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Ce suicide qui dénonce le recrutement universitaire

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Ce suicide qui dénonce le recrutement universitaire Empty Ce suicide qui dénonce le recrutement universitaire

Message  Invité Jeu 31 Mar - 9:53

Maître de conférences, Marie-Claude
Lorne se suicidait en 2008, après avoir appris qu'elle ne serait pas
titularisée. Le rapport administratif sur ce drame est sévère: il
dénonce les pratiques de recrutement des professeurs d'université.








Comme il est d'usage dans ce tout petit monde, elle aurait pu
avaler la couleuvre en silence. Mais ce n'était pas dans les habitudes
de Marie-Claude Lorne. Alors, à 39 ans, cette maître de conférences
stagiaire en philosophie a pris sa plume et, d'une écriture dense et
concentrée, a annoncé: "Devant l'accumulation des difficultés à laquelle
je dois faire face depuis des mois, j'ai décidé de mettre fin à mes
jours. L'événement qui a précipité ma décision a été la nouvelle de ma
non-titularisation à l'université de Brest, que j'ai apprise il y a tout
juste une semaine." C'était le 22 septembre 2008. Le 3 octobre, son
décès était confirmé, et rien ne laisse penser qu'elle ait ce soir-là
dérogé au projet précisé en post-scriptum de sa lettre d'adieu: "Me
jeter dans la Seine, dûment lestée et entravée (passerelle Simone de
Beauvoir si tout va bien)." Autrement dit, devant un temple du savoir:
la Bibliothèque nationale de France.
Très vite, une partie de la communauté universitaire des philosophes tente d'alerter l'opinion. Une association des amis de Marie-Claude Lorne
se forme. Yves Michaud, le père de l'Université de tous les savoirs,
met en cause les membres de la commission de spécialistes qui a décidé
de surseoir à la titularisation de Marie-Claude Lorne, ainsi que le
président de l'université. Lequel est de nouveau interpellé quelques
jours plus tard par huit enseignants-chercheurs pour qui "aucun motif
recevable ne pouvait être invoqué pour formuler un avis défavorable à la
titularisation de Marie-Claude Lorne. Indépendamment des funestes
événements qui ont suivi, il s'agit donc d'une décision scientifiquement
inacceptable, et tout à fait contraire aux usages de l'université". En
quelques jours, le drame personnel vire à la dénonciation du système.


Une décision inacceptable tout à fait contraire aux usages de l'université




Il a pourtant fallu deux ans pour que Valérie Pécresse charge
l'Inspec-tion générale de l'administration de l'Education nationale et
de la Recherche de me-ner une enquête. Et six mois de plus pour que le
rapport arrive, voici quelques jours, sur le bureau de la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Le document, que nous avons
pu consulter (lire une synthèse du rapport ici),
dénonce "plusieurs insuffisances, voire irrégularités", dans les
délibérations de la commission et relève des "manquements aux règles de
déontologie" de la part de son président. "Compte tenu de l'absentéisme
fort constaté dans cette commission, toutes les précautions n'ont pas
été prises" pour s'assurer de la présence de la totalité des membres
conviés, explique ainsi le rapport. D'autres couacs sont mentionnés:
procès-verbaux perdus, retard dans l'information de la philosophe...
Pour les inspecteurs, l'affaire dépasse même le cadre brestois et remet
en question toute la procédure de recrutement des
enseignants-chercheurs.

La hantise: les "turbo-profs"L'onde de
choc déclenchée par le suicide de Marie-Claude Lorne est à la mesure de
la rareté des faits. Un usage non écrit veut qu'un maître de conférences
élu dans une université soit automatiquement titularisé au terme de sa
première année d'exercice, dite "de stage". En décidant de repousser
cette titularisation, la commission de l'université de Brest a enfreint
une règle d'airain. Motif? A Brest, le département de philosophie est
composé de cinq enseignants-chercheurs, dont Pascal David, président de
la commis-sion chargée de prononcer les titularisations. Sa hantise: les
"turbo-profs", surnom de ces chercheurs qui se contentent d'une ou deux
journées de présence hebdomadaire sur les campus pour donner leurs
cours et rentrent ensuite chez eux, généralement à Paris. Autant de
travail en plus pour ceux qui vivent sur place et doivent assumer, outre
leurs recherches, des tâches administratives et pédagogiques
chronophages, pendant que les autres soignent leur CV en enchaînant
colloques et publications. "Quand il y a des tensions entre collègues,
ça vient toujours de là", certifie une enseignante en langues, brestoise
depuis vingt ans.
"Dans le passé, j'avais été échaudé par les promesses non
tenues d'enseignants disant vouloir s'installer à Brest, explique Pascal
David. Comme je n'avais pas la certitude qu'elle s'établirait vraiment
ici, j'ai voulu adresser un coup de semonce." En dépit de la tonalité
favorable des divers rapports concernant le travail de Marie-Claude
Lorne à Brest, Pascal David obtient gain de cause, d'autant plus
facilement que la commission, en ce 13 juin 2008, n'est composée que de
deux membres, les autres ayant séché une réunion réputée formelle et
dont l'issue ne faisait aucun doute. Le hic, note le rapport de
l'Inspection, c'est que l'argument retenu pour refuser la titularisation
serait "mal fondé en fait et en droit", la question du lieu de
résidence n'étant pas censée intervenir à ce stade.

Déjà internationalement reconnueLes us et
coutumes sont également bousculés. Quand il croise Marie-Claude Lorne à
Brest, après que la commission eut décidé de ne pas la titulariser,
Pascal David "n'ose pas" lui parler. L'été passe et la jeune femme n'est
informée qu'à la veille de la rentrée, par courrier officiel. Et quel
courrier! Vierge de toute formule de politesse, il avise la destinataire
de la décision dans un registre purement administratif. "La forme de
cette lettre, je la déplore aujourd'hui encore, même si je n'en suis pas
l'auteur", assure Pascal Olivard, président de l'université, qui a
depuis imposé une "humanisation" de la correspondance administrative.


En France, un universitaire ne dit pas à un autre:
'Vous avez tort'. Elle le faisait.
Elle a payé




Forme et fond confondus, Marie-Claude Lorne reçoit la nouvelle
comme un uppercut. Elle ne s'en relèvera pas. "Elle ne soupçonnait pas
qu'une telle décision puisse être prise", affirme Jean Gayon, lui aussi
philosophe et membre de l'Association des amis de Marie-Claude Lorne.
Comme plusieurs collègues et proches de la philosophe, il peine à
croire que la non-résidence brestoise soit le seul facteur qui ait
motivé la décision de la commission: "Elle était d'une exigence
scientifique aiguë, suivait des pistes très originales, était déjà
internationalement reconnue." Plusieurs se souviennent aussi de
discussions au cours desquelles Marie-Claude Lorne leur avait fait part
de ses divergences philosophiques avec Pascal David et des tensions qui
en résultaient. Le caractère de Marie-Claude Lorne a-t-il également joué
contre elle? C'est ce que redoutent plusieurs de ses amis. Tous ceux
qui l'ont bien connue ont une anecdote à rapporter sur son côté "tête
brûlée", la jeune femme n'hésitant pas à rabrouer un professeur plus
capé, y compris publiquement. Philippe Huneman, philosophe et ami de
Marie-Claude Lorne depuis vingt ans: "En France, un universitaire ne dit
pas à un autre: "Vous avez tort." Elle le faisait. Elle était hors
codes. Elle l'a payé."
Exigeante à l'égard des autres, Marie-Claude Lorne l'était
peut-être encore plus à l'égard d'elle-même. Capable de se mettre au
violon à 20 ans, elle s'imposait une rigueur intellectuelle que ses amis
jugeaient parfois excessive - "On lui disait de lâcher la pression",
raconte Philippe Huneman. Le second post-scriptum de sa lettre d'adieu
en témoigne: il réclame que sa thèse ne soit pas publiée - "Elle est
trop imparfaite en l'état." Une thèse qu'elle avait pourtant mis dix ans
à rédiger. "Elle était forte et fragile à la fois, résume Jean Gayon.
La plupart auraient baissé la tête ; certains auraient fait un scandale;
elle s'est tuée." Trois jours après la découverte du corps de
Marie-Claude Lorne, le président de l'université annonçait la nouvelle à
son personnel. Au bas de l'e-mail, le logo de l'établissement
accompagné de ce slogan: "L'université est une chance. Saisissons-la".
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/ce-suicide-qui-denonce-le-recrutement-universitaire_977451.html

Moralité: mieux vaut le suicide que de vivre à Brest.

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Message  Bertolt_Brecht Jeu 31 Mar - 12:14

En même temps, visiblement, même s'installer à Brest n'aurait pas suffit à sa titularisation...

C'est tout de même aberrant que ce genre de décisions puisse être pris par des commissions auxquelles seules deux personnes daignent se présenter...
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Message  Invité Jeu 31 Mar - 12:46

Tout à fait, d'autant qu'il est clair qu'enseigner dans une université et vivre ailleurs (dans le sud ou à Paris principalement) est une pratique plus que courante, c'est limite une règle pour les établissements situés ailleurs quand dans les régions susmentionnées). Que ça puisse poser des problèmes est indéniable, mais ce n'est pas un motif de non recrutement, surtout dans ce cas de figure.

Quand deux personnes seules peuvent décider...Aberrant effectivement, ça traduit bien les dysfonctionnements dans l'enseignement supérieur.

Dans le genre gag aussi, à Limoges, une ensignante n'a pas été prévenue par l'inspection (et plus exactement: par l'inspectrice) qu'un poste était à pourvoir en Première Supérieure (Khâgne). Motif: la charge de travail n'était pas compatible avec sa vie de mère...

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Message  Invité Jeu 31 Mar - 12:49

problème de gestion, de sérieux ,de mépris et de divergeances d'opinions apparement aussi .... une façon de punir les têtes brûlées, les désaccords mal vécus par ce petit monsieur Pascal David en mal d'existence peut-être, n'aimant pas être contré par une certaine jeunesse désobéissante(quelle meilleure matière est faite pour ça que la philosophie...pas plus grande prise de tête et discussions passionnantes pour des érudits !!)
Il est dit qu'elle était fragile est exigeante envers elle-même... c'est une forme de sentiment de se sentir jamais assez bien mais, elle combattait cet état par la défense de ses idées. Je pense qu'on peut être fragile, indécise pour ses propres choix mais sincères dans ses actes, ses idées, dans sa vie.

Je ne pense pas que quelqu'un puisse mal faire son travail en habitant loin mais, c'est aussi une source de fatigue, de problème de gestion de ses horaires, ses projets.J'imagine que ce ne doit pas être facile de travailler loin de chez soi mais, pas facile non plus de se muter en Bretagne....

A quand une gestion humaine avant toute chose ???

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Message  Bertolt_Brecht Jeu 31 Mar - 13:00

Anna a écrit:Tout à fait, d'autant qu'il est clair qu'enseigner dans une université et vivre ailleurs (dans le sud ou à Paris principalement) est une pratique plus que courante, c'est limite une règle pour les établissements situés ailleurs quand dans les régions susmentionnées). Que ça puisse poser des problèmes est indéniable, mais ce n'est pas un motif de non recrutement, surtout dans ce cas de figure.

Ayant fait mes études à Brest justement, je ne compte plus le nombre de mes Maîtres de Conférence qui venait de Paris...
Et poser ça en motif de non-recrutement est d'autant plus couillon que beaucoup de d'enseignants des facultés brestoises sont partagés avec les facultés de Quimper (ce qui pose nettement plus de problèmes en fait que les enseignants venant de Paris, notamment en période de partiels... comme quoi la distance...).

Dans le genre gag aussi, à Limoges, une ensignante n'a pas été prévenue par l'inspection (et plus exactement: par l'inspectrice) qu'un poste était à pourvoir en Première Supérieure (Khâgne). Motif: la charge de travail n'était pas compatible avec sa vie de mère...

Oh, la belle discrimination bien qualifiée que voilà... Ce suicide qui dénonce le recrutement universitaire 159382
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Message  Invité Jeu 31 Mar - 15:10

Bertolt_Brecht a écrit:
Ayant fait mes études à Brest justement, je ne compte plus le nombre de mes Maîtres de Conférence qui venait de Paris...
Et poser ça en motif de non-recrutement est d'autant plus couillon que beaucoup de d'enseignants des facultés brestoises sont partagés avec les facultés de Quimper (ce qui pose nettement plus de problèmes en fait que les enseignants venant de Paris, notamment en période de partiels... comme quoi la distance...).

Et en plus maintenant avec Easyjet, Paris-Brest, c'est du gâteau..(je finis ce post et je sors)
Quant au partage des tâches... je m'abstiendrai de tout commentaire!




Oh, la belle discrimination bien qualifiée que voilà... Ce suicide qui dénonce le recrutement universitaire 159382

http://classes.blogs.liberation.fr/soule/2011/03/les-precisions-du-recteur-de-limoges.html

Où l'on voit que le recteur maîtrise la rhétorique: aucune conséquence sur le processus de recrutement puisque ces professeurs sont nommés sur avis de l'inspection. Et une inspectrice, ça travaille où déjà?? On sait bien que dans le secondaire, pour pouvoir évoluer vers ce genre de postes, il faut avoir les inspecteurs dans sa poche puisque leur avis est prépondérant...

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Message  Invité Jeu 31 Mar - 15:17

franline2 a écrit:problème de gestion, de sérieux ,de mépris et de divergeances d'opinions apparement aussi .... une façon de punir les têtes brûlées, les désaccords mal vécus par ce petit monsieur Pascal David en mal d'existence peut-être, n'aimant pas être contré par une certaine jeunesse désobéissante(quelle meilleure matière est faite pour ça que la philosophie...pas plus grande prise de tête et discussions passionnantes pour des érudits !!)
Oui et c'est là que le bât -sur lequel insistait Bertolt- blesse. S'ily a des animosités personnelles, elles devraient normalement être équilibrées par un processus de recrutement le plus neutre possible. Mais quand seules deux personnes en décident, fatalement, les inimitiés sont difficilement mises de côté!

Je ne pense pas que quelqu'un puisse mal faire son travail en habitant loin mais, c'est aussi une source de fatigue, de problème de gestion de ses horaires, ses projets.J'imagine que ce ne doit pas être facile de travailler loin de chez soi mais, pas facile non plus de se muter en Bretagne....

A quand une gestion humaine avant toute chose ???

Autant je suis d'accord là-dessus pour le second degré, autant pour le supérieur, c'est différent, il est impossible d'exiger un poste proche de chez soi, si l'on veut faire carrière universitaire, surtout dans une matière comme la philosophie, il faut accepter cette contrainte d'autant qu'au vu du volume horaire d'enseignement (je ne parle pas du reste), il est en fait gérable de vivre à distance, comme nous le disions, le cas est très fréquent. Les postes en université sont un graal, et je crois que finalement ce suicide pour non titularisation le prouve bien. Ce n'est pas le fait de ne pouvoir exercer où l'on veut qui est dénoncé à travers cet acte, mais bien le système parfois mandarinal de recrutement avec son cortège d'aberrations...

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Message  Bertolt_Brecht Jeu 31 Mar - 15:20

C'est clair qu'il prend vraiment les gens pour des cons...
Ce n'est pas l'inspectrice qui nomme, c'est le Ministre sur proposition de l'inspectrice.
Le processus n'est pas le même, mais à l'arrivée on retrouve bien quand même le principe de l'enfumage Ce suicide qui dénonce le recrutement universitaire 159382
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