Ségolène Royal veut rassembler jusqu'aux gaullistes

«C'est stupide , incohérent et illogique.» Étienne Pinte, député UMP des Yvelines, résume l'état d'esprit des députés gaullistes, abasourdis par la main tendue de Ségolène Royal vers les héritiers du général de Gaulle. «Elle ne manque pas de culot, parce qu'elle a passé son temps à attaquer les gaullistes !» souligne Patrick Ollier. Le ministre chargé des relations avec le Parlement pense que la présidente de la région Poitou-Charentes «est prête à faire toutes les concessions, par démagogie, pour s'imposer dans la primaire socialiste». «Les gaullistes seront tous derrière Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle» , ajoute le maire de Rueil. Même s'il reconnaît «partager certains combats avec la gauche» , notamment pour défendre la possibilité d'avoir en France deux nationalités, Étienne Pinte l'assure : «Aucun gaulliste ne va déserter ou changer de camp.»

D'une ironie mordante, Xavier Bertrand lâche : «C'est du grand n'importe quoi de la part d'une candidate qui ne décolle pas dans les sondages.» Le ministre du Travail a jugé lundi sur France Inter que Mme Royal «met son aspirateur en marche pour glaner des voix». «Le PS est empêtré dans sa primaire, ses divisions internes et la multiplication des candidatures», martèle Christian Jacob, le patron des députés UMP. «Ségolène Royal plafonne à 13 % dans les sondages. Qu'elle s'occupe de mobiliser d'abord son camp et de combler le vide idéologique du PS, qui est abyssal», raille le député maire de Provins (Seine-et-Marne). Chiraquien de toujours, Philippe Briand interpelle la candidate à la candidature PS : «Pour qui se prend-elle pour vouloir mobiliser les gaullistes ? C'est d'un ridicule achevé», estime le député d'Indre-et-Loire, pour lequel Royal «fracture en permanence son propre camp».

«Elle ne sait plus quoi inventer pour exister»
Jacques Myard (Yvelines) pense que ces propos sont «un aveu de faiblesse : Royal perd le contrôle d'elle-même et risque de décevoir ses propres partisans» . Les femmes députées ne sont pas les moins critiques. «Ségolène Royal n'est franchement pas la mieux placée pour incarner la droite gaulliste. Elle est issue de la génération Mitterrand, dont on se rappelle la vigueur des combats contre les valeurs gaullistes» , rappelle Catherine Vautrin (Marne). Une allusion au fameux pamphlet Le Coup d'État permanent (1965) dans lequel François Mitterrand attaquait au vitriol les institutions de la V e République.

Pour Valérie Rosso-Debord (Meurthe-et-Moselle), «Ségolène Royal ne sait plus quoi inventer pour exister» . Sa collègue Isabelle Vasseur juge que «la vision du général de Gaulle sur la France et le monde était autrement plus audacieuse et entreprenante que celle du PS d'aujourd'hui» . Et elle rappelle qu'en 2007, le président du MoDem, François Bayrou, avait plaidé pour la constitution d' «un arc central, avec les socialistes de bonne volonté, les écologistes et la droite sociale» . Mais qu'il avait refusé entre les deux tours de la présidentielle la main tendue de… Ségolène Royal.

Finalement, le seul satisfecit est venu de Nicolas Dupont-Aignan qui s'est ironiquement réjoui de cet appel sur son compte Twitter. «Mme Royal est bienvenue à DLR après la primaire. Patrie, traditions, justice sociale : elle y sera plus à l'aise qu'au PS !», écrit le président de Debout la République.