ", "900" "10 ! ", scande un commissaire priseur au garde à vous, fines lunettes sur le nez et cravate couleur dollar. Il agite les bras comme un soldat automate au gré des enchères. Un sosie presque parfait de Philippe Sollers se dispute un lot avec un autre homme qui ressemble, vaguement celui-là, à Jean-Jacques Debout. "Bravoooo", "Oh la laaaaa", "Aaaaaaaaaaah, combiiiien ?", "Miiiiiille, c'est bien vu ! ", ponctue un assistant, volontiers cabot, qui arrache quelques sourires dans la salle.

"Adjugé! Monsieur au fond." On pense aux propriétaires de ces objets qui seront vraisemblablement fondus avant de connaître une seconde vie, autant d'histoires de crise, de nouvelles qu'on ne lira jamais. Les anecdotes heureuses ont plus de succès : on se les raconte dans les couloirs. Il y a quelques jours, une dame a apporté un ensemble de couverts qu'elle croyait en vermeil. C'était de l'or fin... Elle est repartie avec 15.000 euros.



Pour le peuple , la crise , c'est aussi cela .
certes , cela ne fait pas la une des quotidiens , comme le fait une perte extraordinaire d'une banque !
livaste
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