Voile intégral

Voile intégral : la majorité joue l'opinion contre les juges
19/05/10

Malgré deux avis défavorables du Conseil d'Etat, le Conseil des ministres examine ce matin le projet de loi bannissant le port du voile intégral dans tout l'espace public. Une interdiction plébiscitée par 70 % des Français.

Le Conseil d'Etat avait déjà fait part de ses réserves à la fin mars, dans un rapport remis au Premier ministre ; saisi sur le texte, il les a réitérées la semaine dernière en évoquant de " fortes incertitudes constitutionnelles ".

Mais l'exécutif est décidé à passer outre. Le Conseil des ministres examine aujourd'hui le projet de loi préparé par Michèle Alliot-Marie visant à interdire au plus vite et de la manière " la plus ferme " le port du voile intégral dans tout l'espace public.

Irrité par l'avis des sages, Nicolas Sarkozy a rappelé lundi, devant les responsables de l'UMP, que la haute juridiction administrative s'était prononcée contre le choix du général de Gaulle de recourir au référendum, en 1962, pour faire élire le chef de l'Etat au suffrage universel direct… En pointe sur ce dossier, Jean-François Copé s'est dit hier en " profond désaccord " avec le Conseil d'Etat, assurant qu'il n'avait " pas rendu un avis unanime " sur la burqa. " Il faut faire évoluer la jurisprudence pour faire face à une question qui ne se posait pas il y a vingt ans […]. C'est notre responsabilité politique de le faire ", n'avait pas hésité à déclarer François Fillon le mois dernier.

Si la majorité est prête à prendre " des risques juridiques ", c'est parce qu'elle veut croire, de l'aveu du Premier ministre, que " le jeu en vaut la chandelle ". Il y a d'abord un enjeu sociétal, même si le nombre de femmes portant la burqa n'est estimé qu'à 2.000 par le ministère de l'Intérieur : " Si on est convaincu qu'il s'agit d'un problème de dignité, a argué François Fillon, on ne peut pas s'embarrasser de prudence. "

Mais l'enjeu est surtout politique : l'interdiction du voile est très populaire dans l'opinion, notamment à droite. Si l'on en croit un sondage LH2, 70 % des Français sont favorables à son interdiction dans l'espace public, dont 63 % des sympathisants de gauche et 84 % de ceux de droite. La stratégie de la majorité sur la question du voile s'inscrit dans ses efforts de reconquête de l'électorat après la déroute des régionales. " La clef de lecture, c'est la peur du FN et des triangulaires ", glisse un poids lourd du groupe UMP.

Même si François Fillon s'est employé à déminer le terrain en recevant les partis politiques et les autorités religieuses, l'examen du projet de loi, en juillet, s'annonce plus mouvementé que lors du vote, la semaine dernière, à la quasi-unanimité, de la " résolution " parlementaire (sans valeur contraignante) affirmant " l'attachement [de la France] au respect des valeurs républicaines ".

Unanimes à condamner le port du voile intégral, les parlementaires sont divisés sur la voie à emprunter pour enrayer cette pratique. Le PS est particulièrement partagé. Plutôt hostiles à une loi à l'origine, les socialistes ont finalement proposé leur propre texte, qui, s'appuyant sur le Conseil d'Etat, limite l'interdiction aux seuls services publics et aux commerces. L'exécutif fait le pari que la gauche n'osera pas saisir le Conseil constitutionnel. Le député PS Jean-Christophe Cambadélis " ne pense pas " que son groupe ira devant les sages si la loi est votée. Mais, même en cas de rejet par le Conseil constitutionnel (qui peut aussi être saisi par un justiciable à l'occasion d'un procès), la majorité veut aller jusqu'au bout. Dans cette hypothèse, le député UMP Lionnel Luca a préconisé hier un référendum. Pour jouer l'opinion contre les juges. " En démocratie, a-t-il tranché, c'est le peuple et ses représentants qui doivent avoir raison. "

PIERRE-ALAIN FURBURY, Les Echos

Je suis bien d'accord pour enrayer le mal avant la gangraine ... mais sur ce coup ça "pue la politique de bas niveau" !

Pour tout dire je suis moi aussi contre le port de la burqa et autre accessoire débile et alliénant pour les femmes ... mais j'estime que le gourvernement et l'exécutif ont d'autres chats à fouetter actuellement que cette affaire ! Pourquoi ne pas avoir légiférer sur cette sombre affaire dès 2007 ? Il y avait d'autres priorités ?

Quand aux chiffres ... précise moi comment poster un tableau et je l'envoie.