Météo : une tempête attendue pour la fin de semaine

Le coup de vent qui a touché la France dans la nuit de lundi à mardi est annonciateur d'une tempête attendue vendredi matin avec des vents de 140 km/h sur les côtes et de 100 km/h dans les terres. Un retraité est mort à Hendaye.

Le pire est à venir. Un coup de vent a touché la France dans la nuit de lundi à mardi avec des vents soufflant jusqu'à 120 km/h sur les côtes et 90km/h dans les terres. Un couple de retraités qui se promenait sur une digue à Hendaye a été happé par une vague. L'homme, âgé de 78 ans, est mort d'un arrêt cardiaque, et sa femme âgée de 71 ans est saine et sauve mais souffre de nombreux traumatismes. «Au niveau du vent, nous venons de connaître une petite mise en bouche, explique Jérôme Cerisier, prévisionniste à La Chaîne Météo*. Le flux d'ouest est très dynamique et devrait générer une série de coup de vents durant la semaine».

Après une courte accalmie mardi après-midi, un second coup de vent est ainsi attendu dans la nuit de mercredi à jeudi avec des vents de 100 à 120 km/h sur les côtes et de 80 à 90 km/h dans les terres.

140 km/h sur les côtes
Mais le vrai coup de vent est attendu pour vendredi matin avec un risque de tempête: des vents de 140 km/h sont attendus sur les côtes Atlantique et de la Manche et de plus de 100 km/h à l'intérieur des terres. «La dépression va se creuser en entrant dans la Manche et continuer à se creuser en se déplaçant vers le Bénélux, explique Jérôme Cerisier. Un fort courant jet (vent en altitude, ndlr) devrait également renforcer son activité».

Cette série de coup de vent est liée à la présence d'un vaste système dépressionnaire centré sur le nord de l'Écosse et qui étend son influence sur l'ensemble de l'Europe. Cette dépression mère génère des dépressions secondaires qui se creusent très vite et occasionnent les coups de vents à répétition des prochains jours. Cette tempête devrait toucher les côtes françaises dans la nuit de jeudi à vendredi puis le bassin parisien vendredi matin.

Le Sud va échapper à cet épisode dépressionnaire mais n'échappera pas à un fort mistral dès samedi. Enfin, le programme des réjouissances pour les jours à venir laisse imaginer les premières chutes de neige en pleine sur l'Est de la France, à l'arrière de la dépression.

C'est probablement la tempête de l'année. Le site de veille catastrophenaturelle.net estime déjà qu'elle sera, sur les îles britanniques, «sans doute équivalente à celle qui avait frappé la France en décembre 1999». La tempête Joachim, qui doit balayer la Grande-Bretagne et le nord de la France dans le nuit de jeudi à vendredi, n'a rien d'anodin. Météo Consult a ainsi placé jeudi matin 62 départements en alerte orange.




Pascal Scaviner, responsable des prévisions chez Météo Consult attend «des vents au moins supérieurs à 100 km/h sur toute la moitié nord du pays entre jeudi soir et vendredi matin». Les rafales pourraient atteindre 150 km/h sur le littoral et 130 km/h à l'intérieur des terres.

Les premiers vents violents de Joachim devraient toucher le Finistère jeudi en fin d'après-midi. Ils vont s'intensifier au fur et à mesure que la dépression se décalera vers l'est. Le centre de la perturbation suivra une trajectoire allant du nord de la Manche au sud du Danemark en passant juste au-dessous de Londres, selon les dernières estimations de Météo Consult.



«C'est une alerte orange de niveau supérieur pour le moment, mais qui pourrait devenir rouge, notamment pour les départements du littoral», appuie Pascal Scaviner. Une forte houle de supérieure à 8 mètres est en effet déjà en place au large des zones atlantiques et Météo Consult pointe du coup les risques de submersions à attendre dans la nuit de jeudi à vendredi dans les départements allant de la Charente à la Loire-Atlantique. «Rien à voir en intensité avec ce qui s'est passé pendant l'épisode Xynthia», rassure toutefois le prévisionniste, notamment en raison de coefficients de marées relativement faibles (75-78).

D'importants dégâts très probables
Les conséquences de cette tempête pourraient toutefois s'avérer importantes. «Aux vents et à la houle vont s'ajouter d'intenses précipitations. De nombreuses coupures d'électricité sont à attendre, notamment en Bretagne. Dans le pire des cas, le trafic ferroviaire pourrait être perturbé, ce qui peut vite prendre des proportions importantes en période de départ en vacances», souligne Pascal Scaviner. Sur tout le bassin parisien, les vents iront au moins à 70 km/h et ont «30 à 40% de chances d'atteindre les 120 km/h». L'intensité des dégâts dépendra très fortement de la rapidité des vents. «Au-dessus de 100 km/h, une différence de 10 km/h a un impact très important», explique le prévisionniste.

La Bretagne a déjà subi deux épisodes de vents intenses en deux jours, privant 6500 foyers d'électricité, dont 5000 dans le Finistère. À la mi-journée, 2800 de ces foyers n'étaient toujours pas raccordés au réseau, selon ERDF. Le Finistère le Morbihan et les Côtes d'Armor sont d'autre part placés jusqu'à jeudi matin en alerte orange submersion par Météo France. «Les surcotes ou surélévations du niveau de la mer pourraient être de l'ordre de 10 à 20 cm», avertit la préfecture du Finistère. «De très fortes vagues sont susceptibles de provoquer de très forts déferlements, phénomène aggravé par une houle avec une longue période (distance entre deux vagues ndlr)», appuie la préfecture.

Conséquence directe du passage de la tempête Joachim sur les côtes bretonnes, un cargo battant pavillon maltais et transportant du ballast s'est échoué sur le sable de la plage de Kerminihy, à l'embouchure de la Ria d'Etel (Morbihan), dans la nuit de jeudi à vendredi dans le Morbihan, après avoir dérivé. Résultat : du fioul s'est échappé d'une de ses cuves entraînant un début de pollution du rivage, qui reste très limitée, selon Marc Gander, chargé de communication à la préfecture maritime de l'Atlantique.
Une enquête judiciaire a été ouverte sur les conditions de cet accident et a été confiée à la section de recherche de la gendarmerie maritime à Brest. Les autorités laissaient entendre ce vendredi matin que le navire n'aurait peut-être pas du prendre la mer par ce mauvais temps.

Le plan Polmar a été déclenché quand une fuite d'hydrocarbures a été constatée sur l'une des cuves formant une nappe d'1 km sur 5 m se dirigeant vers la plage d'Erdeven, entre Lorient et la presqu'ile de Quiberon. Le navire est échoué à 50 mètres au large d'une plage de sable fin. Il y un «risque de boulettes circonscrit à la zone proche du bateau» qui se se trouve sur le sable couché sur le flanc, cap au sud, «avec une brèche côté babord, c'est-à-dire côté plage», explique Marc Gander.


Dès le début de la matinée, les gendarmes ont bloqué tous les accès à la zone d'échouage et les pompiers ont commencé à travailler d'arrache-pied pour juguler la pollution.

Des barrages flottants on été déployés pour tenter de contenir la nappe et notamment préserver les zones ostréicoles. Une opération de pompage devait être mise en place pour vider lees cuves du navire qui contiennent 180 tonnes de fuel et 40 tonnes de gazole.

Les marins hélitreuillés dans des conditions difficiles

Dans des conditions météo épouvantables, la pluie et des rafales à plus de 100 km/heures, l'hélicoptère de la Marine nationale a été dépêché au dessus du cargo pour hélitreuiller les marins. En deux rotations, les 19 membres d’équipage ont pu être évacués sains et saufs, vers la base aéronautique navale de Lann-Bihoué.




Le TK Bremen, un navire de 109 mètres, avait quitté le port de Lorient jeudi après-midi pour mouiller au nord de l'île de Groix afin d'attendre de meilleures conditions météorologique avant de reprendre sa route vers l'Angleterre. Le cargo a eu de grosses difficultés pour tenir son mouillage, a tenté de rejoindre un secteur plus abrité mais s'est mis à dériver avant de demander assistance au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) d’Etel.

Le remorqueur portuaire de Lorient n'a pu se rendre sur place compte tenu des condition météo et à 2 heures du matin l'équipage a alerté qu’il venait de s’échouer.

La tempête Joaquim, qui a traversé la France depuis jeudi sur sa partie centrale, s'éloignait vendredi vers le nord-est de l'Allemagne. Les rafales de vent sur la France vendredi en fin d'après-midi perdaient de leur intensité. Seuls 4 départements restaient classés en alerte orange vendredi à 19h, jusqu'à samedi 16h. Il s'agit des Hautes-Alpes, de la Savoie, de la Haute-Savoie et de la Corse du sud.
Les vents ont baissé sur la Savoie et la Haute-Savoie, qui ne sont plus en vigilance pour des vents violents mais pour des avalanches. De très forts risque de départs sponatanés d'avalanches sont attendus sur plusieurs massifs (Mont-Blanc, Beaufortain, Vanoise, Haute-Tarentaise, Haute-Maurienne, Maurienne, Pelvoux et Champsaur). Certaines avalanches ont déjà atteint des routes de montagne, notamment en Savoie.
De fortes rafales de vent, jusqu'à 130 km/h, affecteront les caps de la Corse.

Environ 200.000 foyers toujours privés d'électricité
Plus de 600.000 foyers ont été privés de courant à la suite de l'épisode météorologique. Le courant a été rétabli pour les deux tiers d'entre eux, selon ERDF. D'autres coupures étaient à envisager selon le ministère de l'Energie dans un communiqué, qui prévoit un retour à la normale avant la fin du week-end. Les secours s'affairaient vendredi pour réparer les dégâts.

Des dégâts matériels, un blessé en Haute-Vienne
La dépression a couché de nombreux arbres et arrachant des toitures, avant de se déplacer vers l'Allemagne. En Haute-Vienne, un homme a été blessé après avoir percuté au volant de sa voiture un arbre tombé sur la route. En Suisse, trois personnes ont été blessées dans le déraillement d'un train dans une forêt du Jura Bernois. Le passage de la tempête a également coupé des routes, ce qui a perturbé les trafics ferroviaire, routiers et aériens dans plusieurs départements (lire notre article Vous partez ce week-end : voici ce qu'il faut savoir). Conséquence de la tempête, le parc du Château de Versailles (Yvelines) et le marché de Noël de Strasbourg sont restés fermés vendredi en raison des vents violents.

Levée du plan d'urgence à la centrale du Blayais
EDF a annoncé vendredi à la mi-journée avoir levé son plan d'urgence interne (PUI) à la centrale nucléaire du Blayais, en Gironde, déclenché à titre préventif à l'aube en raison de la tempête Joachim. "L'évolution favorable des conditions météorologiques, et notamment la diminution de la vitesse du vent actuelle et dans les prochaines heures, ont permis, en application de nos procédures, de lever à 13h15, le dispositif interne de vigilance à la centrale nucléaire du Blayais", a écrit dans un communiqué EDF, gestionnaire de la centrale. Les quatre unités de production ont continué de fonctionner en toute sûreté, la tempête n'ayant eu aucun impact sur les installations, a indiqué EDF en précisant que l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et les pouvoirs publics avait été régulièrement informés de l'évolution de la situation.

Les agents d'EDF ont travaillé d'arrache-pied toute la journée d'hier mais les sapeurs-pompiers aussi pour sécuriser même en centre-ville à Bastia où des persiennes menaçaient de tomber sur des passants...
Gérard Baldocchi
Avec des rafales jusqu’à 155 km/h, la distribution d’électricité a été perturbée. Les secteurs les plus touchés : le grand Bastia, le centre et la Plaine orientale. Tout était presque rentré dans l’ordre à 20 h

Le coup de vent était prévu, les appels à la prudence relayés mais les conséquences inévitables. Car avec un vent soufflant sur toute la Corse avec des pointes jusqu'à 155 km/h les services de secours étaient mobilisés pour les incendies notamment. Mais déjà dans la nuit de vendredi à samedi, les vents violents allaient occasionner des fortes perturbations dans la distribution de l'électricité. Pylônes et poteaux arrachés, arbres déracinés, etc... les lignes ont été endommageés dans de nombreux secteurs de la Haute-Corse, mais aussi du côté de Bastelica au sud. Les perturbations ont été de quelques heures (Biguglia) à pratiquement dix heures dans le centre corse, par exemple dans le Boziu, mais ce sont essentiellement les microrégions du Cap Corse, du grand Bastia, de la Casinca, de la Plaine orientale et du Fium'Orbu qui ont été les plus sérieusement touchées. En matinée ce sont jusqu'à 12 000 clients qui se sont retrouvés privés d'électricité.
Hélicoptères interdits de vol...
Les conditions météorologiques étaient telles que les hélicoptères ne pouvaient décoller pour effectuer un diagnostic sur les lignes endommagées et transporter le matériel sur des zones plus isolées. Marc Lotz, le directeur régional délégué d'EDF en Corse, affirmait que plus de 80 agents et entreprises partenaires travaillaient depuis les premières lueurs du jour pour réparer les dégâts. Le Cap Corse, qui faisait jusqu'ici figure de point noir, en cas de coup de vent, n'est pas une zone aussi sensible grâce au partenariat sur le renforcement des lignes entre EDF, la communauté de communes et le syndicat d'électrification.
Popolasca et Piedigriggio les derniers...
A la mi-journée, il ne restait plus que 3 500 foyers sans électricité. A 17 heures, ils n'étaient plus que 1 000 clients. Dans la soirée deux villages du centre, Popolasca et Piedigriggio, restaient à la bougie, mais les agents d'EDF allaient placer des générateurs de secours afin d'alimenter les habitants dans la soirée, tout en maintenant l'état de vigilance. Après le vent, toutes les équipes d'EDF resteront en veille car les services météo prévoient dans les prochaines heures des chutes de neige à 600 mètres d'altitude !
Evidemment chaînes, raquettes sont d'ores et déjà à placer dans les coffres des véhicules de dépannage !

Ces plaques de verglas devraient disparaître en «milieu de matinée lundi», a-t-on ajouté. Des pluies de neige fondue et du grésil (petits grains de glace) sont prévues dans certaines zones d'Ile-de-France dans la nuit.

Dimanche matin, de nombreux accidents se sont déjà produits sur les routes de Seine-et-Marne en raison du verglas.