quand les services sociaux deconnent ...

C’est la fin d’un long feuilleton. La cour d’appel d’Amiens vient d’ordonner le retour d’Anne-Charlotte, 11 ans, et Emilien, 6 ans, dans leur famille d’accueil à Gouvieux. « On va les embrasser et les serrer dans nos bras. On ne leur a pas parlé depuis sept mois », s’exclame Marie Plaza, la « tata » qui s’est occupé d’eux depuis cinq ans.

La décision offre un happy end à cette affaire qui avait commencé dans les larmes et l’incompréhension. En même temps, elle inflige un sévère camouflet à l’aide sociale à l’enfance de l’Oise (ASE). Les services sociaux du conseil général avaient préconisé, en octobre 2009, de retirer les enfants de leur famille d’adoption pour les placer dans un foyer. La maladresse des adultes le disputera souvent à leur inconséquence. L’arbitrage est annoncé brutalement aux enfants par une employée des services sociaux : « Nous avons une bonne nouvelle pour vous : vous quittez la maison de tata et tonton. »
« C’est une bombe qui nous est tombée dessus », confie Alvaro Plaza. Ce couple aimant comprend d’autant moins la mesure qu’il n’a jamais fait l’objet d’aucune critique de la tutelle. La raison est encore plus curieuse : les parents d’accueil auraient « outrepassé leur rôle » et les enfants seraient « trop attachés » à Marie et Alvaro. Gouvieux crie à l’injustice. Au premier rang de la mobilisation, Patrice Marchand, le maire. Hier, il était l’un des premiers à fêter la bonne nouvelle : « L’intérêt des enfants a été préservé. Ils vont retrouver leur équilibre. Je continuerai à être proches d’eux. » Les parents du collectif et les voisins ont accouru chez la famille d’accueil. « A 11 heures, quand notre avocat nous a appelés, tout le monde pleurait dans le salon, raconte Alvaro. Maintenant, mon bonheur est total. Mais c’est une victoire contre personne. C’est celle des enfants. » Réunis avec le collectif des parents, ils sont assaillis de coups de téléphone. Quand la musique du marchand de glace ambulant retentit dans la rue, ils s’écrient : « Maintenant, c’est le pays des Bisounours. » Les mois d’angoisse sont effacés. « Nous avions promis aux enfants qu’on se battrait pour les ramener », confie Marie. Elle a du mal à effacer de son esprit la scène déchirante du tribunal de Compiègne. « Le 1er décembre, on est venus avec les enfants. On est repartis sans. L’assistante sociale les a emmenés. On n’a pas pu leur remettre leurs doudous », se souvient Alvaro. Pendant ces longs mois, un mur a été dressé entre les petits et leur famille de coeur. « C’est notre avocat qui leur a déposé les cadeaux de Noël », ajoute le « tonton ». Ses appels téléphoniques tombent sur une voix sèche qui lui répète : « Les enfants vont bien. » Les cartes postales restent sans réponse.
Aujourd’hui, Emilien et Anne-Charlotte devraient être de retour à la maison. Une petite confusion subsiste. Les enfants sont peut-être partis en colonie de vacances. « Nous irons les chercher n’importe où », glisse Marie.
Le conseil général est resté très laconique après la décision de justice. Dans un communiqué, il constate : « Les services sociaux se conformeront à la stricte application du droit comme cela fut toujours le cas dans cette affaire…»