1er mai : les syndicats désunis espèrent mobiliser

CGT et CFDT d’un côté, FO de l’autre, voudraient réussir leurs mobilisations avant les prochains rendez-vous avec le gouvernement.
| Réagir CATHERINE GASTÉ-PECLERS | 30.04.2010, 07h00

La bataille sur les retraites commence mal. Malgré le bras de fer qui s’annonce, la belle unité syndicale réussie en 2009 ne sera pas au rendez-vous de ce 1er Mai plus « combatif » que festif. Une fois de plus, la partition se jouera dans le désordre. FO a décidé de défiler dans son coin, Jean-Claude Mailly tenant meeting à Aix-en-Provence.

La CFTC va limiter sa participation à des rassemblements en régions et la CFE-CGC zappe carrément le rendez-vous.
Qu’à cela ne tienne. Les deux poids lourds du syndicalisme français la CGT et la CFDT préfèrent minimiser cette désunion. Rejoints par la FSU, l’Unsa et Solidaires, ils promettent malgré tout « un grand mai unitaire ». Dans les cortèges, le syndicat étudiant Unef viendra prêter main-forte, tout comme les associations, la Ligue des droits de l’homme, ou les partis de gauche, notamment le PS.

Objectif : faire pression sur Nicolas Sarkozy avant l’échéance du sommet social le 10 mai sur l’emploi et le pouvoir d’achat.

Combien de manifestants attendent-ils ? Silence embarrassé dans les QG. Juste une déclaration elliptique de François Chérèque (CFDT) : « La réussite de cette journée sera décisive pour la suite. » Sur son site Internet, le syndicat de Bernard Thibault (CGT) se contente d’énumérer, carte de France à l’appui, le nombre de rassemblements prévus demain, soit 284 au total. Main dans la main l’an dernier, les syndicats avaient réussi à mobiliser entre 456 000 (police) et 1,2 million (CGT) de manifestants. « On ne pourra pas faire moins », espère-t-on au siège cégétiste de Montreuil. Conscients, bien évidemment, que ce premier acte du bras de fer avec le gouvernement sera regardé de très près à l’Elysée, calculette à l’appui.

Pessimisme ambiant, grogne latente sur le pouvoir d’achat, fortes inquiétudes sur le front du chômage, sans compter la franche hostilité de l’opinion à un recul de l’âge du départ à la retraite jugé inéluctable par le gouvernement… Les syndicats comptent sur ce climat social qualifié de « pesant » pour rassembler les troupes, qui ont déjà fait une bonne démonstration de force au surlendemain du scrutin régional (380 000 et 800 000 manifestants, selon les sources).

Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a reconnu samedi que la mobilisation était "un peu moins" importante qu'en 2009 en France, lorsque tous les syndicats avaient manifesté ensemble.

Le syndicat avait revendiqué 1,2 million de manifestants en 2009. 350.000 personnes selon la CGT (195.000 selon le ministère de l'Intérieur) ont manifesté samedi en France à l'occasion d'un 1er mai placé sous le signe de la défense de l'emploi et surtout des retraites alors que la réforme est prévue avant la fin de l'année. "Les salariés, par leur participation à ce 1er Mai, disent très clairement qu'ils ne sont pas prêts à accepter des sacrifices sociaux dans ces deux rendez-vous", a dit Bernard Thibault lors de la manifestation parisienne. Un défilé qui a rassemblé 45.000 manifestants selon les syndicats (21.000 selon les autorités), entre la place de la République et l'Opéra, contre 160.000 en 2009 selon la CGT (65.000 selon la police).


En tout, 317 rassemblements étaient organisés dans toute la France où CGT, CFDT, CGT, FSU et Unsa-Solidaires ont défilé ensemble et Force Ouvrière et la CFTC, séparément. Pour François Chérèque, leader de la CFDT, "ceux qui aujourd'hui ont décidé de faire route à part ont tort parce qu'à chaque fois qu'il y a désunion syndicale, il y a affaiblissement du mouvement social". Il a par ailleurs reconnu que la mobilisation était "un peu moins" importante qu'en 2009 en France, lorsque tous les syndicats avaient manifesté ensemble, mais plus importante "que les 1er mai traditionnels".

En province

A Lille, entre 2.000 à 3.000 personnes ont défilé. Environ 3.000 personnes ont manifesté à Strasbourg derrière une banderole intersyndicale CGT, CFDT, Unsa, FSU. Force ouvrière était absent de même que la CFTC, dont l'Alsace est un bastion, qui avait choisi d manifester à Colmar, selon la police. A Toulouse, près de 5.000 personnes selon la police, plus de 6.000 selon les organisateurs, ont marché sous une pluie fine et froide dans le centre-ville. A Marseille, près de 15.000 personnes selon les syndicats, 3.500 d'après la police, ont participé au défilé. A Nice, 2.300 personnes ont défilé, selon la police et les organisateurs. La mobilisation a été faible à Lyon, où les vendeurs de muguet à la sauvette se sont mêlés aux manifestants. A Nantes, l'intersyndicale a dénombré 5.000 manifestants dans le centre-ville, contre 3.700 pour la police.

Une jeune femme de 21 ans, appartenant à la mouvance anarchiste, a été interpellée et placée en garde à vue samedi à Grenoble en marge de la manifestation du 1er mai, après des déprédations commises dans le centre-ville, selon une source policière. A la mi-journée, quatre abribus et une caméra de vidéosurveillance ont subi des dégradations, après le passage d'un groupe de quelque 70 personnes de la mouvance "anarcho-libertaire" qui participaient au défilé du 1er mai. Lors de l'interpellation, qualifiée de "mouvementée" par les policiers, un homme de 46 ans, dont l'identité n'a pas été communiquée et qui s'opposait aux forces de l'ordre, a été touché à la tête. Il a été transporté "conscient" et "légèrement blessé" à l'hôpital de la ville où il a été placé en observation, ont pour leur part indiqué les pompiers.