et maintenant , les pubications scientifiques seraient censurées
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et maintenant , les pubications scientifiques seraient censurées
"Science" et "Nature" s'interrogent sur la publication de travaux sur un virus mortel
LEMONDE.FR avec AFP | 20.12.11 | 22h08 • Mis à jour le 21.12.11 | 10h08
LEMONDE.FR avec AFP | 20.12.11 | 22h08 • Mis à jour le 21.12.11 | 10h08
Soucieuses de ne pas compromettre la sécurité publique, les revues américaine Science et britannique Nature ont indiqué mardi 20 décembre examiner la manière la plus adéquate de publier des travaux néerlandais sur un virus mortel de la grippe aviaire.
"La direction éditoriale de la revue Science prend très au sérieux la demande du Bureau national américain de la science pour la biosécurité (National Science Advisory Board for Biosecurity ou NSABB) de ne publier qu'une version abrégée du rapport de recherche sur une souche du virus H5N1 de la grippe aviaire", indique-t-elle dans un communiqué. Il s'agit des travaux du laboratoire néerlandais dirigé par le professeur Ron Fouchier au centre médical Erasmus de Rotterdam, qui avait annoncé en septembre avoir créé un virus mutant H5N1 potentiellement capable, pour la première fois, de se transmettre facilement entre mammifères et notamment entre hommes.
DES INFORMATIONS "ESSENTIELLES" POUR LA RECHERCHE
Le NSABB, constitué d'experts indépendants, a spécifiquement demandé le 30 novembre à Science "d'effacer des détails portant sur la méthodologie scientifique et les mutations spécifiques du virus avant de publier la recherche du Dr Fouchier", précise la revue américaine. Le virus créé par manipulation génétique est sensible aux antiviraux et à certains vaccins expérimentaux, ce qui fait que des informations sur ce pathogène "pourraient être essentielles pour accélérer le développement de nouveaux traitements afin de combattre cette forme mortelle de la grippe", poursuit Science.
"Le NSABB a insisté sur la nécessité d'empêcher des détails de cette recherche de tomber entre de mauvaises mains", précise la revue, qui, tout en soutenant la position de cet organisme fédéral, souligne "son inquiétude quant au fait de retenir des informations potentiellement importantes pour la santé publique et les chercheurs travaillant sur la grippe". "Les responsables éditoriaux de Science vont évaluer la meilleure façon de procéder", ajoute ainsi la revue. Et cela "dépendra en grande partie des procédures écrites et transparentes" qu'élaborent actuellement les autorités fédérales et qui sont destinées aux scientifiques qui voudront accéder aux informations non publiées, explique Science.
SANTÉ PUBLIQUE
Une porte-parole de l'Association américaine pour la promotion de la science, qui publie l'hebdomadaire international, a indiqué à l'AFP qu'une décision finale de la revue serait arrêtée d'ici à deux semaines. Un porte-parole de Nature a par ailleurs "confirmé dans un communiqué envisager de publier l'une des deux études sur le virus mentionné par le NSABB". Notant les "recommandations sans précédent de restreindre l'accès à des données et méthodes scientifiques et reconnaissant aussi en comprendre les motivations, Nature estime essentiel pour la santé publique que les chercheurs y aient accès", poursuit ce porte-parole.
Le NSABB a indiqué mardi dans un communiqué que le "gouvernement américain travaillait à établir un mécanisme qui permettra un accès sécurisé aux informations pour ceux en ayant un besoin légitime afin de remplir des missions importantes de santé publique". Selon le docteur Jean-Claude Manuguerra, de l'Institut Pasteur, la possibilité pour des bioterroristes de reproduire en laboratoire le virus tueur en se basant sur la communication du Pr Fouchier paraît faible vu de l'extrême complexité technique et du très petit nombre de laboratoires dans le monde ayant ces capacités.
Re: et maintenant , les pubications scientifiques seraient censurées
Virus mutant : des scientifiques mettent en garde contre la censure
LEMONDE.FR avec AFP | 21.12.11 | 20h06 • Mis à jour le 21.12.11 | 20h28
Censurer la science , il y a quelques siècles que cela n'a pas été fait !
LEMONDE.FR avec AFP | 21.12.11 | 20h06 • Mis à jour le 21.12.11 | 20h28
A la suite des mises en garde émises mardi par les revues Science et Nature, des scientifiques ont contesté mercredi 21 décembre le choix des autorités américaines de limiter, en invoquant le risque de bioterrorisme, la diffusion de travaux sur un virus mutant.
Si pour de "fallacieuses inquiétudes sur le risque de terrorisme, des petits groupes autodésignés commencent à censurer, cela entachera toute la communication scientifique", estime John Oxford (London Queen Mary's School of Medicine). "Le plus grand terroriste sur cette planète c'est notre mère Nature, c'est de cela qu'il faut s'inquiéter", ajoute, dans un entretien à l'AFP, cet expert. En créant un virus H5N1 potentiellement capable de se transmettre d'homme à homme, il a montré que la frontière était "ultra-mince" entre le virus infectant les oiseaux et les mutants possibles, estime le Pr Oxford.
Le Bureau national américain de la science pour la biosécurité (NSABB) a demandé qu'une partie des données ne soient pas publiées dans les revues scientifiques internationales Science et Nature. Seuls les scientifiques qui en ont "un besoin légitime" se verraient accorder un accès complet aux résultats. "C'est un mauvais jour pour la biologie et pour la science en général", résume sur son blog Vincent Racaniello, professeur de microbiologie à l'université de Columbia. Cette décision du NSABB "créé un précédent pour censurer de futurs résultats expérimentaux" utiles, regrette-t-il.
Les responsables éditoriaux de Science ont déclaré mardi qu'ils allaient "évaluer la meilleure façon de procéder", précisant que cela dépendrait "en grande partie des procédures écrites et transparentes" élaborées par les autorités américaines pour permettre aux scientifiques d'accéder aux informations non publiées.
UN SECRET DE POLICHINELLE
Pour Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur, Paris), spécialiste de la grippe, un tel système de publication "à deux vitesses, avec deux accès", c'est inédit. "Une publication, c'est public !", résume-t-il, estimant que "les revues essaient de ménager la chèvre et le chou". "Ça tourne un peu au cirque. Soit on publie, soit on ne publie pas", dit-il. "Il aurait fallu se poser la question avant, maintenant je crois que c'est trop tard. Une fois que la connaissance est générée, la censure a posteriori, ça ne sert à rien", tranche-t-il.
"C'est un secret de Polichinelle. Les choses vont se savoir de toute manière", a déclaré à l'AFP le chercheur qui juge "utiles" les résultats de l'équipe néerlandaise. Savoir que "le virus peut devenir contagieux de mammifère à mammifère et probablement d'homme à homme, cela légitime toutes les actions de santé publique faites pour éviter que la grippe aviaire se transmette", justifiant les "ressources allouées à cette lutte", explique-t-il.
Une fois la démonstration faite, les chercheurs devraient "détruire" le virus qui, selon lui, ne s'avère pas utile pour préparer un vaccin. Mais un usage des données à des fins terroristes est "très peu probable : je ne vois pas très bien qui pourrait essayer de refaire ce qu'ils ont fait. C'est très compliqué", déclare M. Manuguerra.
D'autres scientifiques s'étonnent que ce débat surgisse maintenant, alors que le dangereux virus de la grippe espagnole de 1918 avait été recréé en laboratoire et sa séquence génétique publiée en 2005.
Censurer la science , il y a quelques siècles que cela n'a pas été fait !
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