Bouches-du-Rhône : le rapport Montebourg fait des vagues jusqu'à Solférino

La révélation mercredi dans Lepoint.fr d'un rapport "confidentiel" d'Arnaud Montebourg dénonçant "dérives", "clientélisme", et décrivant la fédération comme un "système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur" n'a pas été appréciée rue de Solférino.

Depuis Athènes, la numéro un du Parti, Martine Aubry, a tenté d'enrayer la bataille interne, en annonçant à l'AFP une "commission d'enquête" comme demandée par certains au PS pour tirer les faits au clair, ajoutant toutefois qu'il n'y avait "pas de faits" dans le rapport Montebourg.

Auparavant, les piliers de la direction avaient étrillé un rapport "déclamatoire", "pas étayé", "sans preuves" ni "faits tangibles", et rejeté la demande de M. Montebourg de placer la fédération sous tutelle et de destituer son président, le sénateur Jean-Noël Guérini.

Mais d'autres s'étaient démarqués. Le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a réclamé vendredi que "des personnalités indépendantes se rendent sur place et rendent compte aux instances dirigeantes".

Ségolène Royal, candidate aux primaires, exige un parti "exemplaire" et "irréprochable". Et pour Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, le rapport "pointe un certain nombre de problèmes".

A Solférino cependant, la contre-offensive est claire : tous s'étonnent du "timing", pointant la "fuite" du rapport 15 jours avant les cantonales, et vilipendent M. Montebourg, soupçonné de vouloir ainsi relancer sa candidature aux primaires.

"Pompier pyromane", cingle Pascale Boistard, secrétaire nationale chargée des adhésions. "En pleine campagne électorale, c'est invraisemblable. Les bras m'en tombent. Surtout que ça vienne de notre camp", s'exclame le strauss-kahnien Christophe Borgel.

Un autre s'interroge sur "une volonté de déstabiliser" Martine Aubry, alors qu'elle semble vouloir reprendre du terrain vis-à-vis de Dominique Strauss-Kahn, après l'offensive médiatique du patron du FMI il y a quinze jours. Elle préface notamment un livre collectif, qui esquisse le projet socialiste pour 2012.

Selon le spécialiste du PS Rémi Lefebvre, professeur à l'université de Lille, Arnaud Montebourg a sans conteste voulu "faire un coup, relancer sa campagne". Mais "cette affaire handicape très fort Martine Aubry. C'est très mauvais dans le contexte des cantonales, élections essentielles" pour son avenir, juge-t-il.

"Martine Aubry ne veut rien s'interdire quant à son éventuelle candidature à la primaire. Elle sait que les barons locaux comme M. Guérini sont extrêmement puissants et qu'ils vont jouer un rôle non négligeable" dans la primaire, ajoute-t-il.

Avec plus de 7.000 adhérents, la fédération des Bouches-du-Rhône, l'une des premières de France, avait soutenu Mme Royal lors du Congrès de Reims en 2008, avant de s'en éloigner.

Sur le fond, les dirigeants socialistes font remarquer que M. Guérini - dont le frère Alexandre est soupçonné de malversations et écroué depuis décembre - n'a pas été inquiété par la justice. Et de minimiser sa double casquette de premier fédéral et de président du conseil général, pourtant incompatible avec les statuts du parti : "il y a toujours des dérogations", tempère M. Borgel.

Celui qui a déclenché la polémique reste désormais muet. "Je ne souhaite pas m'exprimer", a dit vendredi M. Montebourg à l'AFP.

Ce candidat est invité le 16 mars à un débat à Paris intitulé... "la gauche est-elle morale ?"