Cette classe n'a pas changé depuis cent ans

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Cette classe de Linas (Essonne) est un petit miracle[b]. Ouverte le 10 octobre 1910, voici tout juste cent ans,[/b] elle est restée figée dans le temps. Avec son odeur de bois dans l’air, ses encriers et ses porte-plume posés sur les bureaux à plan incliné. Un poêle à charbon et des sabots semblent sécher de la récréation précédente, pendant laquelle les enfants avaient ramassé du bois.

Au portemanteau, des tabliers et des blouses comme on n’en voit plus.
Tout ça grâce à Ginette Bibiche, la dernière institutrice à avoir occupé cette salle entre 1968 et 1996. La maîtresse s’est obstinée à préserver cette classe intacte. Depuis que l’institutrice est à la retraite, sa classe est devenue un musée pour les scolaires. Aujourd’hui, exceptionnellement, elle s’ouvre au grand public et les visiteurs pourront même y repasser leur certificat d’étude.
[b]« A chaque fois que je me faisais inspecter, on refusait de me donner ce demi-point qui me manquait pour passer professeur des écoles, se rappelle Ginette Bibiche. On me disait que j’étais trop vieux jeu. Que je devais retirer cette estrade et me mettre au niveau de mes élèves… [/b]» Mais elle ne regrette rien. « Regardez ce parquet comme il est beau. Et au moins, ça absorbait l’eau plus vite et c’était moins glissant que ce que l’on voit maintenant », reprend-elle.
« On profite de l’occasion pour raconter plein d’anecdotes aux gens, savoure Michel Petit, le président de l’association Patrimoine qui gère la classe musée. Par exemple si le bâtiment est surélevé par rapport à la rue et à la cour de récréation, c’est pour éviter que les enfants soient distraits par ce qui se passe au dehors. » Pour le reste, ce sont des cartes de géographie au mur, où l’on découvre le département de la Seine-et-Oise. Une consigne placardée qui interdit de mouiller son doigt pour tourner les pages des livres ou de tenir dans sa bouche les porte-plume. Tout cela pour éviter que la tuberculose se propage. Des instruments sont posés sur le rebord de la fenêtre. Certains servent à mesurer les liquides. D’autres les surfaces. « Avant on parlait en arpents, et selon les endroits ils n’avaient pas la même valeur, reprend Michel Petit. Un hectare, c’était par exemple 3 arpents à Linas et seulement 2 à Etampes. »

«Le matériel de repassage. Son emploi». Si l'on proposait aujourd'hui cet énoncé pour un contrôle de sciences aux filles d'une classe de cinquième, on déclencherait à coup sûr un fou-rire. Pourtant, c'est un vrai sujet. Quelques dizaines de demoiselles de 14 ans ont même planché dessus... il y a près de cinquante ans, avec le ferme espoir de décrocher leur certificat d'études.


Entre problèmes de robinets qui fuient, composition du fumier, recette de pot au feu et recensemement des fleuves de l'Afrique coloniale, le sujet figure parmi des centaines qui furent proposés en 1959, pour cet examen qui sanctionnait en une journée d'épreuves, en début d'été, la fin des études primaires, nécessaires à l'entrée dans la vie active de milliers d'adolescents de 14 ans.

Le «certif» fut «l'examen de tout un peuple» «du temps où l'école était celle d'un certains nombre d'exercices très typés qu'il fallait reproduire» commente l'historien de l'éducation Patrick Cabanel qui a rassemblé les annales de l'année 1959 dans un ouvrage paru aux Quatre Chemins. Pour se tester, juste pour voir, voici un assortiment de sujets piochés parmi ceux de tous les départements.

Dictée : exercice obligatoire pour enseigner l'orthographe, assortie de questions, elle a parfois même été éliminatoire quand le candidat récoltait un zéro.

«Pas à pas, vers les grèves de l'aval, Rémi descendait en pêchant. Devant lui, sous le soleil à son déclin, les eaux du fleuve coulaient, calmes...Rémi marchait lentement, les yeux clignés pour mieux voir, au bout de la ligne très longue, la sauterelle offerte aux chevesnes : elle flottait, brin d'herbe vivant, et de minces rides, sans cesse élargies, allaient frissonnant autour d'elle...Le soir venait. A l'occident, les peupliers détachaient leurs feuilles sur la transparence chaude du couchant. Une brise légère s'éveillait, effeuillant les pointes fines des roseaux.»

Questions :
En quelle saison se passe la scène ?
Expliquez : vers les grèves de l'aval ; le soleil à son déclin ; brin d'herbe vivant.
Analysez : fleuve, mince. Fonction de : pas à pas; à l'occident.

Rédaction :
Toute la famille est réunie autour de la TSF, cette merveilleuse invention. Racontez la scène.

Calcul :
1. Une plaque de fonte rectangulaire mesure 0,8 m de long et 55 cm de large. On a enlevé à chaque angle un quart de cercle de 10 cm de rayon. Quelle est la surface restante. Faites le croquis.

2.Un ouvrier utilise chaque jour sa bicyclette pour se rendre à son lieu de travail distant de 9 km de son domicile. A l'aller, le trajet étant en descente, la vitesse est de 27 km/h mais au retour elle est réduite à 15 km/h. A quelle heure cet ouvrier doit il quitter son domicile pour commencer son travail à 8 heures s'il faut compter 10 mn supplémentaires pour le smenus incidents de route ?

Sciences :
Garçons urbains (habitant en ville): Entretien d'une scie. Que doit on faire pour qu'une scie glisse bien. Pour que la monture ne se déforme pas. Comment affûte-ton une scie ?

Garçons ruraux (vivant à la campagne): Quel est le rôle de la chaux dans le sol ? Qu'est ce qu'un amendement ?

Filles urbaines et rurales : le boucher vous livre un rôti de bœuf de 1,5 kg. Comment allez-vous le faire cuire : préparation, temps de cuisson. valeur nutritive de la viande ainsi cuite.

Histoire-géographie :
1. La Renaissance des arts et des lettres en France au XVIe siècle. Citez deux écrivains ou poètes, un sculpteur, deux architectes de cette période.
2. Un bateau arrive à Marseille après être passé par le canal de Suez. De quel pays peut-il venir (énumérez en quatre) Choisissez deux de ces pays et indiquez pour chacun d'eux les marchandises que le bateau peut en rapporter et les océans qu'il a traversés avant d'arriver au canal de Suez.

Jean-Claude a écrit:Si tu faisais passer ces examens aux gamins de 3ème tu aurais une sacrée surprise ! Déjà qu'en 6ème certains savent tout juste lire et écrire !

Jean-Claude a écrit:Photo qui ravive des souvenirs ! Je te rejoins à 100% sur ton argumentation ...!