Valéry Giscard d'Estaing : «Personne ne peut sortir de la zone euro»

Valéry Giscard d'Estaing : «Personne ne peut sortir de la zone euro»
| Réagir Propos recueillis par Henri Vernet, François Vey et Aline Gérard | 02.12.2010, 17h41 | Mise à jour : 18h02

Dans un entretien au «Parisien» - «Aujourd'hui en France» à paraître vendredi, l'ancien président de la République défend l’euro et met en garde contre toute «aventure politique». Extraits de l'interview de Valéry Giscard d’Estaing, qui vient de publier un nouvel ouvrage, «la Victoire de la Grande Armée» napoléonienne, paru aux éditions Plon.

La zone euro est-elle en danger d’éclatement ?
Valéry Giscard d’Estaing. «Il est totalement inexact de dire que l’euro est en danger. C’est absurde. L’euro peut être affaibli, mais personne ne peut sortir de la zone euro. C’est impossible. Imaginez qu’un pays décide de revenir à une monnaie nationale. Ses citoyens ne la voudraient pas. Que pourraient-ils bien faire avec une monnaie dévaluée de 40% ? Il n’y a pas d’espace pour une petite monnaie. (...)

Comment contrer les spéculateurs ?
L’avantage de cette crise, c’est qu’on voit apparaître les besoins d’un pouvoir économique au niveau européen. Pour l’instant, l’euro n’a pas de système institutionnel autour de lui. Il serait intéressant de créer une cellule franco-allemande qui suivrait, tous les jours, les mouvements de la spéculation pour anticiper une riposte. Dans les traités actuels, rien ne s’oppose à une cellule de coordination des politiques d’emprunt des Trésors allemand, néerlandais, italien et français. C’est probablement ce qui va se mettre en place. (...)

La France est-elle armée pour résister à l’onde de choc actuelle ?
Les chiffres que l’on vient de publier sur la croissance européenne et française ne sont pas trop mauvais. La France est au niveau de la zone euro: 1,6%. Ce n’est pas une récession. Nos déficits diminuent, c’est lent, c’est insuffisant mais cela va dans le bon sens. Mais attention, il ne faudrait pas, en France comme en Allemagne, se lancer dans des aventures politiques.

A quoi pensez-vous ?
Il faut se garder de mener des politiques démagogiques. Comme, par exemple, d’abaisser l’âge de la retraite. (...)

Le quinquennat n’a-t-il pas accéléré le rythme politique?
Le quinquennat était inévitable. On ne peut pas vivre contre les règles de son époque. Aucune nouvelle constitution dans le monde n’a donné au pouvoir exécutif une durée de sept ans. Le quinquennat, c’est en fait deux mandats. Le septennat, c’était trop long, le pouvoir s’éloignant des citoyens. Avec ce système d’une élection au milieu du parcours, le pouvoir est obligé de rester proche d’eux. Dix ans, c’est une bonne durée. La plupart du temps, les changements politiques dans le monde se font au bout de dix ans, comme s’il y avait un temps d’accoutumance, un temps de désenchantement. (...)»

leparisien.fr

Ce genre de declarations, hormis le reflet de l'attachement à un dogme n'engage que sa responsabilité....D'ailleurs, il est frappant de constater qu'après avoir vendu l'euro qui protège, les eurocrates evoquent aujourd'hui, certes "mezza voce", la sortie de l'euro pour les pays en crise. Avouez qu'il y a de quoi s'interroger, arrêtes t-on de cette manière un traitement qui permet d'atténuer les effets de la crise ?

L’ex-président du patronat allemand, Hans-Olaf Henkel, veut voir son pays sortir de la monnaie unique.


C’est l’homme qui crée le débat en Allemagne, où il divise les élites. Hans-Olaf Henkel, 70 ans, est l’ancien président du patronat allemand et l’ex-PDG d’IBM Europe, Moyen-Orient et Afrique. Dans un livre à succès outre-Rhin (Sauvez notre argent, l’Allemagne est bradée), il plaide pour que son pays sorte de l’euro et crée une nouvelle union avec les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche et la Finlande.

Vous étiez un grand défenseur de l’euro, vous souhaitez aujourd’hui que l’Allemagne le quitte. Que s’est-il passé?
C’est vrai, je me suis battu pour la monnaie unique. J’ai défendu sa création contre l’opposition de certains patrons allemands et d’une grande partie de l’opinion. Mais j’ai changé d’avis car les politiques n’ont pas tenu leur promesse. Ils s’étaient engagés à respecter les critères de convergence, ils ne l’ont pas fait. Chirac et Schröder ont accru les déficits, ont fait pression sur leurs partenaires pour échapper aux sanctions. La zone euro a même intégré la Grèce alors que ce pays ne respectait pas les critères, même avec des chiffres truqués!

Que proposez-vous exactement?
Regardons les alternatives. Nous pouvons passer d’une union monétaire à une union de transferts, comme c’est le cas aujourd’hui. La France et l’Allemagne deviennent financièrement responsables des politiques de leurs voisins. Mais ce n’est pas le projet pour lequel les Français et le Bundestag avaient voté! L’autre solution, que je soutiens, c’est de laisser l’euro aux pays du sud de l’Europe avec la création d’euro-obligations que beaucoup réclament. Les pays du Nord auraient une autre monnaie. Chaque devise refléterait la réalité économique de sa zone.

«France-Allemagne: Nous étions amis avant l'euro, nous pouvons le rester après.»
Ce serait la création d’une zone mark. Quels effets positifs en attendez-vous pour votre pays?
Un tel choix comporte des risques. La monnaie de la zone Nord subira une réévaluation. L’Allemagne aura davantage de difficultés à exporter. Mais notre pays sait vivre avec une monnaie forte, il a déjà connu 17 réévaluations avant l’euro. L’avantage est de maintenir l’industrie sous pression, en l’incitant à innover sans cesse et à faire des gains de productivité.

Et pour les autres?
Ils auront une dévaluation. Elle ne peut qu’être bénéfique vu l’état de leurs économies. L’Espagne, le Portugal ou la Grèce perdent leurs industries et ne connaîtront plus jamais la croissance si cette situation perdure. L’euro a contribué à leur malheur, en leur faisant profiter de taux d’intérêt artificiellement bas.

La France est-elle digne de participer à votre euro-mark?
C’est une question difficile. Si la France continue de refuser l’idée des euro-obligations, elle peut rester dans la zone Nord. Mais je connais bien votre pays, où j’ai vécu onze ans. Et j’ai du mal à croire à sa position pro-allemande. Sarkozy s’est opposé à Merkel quand elle a voulu exclure la Grèce de la zone euro, quand elle a proposé l’automaticité des actions disciplinaires à l’encontre des pays défaillants et quand elle a voulu les priver de droits de vote. Nous étions amis avant l’euro, nous pouvons le rester après.

Comment réagissent vos homologues français? Et dans votre pays?
J’en ai parlé à mon ami Thierry Breton, PDG d’Atos Origin et ancien ministre de l’Economie. Il partage mon analyse, pas mes conclusions! En Allemagne, je suis devenu politiquement incorrect. Pas un journal ne me soutient. Mais je reçois beaucoup de messages de lecteurs. Il y a un grand écart entre les élites et la réalité.

http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/L-ancien-chef-du-patronat-allemand-critique-l-euro-interview-241851/

Ce qui ressort de cet article révèle que l'euro n'est pas une fatalité. En effet, l'euro ne peut durablement se maintenir dans une zone et dans certains pays qui souffrent des rigidités de la politique monétaire uniforme alors même que les élites affirmaient que cette politique était salvatrice !

Il montre aussi que des pays n'auraient pas dû rentrer dans l'euro... Et qu'il aurait peut-être du construire une économie plus harmonisée avant de mettre en place l'euro...

Oui, alors même que l'intelligentsia nous garantissait la prospérité avec la monnaie unique, de nombreux economistes ou chefs d'entreprises en mesurent aujourd'hui les limites et expriment ce que le FN preconisait, dans les ricanements de ses detracteurs, depuis des années.

Les français auront, très certainement plus confiance en ceux qui les previnrent des risques encourues plutôt qu'à ceux qui persistèrent dans la voie de l'euromondialisme. Je suis assez serein même si j'estime que les nationaux ne doivent plus rester dans l'attentisme et la dénonciation mais exprimer clairement leurs analyses, defendre leurs visions alternatives et un programme de renouveau.

sois serain , soit serein , la grande majorité des Français est sereine , mais en opposition à ce que tu crois !
Un sondage récent titrait " 35% des Français pas satisfaits de l'euro " , si les journaleux n'étaient pas à l'affût des scoops , ils auraient titré " 65 % des Français font confiance à l'euro " . Parce qu'au cas où cela t'aurait échappé , 35 % c'est nettement la minorité !

Mais oui !

Parce que tu crois encore que les sondages reflètent la réalité de l'opinion ? Si tel était le cas, le Traité Constitutionnel aurait obtenu 70% de vote favorables ou Jospin aurait été élu Président de la République.

Je suis, quelquesoit le sens des sondages toujours très prudent à l'égard des sondages, tu sembles l'être aussi enfin lorsqu'ils vont dans un sens inverse aux intérêts de ta formation politique.

je serais curieuse de voir comment s'en sortiraient les pays touchés par cette crise de plein fouet sans l'Euro .... rendre sa monnaie nationale à la Grèce, à l'Irlande, à l'Espagne ou au Portugal ...et attendre de voir comment ils se font attaquer pour accroitre leur dette respective....
Créer des "obligations" monétaires pour chaque pays serait plus judicieux ne serait-ce que pour protéger ceux qui gardent la tête hors de l'eau .
Pour autant , les italiens par exemple, sont bien content de ne plus avoir leurs liasses de lire avec plein de zéros derrière qui ne valent rien !

De toute manière les pays européens sont tellement endettés qu'ils ne leur restent que peu de solutions pour s'en sortir : la faillite ou l'hyper-inflation !

Sylvain Franois a écrit:De toute manière les pays européens sont tellement endettés qu'ils ne leur restent que peu de solutions pour s'en sortir : la faillite ou l'hyper-inflation !

on peut dire la même chose des USA .... la Chine détient la majorité de sa dette .Le fait qu'ils aient leur propre monnaie (le fameux dollars) n'y change strictement rien.

En effet il ne faut pas oublier que la crise financière que l'on a connue ces dernières années est venue des USA et non d''ailleurs !