Panne - Black-out à l'hôpital Saint-Antoine

Soudain, le noir. Il était 1h15, dans la nuit de mercredi à jeudi, et l'un des grands hôpitaux de Paris, l'hôpital Saint-Antoine, était victime d'une coupure d'électricité. Un incident rare et contre lequel il faut se prémunir à tout prix, car les patients les plus fragiles, notamment ceux qui sont intubés et ventilés, ont un besoin vital d'électricité. Pour cette raison, les hôpitaux sont pourvus de groupes électrogènes. Or cette nuit, à Saint-Antoine, ils se sont déclenchés tardivement.

Aux urgences, la lumière s'éteint, revient, puis s'éteint de nouveau. Les équipes de l'hôpital s'affairent pour mettre hors de danger les malades les plus vulnérables. Cinq d'entre eux, placés en réanimation, doivent être évacués par précaution vers d'autres hôpitaux. Des équipes du Samu apportent des batteries et des halogènes sont mis dans certains couloirs dont les prises fonctionnent par intermittence. Des pompiers s'occupent de transporter sur des brancards des malades dans leur chambre, ne pouvant emprunter les ascenseurs pour des raisons de sécurité.

"J'ai jamais vécu un truc aussi fou"

"Seuls deux des trois groupes électrogènes de sécurité ont fonctionné, on ne sait pas pourquoi", raconte la directrice de Saint-Antoine, Chantal de Singly. Ces groupes font pourtant l'objet "d'un test tous les mois". Pour le Dr Patrick Pelloux, médecin aux urgences, "c'est un incident rarissime. Il n'y a eu aucune aggravation de patient, nous avons travaillé en collaboration étroite avec le Samu de Paris (...) Comme une partie de l'hôpital a pu recommencer à fonctionner normalement avec un groupe électrogène, nous n'avons pas eu besoin d'évacuer plus de malades" de cet hôpital qui compte près de 800 lits et 3.700 personnels. "Les pompiers de Paris sont venus en force pour nous aider à transporter et sécuriser l'ensemble des malades des urgences et d'autres services sensibles comme la maternité et la néonatalité".

Vers 2h30, la panne est identifiée par les équipes techniques de l'hôpital, renforcées par des agents d'EDF. L'hôpital est en effet alimenté par deux câbles de 20.000 volts et l'un deux a cessé de donner du courant. Selon le Dr Pelloux, "la panne pourrait provenir d'un chantier à proximité de l'hôpital qui aurait sectionné un câble d'alimentation". C'est donc la plus grande partie de l'alimentation électrique du groupe hospitalier qui a manqué d'un seul coup; or, selon EDF, "le groupe électrogène de l'hôpital n'était pas assez puissant pour prendre en totalité la charge électrique d'un câble défaillant". Electricité réseau distribution France a indiqué depuis que la panne électrique a été réparée avec la mise en place d'un câble de secours.

La situation ne devait revenir à la normale dans l'hôpital que vers 3h15. Soulagement pour le personnel soignant... et frayeur rétrospective : "En 20 ans, je n'ai jamais vu ça", souligne un médecin. "J'ai jamais vécu un truc aussi fou, c'est impensable en France", lâche une infirmière. A Electricité réseau distribution France, on se veut rassurant, promettant pour ce jeudi "une nouvelle équipe sur les lieux pour faire un diagnostic complet". Mais, malgré les soupçons sur le chantier voisin, l'origine exacte de la panne reste encore à déterminer.